Succès des mémoires de JMLP : Le Pen, Audiard, Gabin… même combat ?

© Sputnik . Vladimir Fedorenko / Accéder à la base multimédiaЖан-Мари Ле Пен.
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Les mémoires de Jean-Marie Le Pen étaient déjà épuisées hier, avant même leur parution en librairie. Elles se classent même n° 1 des ventes sur Amazon. Pourquoi un tel engouement? Entretien avec Guillaume de Thieulloy, dirigeant de Muller Édition, qui a publié l'ouvrage.

Sputnik: Muller Édition, votre maison d'édition, vient de publier les mémoires de Jean-Marie Le Pen. Racontez-nous: il a été refusé partout, dit-on. Quelle est la petite histoire de ces mémoires?

Guillaume de Thieulloy: Effectivement, ça a été refusé dans plusieurs grandes maisons. Valeurs Actuelles a expliqué que chez Albin Michel, Amélie Nothomb s'était un peu roulée par terre en disant que c'était lui ou elle. Il se trouve que l'un de mes amis, qui était dans une des négociations infructueuses, m'a proposé l'édition. J'ai commencé par dire que je n'étais pas du tout en mesure de faire ça, car j'étais une trop petite maison, mais que si on me trouvait un contrat logistique avec un distributeur, je le ferais volontiers. Cet ami m'a mis en contact avec Hachette, qui a accepté d'être le distributeur du bouquin.

Sputnik: N'aviez-vous pas peur des polémiques qui risquaient de tomber sur votre maison d'édition et même sur votre personne?

Guillaume de Thieulloy: Écoutez, je suis régulièrement au milieu des polémiques, parce que j'ai été le Citizen Kane de la cathosphère, et je ne sais quoi encore. Pour être tout à fait franc, ça ne m'empêche pas de dormir et ça a au contraire plutôt tendance à fédérer le lectorat autour de moi, plutôt qu'à me mettre en difficulté. Pour l'instant, les polémiques ne m'ont jamais fait peur!

Sputnik: Vous dites donc «fédérer le lectorat». Le Monde a cité les propos d'un éditeur parisien: «les électeurs du FN ne sont pas réputés être de gros lecteurs. Il y a un décalage entre électorat et lectorat…» Évidemment, la réalité le fait mentir, puisque les mémoires sont épuisées avant même leur publication, que pensez-vous de ces propos?

Guillaume de Thieulloy: D'abord, je trouve ça extrêmement méprisant. Je sais bien que c'est l'usage dans les milieux bien-pensants à Paris de dire que les électeurs du FN sont tous des beaufs incapables de lire quoi que ce soit. Je ne suis pas sûr du tout que ce soit le cas! à mon avis, ces braves gens ont dans leurs amis proches des électeurs du Front national. Accessoirement, il y a eu quand même 11 millions de personnes qui ont voté Marine Le Pen au deuxième tour. Même s'il n'y avait que 10% de l'électorat qui achetait le bouquin, ce serait quand même le plus gros succès de l'année!

Sputnik: Vous espérez donc écouler 1 million d'exemplaires?

Guillaume de Thieulloy: (rires) non pas du tout, je disais ça en blaguant. Encore une fois, je suis un petit éditeur, c'est déjà un énorme succès d'avoir dépassé les 50.000. Je crois que nous atteindrons 100.000, probablement même un peu plus. Comme le disait le Président Mao, «la soupe se mange cuillère après cuillère»! Passons les 50.000, puis les 100.000, puis les 500.000, et on verra après.

Sputnik: De manière générale, comment expliquez-vous cet engouement? Avez-vous déjà des retours de lecteurs?

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Guillaume de Thieulloy: Pour l'instant, je n'ai que des retours de presse, en dehors des gens qui ont participé à la confection du bouquin. Pour l'instant, l'engouement me paraît très lié au succès des bouquins de Zemmour ou Villiers. Il y a plusieurs éléments à intégrer: d'abord, il y a une vraie droitisation de la société française, ça, c'est clair. Ensuite, il y a une vraie nostalgie pour la France d'avant: on est en plein cœur du sujet en lisant ces mémoires: on voit le Paris des années 50, on voit la Bretagne des années 40, et ce monde-là —qui est un monde tout à fait englouti,- est un monde pour lequel beaucoup de Français ont une nostalgie plus ou moins avérée.

En particulier, j'ai été très frappé en lisant le livre, et en parlant de ces questions-là à des amis, par le fait qu'ils mettaient Le Pen dans le même genre de pensée qu'Audiard ou Gabin: cette France des années 40, 50, 60, qui réussissait, qui travaillait, qui n'avait pas honte d'elle-même —donc qui ne passait pas son temps en repentance,- et qui assumait tranquillement ses racines, ses valeurs. Cette France-là, je pense qu'il y a une énorme nostalgie pour elle. Le fait que l'oligarchie impose depuis 40 ou 50 ans une permanente repentance pour tous les crimes de l'Humanité que la France serait supposée avoir commis, je pense que cela contribue beaucoup au succès de ce genre d'ouvrage!

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