Lafarge en Syrie: la diplomatie française avouerait être impliquée dans l’affaire

© AP Photo / Christophe EnaUn site du cimentier Lafarge à Paris
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La diplomatie française aurait pour la première fois reconnu avoir eu une rencontre avec le groupe cimentier Lafarge à l’époque où ce dernier aurait versé plus de 12 millions d’euros aux terroristes de Daech en Syrie, d’après Libération. Pourtant, il y a quelques jours, le Quai d’Orsay avait affirmé le contraire.

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Le Quai d’Orsay a-t-il poussé Lafarge à rester en Syrie et à financer les djihadistes?
L'ancien ambassadeur de France en Syrie, Éric Chevallier, a récemment avoué avoir eu une rencontre en 2012 avec des dirigeants du géant franco-suisse des matériaux de construction LafargeHolcim, qui fait l’objet d’une enquête depuis l’été 2017 pour financement du groupe terroriste Daech en Syrie, a annoncé le journal Libération.

Un «entretien a bien eu lieu, à l’été 2012», a indiqué M.Chevallier dans son courrier adressé aux juges d'instruction le 15 janvier et cité par Libération.

Le Quai d'Orsay indiquait jusqu’ici n’avoir eu aucune rencontre avec Lafarge de 2011 à 2014. M.Chevallier lui-même l’avait affirmé il y a encore six jours, lors d’une confrontation avec Christian Herrault, l’ex-directeur général adjoint de Lafarge qui figure parmi les six cadres de Lafarge mis en examen pour financement d’entreprise terroriste en Syrie. M.Herrault affirme que le Quai d'Orsay a incité le groupe à rester dans ce pays, malgré la dégradation de la situation sur place, et que plusieurs réunions avaient été organisées par des officiels français, dont Éric Chevallier.

L’ambassadeur Chevallier a expliqué sa nouvelle déclaration par des recherches complémentaires qu’il a menées en janvier, après un face à face avec M.Herrault, puisqu’il n’avait lui-même «aucun souvenir de ces rencontres» et que les archives du ministère des Affaires étrangères n’en contenaient aucune trace, d’après les médias français.

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L’ex-patron de Lafarge inculpé pour financement du terrorisme en Syrie
LafargeHolcim a reconnu à l’été 2016 les révélations publiées par Le Monde selon lesquelles sa filiale, se trouvant dans la ville syrienne de Jalabiya, avait financé des combattants de groupes armés entre 2012 et 2014 pour pouvoir travailler dans les zones contrôlées par Daech. Cependant, Lafarge a essayé de justifier ces versements de fonds effectués, selon le groupe, «dans le meilleur intérêt de l'entreprise et de ses employés». L'enquête interne menée chez Lafarge fait état de plus de 12 millions d'euros en droits de passage et pots-de-vin.

Christian Herrault est catégorique: l'ambassadeur «était au courant du racket».

Tout en reconnaissant la tenue d’au moins une rencontre avec des dirigeants de Lafarge à l’époque des faits, M.Chevallier maintient qu'il n'avait pas connaissance des activités du groupe en Syrie.

Fin février, l’ONG Sherpa, partie civile dans l’enquête sur le financement de terroristes par le groupe Lafarge, a déposé plainte contre X pour entrave à la justice, accusant le cimentier de ne pas collaborer avec les enquêteurs. Elle demande en outre l'audition de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de 2012 à 2016.

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