«Je me sens beaucoup plus tranquille en possédant des Bitcoins qu’en possédant des euros»

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Valeur en dents de scie, annonces de législations de plusieurs États, publicités retoquées, sans oublier des piratages et même des braquages. Depuis plus d’un mois, rien ne va plus pour la plus célèbre des cryptomonnaies. Faut-il l’enterrer pour autant? Non, nous répond un informaticien, spécialiste de la Blockchain et des mathématiques appliquées.

«Le gouvernement [indien, ndlr] ne reconnaît pas la cryptomonnaie comme devise, officielle ou non […] et prendra toutes les mesures pour éliminer l'utilisation de ces cryptoactifs dans le financement d'activités illégitimes ou dans le cadre de systèmes de paiement.»

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Le bitcoin chute brutalement, la capitalisation du marché des cryptomonnaies en baisse
Les déclarations du ministre indien des Finances, jeudi 1er février, ont sonné comme une mise à mort sur les plateformes d'échanges de cryptomonnaies, où le Bitcoin a enregistré un net recul dans la nuit de jeudi à vendredi. Résultat, ce matin le Bitcoin s'échangeait aux alentours de 8.393 dollars ce matin, bien loin du sommet de 19.870,62 dollars (16.250 euros) atteint le 17 décembre dernier. Dans son sillage, la célèbre cryptomonnaie entraîne ses pairs: l'Ethereum et le Ripple dévissent, respectivement de 16,6%, et de 25,42%, d'après CoinMarketCap.

Par cette clarification, l'Inde s'ajoute à la liste des pays ayant annoncé leur intention de légiférer, à l'encontre des cryptomonnaies. Est-ce le coup de trop? D'autant plus que les États ne sont pas les seuls acteurs de cette baisse. En effet, parallèlement à ces tours de vis législatifs, Facebook annonçait mardi 31 janvier que les publicités pour le Bitcoin, les cryptomonnaies et autres ICOs (Initial Coin Offerings, une forme de financement participatif basé sur les cryptomonnaies) seraient dorénavant bannies du réseau social.

À ce contexte de prohibition s'ajoute une actualité angoissante pour les détenteurs de cryptomonnaies, avec notamment l'impressionnant «casse» de la plateforme japonaise Coincheck, qui s'est fait dérober le 26 janvier pour 533 millions de dollars de NEMs, une autre cryptomonnaie. Quelques jours plus tôt, le 22 janvier, un couple de courtiers britanniques, spécialisé dans les monnaies virtuelles, devenaient les premiers à expérimenter (du mauvais côté du révolver) le braquage Bitcoins, à domicile.

Autant d'évènements qui ont pesé sur la valorisation de la monnaie virtuelle ces dernières semaines.

«Est-ce que le Bitcoin est mort pour autant? Absolument pas! Le Bitcoin a quand même une force énorme, pour la première fois c'est une monnaie qui est portée par la technologie.»

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Le bitcoin a-t-il plus d'avantages que l’or?
Déclarait David Teruzzi, à notre micro, plus tôt cette semaine à propos de ces divers «accidents de parcours» d'une technologie qui en est encore à ses débuts. Cet expert en Blockchain, riche d'une expérience de quinze ans dans le domaine des mathématiques appliquées, ne cache pas son engouement pour le Bitcoin, qu'il considère comme une des quelques «inventions disruptives»- pour reprendre un des qualificatifs employés par BNP Paribas- que l'humanité ait connu.

Car si Bitcoin est célèbre pour être la première cryptomonnaie, elle est surtout l'émanation de sa propre technologie, la blockchain, qui permet l'envoi de fonds entre deux individus sans recourir à un intermédiaire. Une rupture technologique qui donne d'ailleurs, aux yeux de notre expert, une valeur «intrinsèque» au Bitcoin.

