Les «Social Justice Warriors», défenseurs par l’absurde de la pensée unique

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Ils sont souvent raillés pour leurs improbables «batailles numériques» en matière d’antiracisme ou de féminisme. Mais aussi pour leur rôle autoproclamé de défenseurs de la bien-pensance dans ses aspects les plus futiles. Les Social Justice Warriors ou «guerriers de la justice sociale» seraient-ils les meilleurs ennemis des causes qu’ils défendent?

Grosse fatigue… Comme une envie de quitter Twitter après avoir lu une série de tweets qui accuse une série télévisée d'être homophobe, misogyne, pratiquant l'humour oppressif?

​Accablé par une polémique numérique sur un jeu vidéo se déroulant durant l'époque médiévale qui n'intégrerait pas assez de personnages non-blancs ou pour une phrase maladroite d'une miss France?

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​Vos yeux piquent quand vous voyez une entreprise de prêt-à-porter accusée de s'adonner à l'appropriation culturelle en commercialisant une tenue d'origine indienne?

​À de nombreuses reprises, les bras vous en sont peut-être tombés, las, face à tant de polémiques inutiles. Les coupables? Les Social Justice Warriors (SJW) ou «guerriers de la justice sociale» si on traduit littéralement l'expression venue des États-Unis.

Ces combattants pour le progrès social, très présents sur le Web, invectivent tout ce qui bouge afin de promouvoir ou imposer leurs valeurs, censées être supérieures. Si l'idée d'une société plus égalitaire ou inclusive est salutaire, ils décrédibilisent pourtant les causes qu'ils prétendent défendre à force d'acharnement. Les Social Justice Warriors seraient-ils les meilleurs ennemis du progrès? On serait a priori tenté de l'affirmer lorsque l'on voit certains tweets, plutôt déroutants.

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«Petit rappel. Le chromosome X contient 1098 gènes. Le chromosome Y a seulement 78 gènes. Le chromosome X est 5 fois plus grand que le Y. C'est la science. Les femmes sont supérieures. De loin. D'où les centaines d'années de chauvinisme pour essayer de la réprimer. Bonne nuit.» Réponse d'un internaute: «les oignons ont plus d'ADN que les humains.»

​Des comportements raillés sur Internet à coup de memes appelés «social justice sally», provenant très souvent de l'Alt —right américaine, leur conférant ainsi le statut d'«idiots utiles»:

Les minorités sont fortes et indépendantes. C'est pourquoi elles ont besoin que je parle en leur nom.

On pourrait d'ailleurs rappeler la définition peu flatteuse que l'Urban dictionnary donne des SJW:

«Une personne qui utilise la lutte pour les droits civils comme une excuse pour être grossier, condescendant et parfois violent dans le but de soulager ses frustrations ou de valider son sentiment de supériorité morale injustifié. Les comportements des guerriers de la justice sociale ont généralement un impact négatif sur le mouvement des droits civiques, détournant les alliés potentiels et alimentant les groupes bornés, qui récupèrent au passage les victimes de ces guerriers de la justice sociale.»

Porte-étendard de la «bien-pensance» actuelle?

Ces justiciers, numériques à défaut d'être solitaires, posent également la question de la dictature de la pensée unique dans notre société. Il est ainsi désormais communément énoncé que le mâle blanc serait LE responsable de tous les maux. On l'a vu avec l'affaire Weinstein et l'émergence du hastag #metoo, qui a permis de libérer la parole des femmes. Or, il est étonnant de voir que le # Mosqueemetoo qui dénonce également des agressions sexuelles… à la Mecque ne soit pas autant soutenu ni repris.

Comment expliquer cette dénonciation à géométrie variable des violences faites aux femmes? En fait, dès lors que ces violences sont commises par d'autres catégories sociales que celles dites «privilégiées», les SJW ont tendance à les justifier inconsciemment, soit par une «culture» supposée, soit en dédouanant les agresseurs, éternelles victimes de la société. Les SJW auraient-ils tendance à ne dénoncer qu'un archétype d'homme?

Par ailleurs, ce militantisme 2.0 est bien souvent contre-productif. En témoigne le dévoiement par l'absurde de la question prégnante de l'appropriation culturelle. Par exemple, à l'université d'Ottawa (Canada) des étudiants ont demandé la suppression de cours de Yoga au motif que cette pratique venue d'Inde serait de l'«appropriation culturelle» de la part des Occidentaux.

​Une personne Vegan qui crie à l'appropriation culturelle lorsqu'un non Vegan déclare manger du Tofu.

​Ou encore une étudiante membre d'un groupe Facebook de l'Université d'Oxford qui se demandait si porter des lunettes sans prescription était de l'appropriation culturelle.

Finalement, le fait de défendre sans discernement les causes antiracistes et féministes semble plutôt tenir du marketing personnel et de la promotion de sa e-réputation. En effet, Internet offre une tribune assez vaste aux SJW, tweeter pour exister en somme. Or, passée l'indignation sur la polémique du jour, que reste-t-il du véritable engagement? Souvent rien de plus que ceci:

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