Trump contre l’Onu: que signifie la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël?

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Jérusalem, la capitale de qui? Cette question ne cesse depuis des années de revenir dans une actualité chartérisée par les conflits armés au Proche-Orient et les tentatives d’y apporter la paix. Pourtant, la récente décision de Donald Trump risque de rompre avec le positionnement de la communauté internationale et des décennies de politique US.

Intervenant mercredi à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé que les États-Unis reconnaissaient Jérusalem comme capitale de l'État hébreu et allaient y transférer leur ambassade actuellement à Tel Aviv. Cette décision a déclenché une virulente réaction au Proche-Orient mais aussi partout dans le monde.

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Selon de nombreux dirigeants mondiaux, hommes politiques et experts, la situation pourrait aggraver encore l'un des conflits les plus inextricables de la planète qui s'est développé au cours de plusieurs périodes distinctes:

Naissance de l'État d'Israël et début du conflit (1947-1949)

Le conflit remonte dans sa forme moderne à 1947 quand le gouvernement britannique remet le mandat qu'il détenait depuis 1920 sur la Palestine aux Nations unies. Le 29 novembre de la même année, l'Onu vote le plan de partage en deux États, l'un juif, l'autre arabe. Le magazine Slate rappelle que trente-trois pays votent «pour», treize «contre», et dix s'abstiennent. L'ensemble des pays arabes rejettent la résolution.

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Au lendemain du plan de partage de l'Onu, une guerre civile éclate entre les communautés juives et arabes de Palestine. Elle dure jusqu'au milieu de l'année 1949. Le 14 mai 1948, l'État d'Israël déclare son indépendance sur la partie du territoire de la Palestine mandataire désignée par le plan de partage de l'Onu. Pour les Palestiniens, ce jour marque la Nakba («catastrophe» en arabe).

Au lendemain de la première guerre israélo-arabe, Israël conquiert 26% de territoires supplémentaires par rapport au plan de partage, dont Jérusalem-Ouest, soit 81% de la Palestine mandataire de 1947.

Conflit entre Israël et ses voisins (1948-1973)

De 1948 à 1967, le territoire de la Palestine mandataire est désormais administré par l'État d'Israël fondé en 1948, la bande de Gaza passe sous le contrôle de la République arabe d'Égypte, et la Cisjordanie est occupée puis annexée en 1950 par la Jordanie (le Royaume hachémite de Transjordanie, indépendant depuis 1946).

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En 1967, lors de la guerre des Six Jours, Israël a saisi par les armes le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie, et le plateau du Golan, relate Midi Libre. Il a depuis annexé Jérusalem-Est, site de lieux saints vénérés par les chrétiens, les juifs et les musulmans.

Le 6 octobre 1973, le jour de Yom Kippour le plus sacré du calendrier juif, l'Égypte lance une attaque contre Israël pour prendre sa revanche. Prises au dépourvu, les forces israéliennes parviennent pourtant à reprendre le contrôle de la situation, relate le Palestine Solidarité.

L'Égypte est devenue le premier pays arabe à signer la paix et à reconnaître Israël. Les accords de Camp David sont scellés le 17 septembre 1978. Le traité de paix sera signé un an plus tard. En conséquence, Israël se retire totalement de la péninsule du Sinaï qu'il restitue à l'Égypte.

Tentatives de paix avec l'intermédiaire des États-Unis et échecs (1988-2010)

Dès 1988, les États-Unis dialoguent avec l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) pour lui faire admettre des frontières sûres et reconnues pour l'État hébreu, indique Annabac.com.

Le 13 septembre 1993, une poignée de main historique entre le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, et le chef de l'OLP, Yasser Arafat, conclut une déclaration de principe en vue d'une paix.

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Mais l'assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, le 4 novembre 1995 par un Israélien d'extrême droite, ainsi que les attentats menés par le Hamas et le Djihad islamique contre Israël dans les années 1990 mettent en péril le processus de paix.

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Lors du sommet de Taba, tenu du 21 au 27 janvier 2001, dans la péninsule du Sinaï, Bill Clinton convoque d'urgence le Premier ministre israélien Ehoud Barak et Yasser Arafat, avec l'espoir de ramener le calme à Gaza et en Cisjordanie. Après six jours de négociations, le sommet s'achève sur un échec.

Le 27 novembre 2007, la conférence d'Annapolis s'est tenue, dans le Maryland aux États-Unis, en présence du dirigeant palestinien Mahmoud Abbas, du Premier ministre israélien Ehoud Olmert et du Président des États-Unis, George W. Bush. L'objectif de cette conférence était d'aboutir à la création d'un État palestinien avant fin 2008.Mais les dirigeants des deux camps ne sont pas parvenus à trouver des compromis sur les questions clés.

Le 2 septembre 2010, une poignée de main entre Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, symbolise la reprise des négociations directes entre les deux pays, sous l'égide du Président américain Barack Obama

Le dirigeant palestinien demande alors le prolongement du moratoire sur la construction des implantations juives de Cisjordanie, interrompu depuis 10 mois. En échange, Benjamin Netanyahou demande que les Palestiniens reconnaissent Israël comme l'État du peuple juif et la garantie sécuritaire qu'un retrait de Cisjordanie ne sera pas suivi d'attaques à partir des territoires évacués. Aucune des deux parties n'accèdera à la demande adverse.

Position des États-Unis

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En 1995, le Congrès américain a adopté le Jerusalem Embassy Act appelant les États-Unis à déménager l'ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, «capitale de l'État d'Israël».

La loi est contraignante pour le gouvernement américain, rappelle l'AFP. Mais une clause permet aux Présidents de repousser son application pour six mois. Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama ont systématiquement actionné la clause tous les six mois.

Si en 2017 Donald Trump l'a fait pour la première fois à contrecœur, en 2018 il prend la décision de transférer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, la reconnaissant ainsi comme la capitale d'Israël et risquant de rompre ainsi avec le positionnement de la communauté internationale et des décennies de politique américaine.

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