«Revenants»: quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup… djihadiste

© REUTERS / Philippe WojazerUn soldat français à Paris
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Savez-vous ce que la France fait de ses ressortissants membres de l’organisation État islamique? La réponse est complexe et dépend de nombreux facteurs tels que le sexe, l’âge ou encore le pays dans lequel ils se trouvent. Décryptage.

Alors que le Royaume-Uni considère que ses citoyens membres de Daesh sont «devenus des cibles légitimes» et que «la seule façon de régler ce problème est, dans presque tous les cas, de les tuer», la France ne cible pas ses ressortissants. Officiellement, Paris ne cible même pas les combattants de Daesh de nationalité française, même si certains sont officieusement dans le collimateur des services secrets, qui collaboreraient avec l'armée irakienne pour les éliminer.

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Si Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, les qualifie volontiers d'«ennemis», il n'en laisse pas moins la gestion des prisonniers français aux Irakiens en Irak et à la Croix-Rouge internationale en Syrie. Le gouvernement d'Emmanuel Macron ne reconnaissant pas officiellement celui de Damas, «la France saisit, pour l'instant, à chaque cas identifié, la Croix-Rouge internationale», toujours selon M. Le Drian.

La France, contrairement aux Britanniques, ne s'engage pas elle-même pour tuer ses citoyens combattant pour l'organisation État islamique. Elle n'essaye pas de les sauver pour autant. Paris est tout à fait consciente que les djihadistes de Daesh sont passibles de la peine de mort en Irak et bien que la France condamne la peine capitale partout dans le monde, Emmanuel Macron a reconnu la compétence de la justice irakienne. Son ministre des Affaires étrangères l'a d'ailleurs confirmé en déclarant que «c'est aux autorités irakiennes de traiter de la situation des hommes et des femmes combattantes». Leur sentence de mise à mort sera donc rendue par Bagdad… avec le soutien tacite de la France.

Selon Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamiques, Paris oppose également une fin de non-recevoir lorsque les rebelles syriens veulent discuter de la livraison de djihadistes français. Ceux-ci pourraient pourtant révéler aux services de renseignement des informations pertinentes pour garantir la sécurité de l'ensemble des citoyens.

Concernant les femmes et les enfants, l'embarras du gouvernement face à la question et la difficulté d'apporter une réponse est visible. Le Président de la République avait d'abord déclaré que «leur sort [serait] traité au cas par cas». Le porte-parole de la ministre de la Justice, Youssef Badr, avait ensuite assuré que les femmes seraient «systématiquement judiciarisées, sauf à démontrer l'existence d'un élément de contrainte».

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Toujours selon M. Badr, le gouvernement a mis en place en mars 2017 un dispositif interministériel pour faire une «évaluation transdisciplinaire» des enfants dont le «niveau de traumatisme et de fragilité psychologique» est extrêmement élevé. Comme leurs mères, ils sont présentés à un juge pour enfant afin de recevoir «une prise en charge en assistance éducative».

Ils sont ensuite placés dans des familles d'accueil, et les membres de leur famille restés en France (grands-parents en général) doivent faire des demandes pour obtenir un droit de visite. Ces conditions à leur retour en France posent la question de la santé mentale et de la stabilité affective nécessaires à la reconstruction de ces enfants.

Mais qu'en est-il des combattants de Daesh qui n'ont pas été capturés? Certains, comme l'avance un dossier de la BBC, n'ont jamais renoncé à l'idéologie du groupe terroriste et sont discrètement rentrés en France, où ils planifient des attaques pour le «jour des comptes».

Le gouvernement, en la personne de Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur, assure que les «revenants» font soit «l'objet d'un placement en garde à vue et de poursuite judiciaire» soit «d'un suivi continu» de la part des services de renseignement, dont on ne peut qu'espérer qu'il soit à la hauteur.

Quant aux condamnés, ce n'est que reculer pour mieux sauter, puisque «D'ici 2020, 60% de ces condamnés seront libérables», selon le Centre d'analyse du terrorisme, qui s'est basé sur 126 jugements déjà prononcés.

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