Des migrants vendus aux enchères sur des marchés à Tripoli, une équipe de journalistes de CNN en a été témoin ces derniers jours. Un reportage qui a provoqué l'indignation des chancelleries et opinions dans le monde entier. Emmanuel Macron a ainsi dénoncé des «crimes contre l'humanité» et a demandé une réunion urgente du conseil de Sécurité de l'ONU à ce sujet.
Jean-Claude Tchicaya, chercheur à l'IPSE et spécialiste de l'Afrique, évoque en Libye une situation effroyable pour les migrants: «les exactions sont nombreuses, allant du viol au tabassage, au rançonnement…»
Mais une situation qui n'est pas nouvelle pour Kader Abderrahim, chercheur spécialiste de l'Afrique du Nord: «on baigne dans une grande hypocrisie, parce qu'on savait qu'il y avait des marchés aux esclaves en Libye, qu'il y avait eu déjà plusieurs ONG, des chercheurs, des journalistes, qui avaient déjà tiré la sonnette d'alarme, il y a 17 mois précisément». Pour le chercheur, les premiers responsables: «ce sont les Libyens eux-mêmes! C'est insupportable pour la conscience humaine que des humains en exploitent d'autres».
Claudy Siar, animateur radio et fondateur et porte-parole du Collectif contre l'esclavage et les camps de concentration en Libye, replace ce système esclavagiste dans son contexte historique et géopolitique: «évidemment, la destruction de la Libye de Kadhafi a amplifié les choses, mais il y avait déjà des exactions envers les populations noires du temps de Kadhafi. La problématique vient de l'histoire […] Depuis le VIIe siècle, esclavagisation des Africains d'Afrique subsaharienne vers la péninsule arabique, puis un peu plus tard avec les Européens.»
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