«De la même manière qu'Internet est arrivé à vulgariser de manière massive l'information, le Bitcoin arrive à faire la même chose avec l'argent? […] Avec le Bitcoin, nous avons de l'argent programmable, pour la toute première fois. Nous avons une monnaie planétaire, pour la toute première fois.»

Une désintermédiation qui pourrait littéralement révolutionner le monde de la Finance, selon David Teruzzi, qui évoque le magazine américain Fortune, lequel prédisait début 2014: «Le Bitcoin va faire à la finance ce que le Peer-to-peer a fait à l'industrie de la musique.»

Notre expert compare ainsi les tentatives de législation sur le Bitcoin à celles effectuées en leur temps à l'encontre du partage de fichiers (Peer-to-Peer) qui flouait les ayants droit des contenus échangés. Une technologie, le P2P, sur laquelle la blockchain repose justement, grâce à la mise en commun d'une partie de la puissance de calcul des machines des membres du réseau afin de valider les transactions. Sauf que comme le souligne l'informaticien,

«Le Bitcoin arrive, mais il ne casse aucune règle, il n'est pas contraire à la loi comme l'était le Peer-to-Peer avec le téléchargement.»

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Après la chute au-dessous de la barre psychologique, le bitcoin sera-t-il enterré?
Pour David Teruzzi, «le Bitcoin demande à ce qu'on établisse de nouvelles règles». Reste à savoir si le législateur arrivera à suivre le rythme de l'évolution technologique et celui de l'adoption du Bitcoin par la population. En attendant, certains ont vu dans les cryptomonnaies un phénomène incontournable: il n'est donc pas contradictoire de voir des États déclarer leur intention de réguler les cryptomonnaies et en même temps annoncer le lancement de leur propre monnaie virtuelle, comme la Russie, la Chine ou encore le Vénézuéla.

«C'est dans la logique d'un État qui veut garder la main sur la monnaie. Le monde de la finance risque de changer complètement si tout le monde se met au Bitcoin.»

Pour lui, pas question cependant de parler de «cryptomonnaies nationales», une cryptomonnaie étant «par définition, globale et planétaire», décentralisée, ouverte à tous ceux souhaitant y participer.

«Je pense que c'est un abus de langage de dire que la Russie veut faire sa cryptomonnaie […] les deux sont techniquement, économiquement —jusque dans leurs répercussions sociales- très différentes.»

Cependant, il met en garde contre les effets pervers d'éventuels abus législatifs: «On est en train de dessiner les paradis fiscaux de demain avec le Bitcoin»:

«Les nations qui vont être assez intelligentes pour dire "moi je reste souple sur le côté Bitcoin" vont voir des richesses arriver comme l'on vu en leur temps la Suisse, le Luxembourg, ou certains paradis fiscaux. Un État qui voudrait taper sur le Bitcoin, du point de vue de la régulation et l'interdire à mort, risque de voir les richesses partir de son territoire —y compris les start-ups.»

Si le sort du Bitcoin semble prometteur pour notre expert, reste à savoir si nous assistons actuellement à une baisse passagère ou à un retour du Bitcoin et des autres crypto monnaies à une valeur plus «équilibrée».
Quoi qu'il en soit, il demeure plus confiant dans cet actif virtuel, que certains comparent à l'or, que dans certaines monnaies, elles bien physiques, officielles et centralisées.

«Le risque existe aussi avec l'euro. Je me sens beaucoup plus tranquille en possédant des Bitcoins qu'en possédant des euros. Pour moi l'euro est quelque chose de très, très instable —qui est techniquement mort depuis 2008- et qui vit sous perfusion de la planche à billets, alors que le Bitcoin est porté par une technologie nouvelle.»

David Teruzzi n'est d'ailleurs pas le seul à croire dans les capacités du Bitcoin sur le long terme, en témoigne John McAfee, fondateur du célèbre logiciel antivirus éponyme, qui n'hésite pas à réitérer aujourd'hui un pari insolite qu'il s'était lancé il y a quelques mois.

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