Russie: un député accusé de harcèlement sexuel

© Sputnik . Alexander Natruskine / Accéder à la base multimédiaПресс-конференция по итогам участия российской делегации в заседании Парламентской ассамблеи ОБСЕ
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Cinq mois après le scandale Weinstein, l'onde de choc des affaires d'agressions sexuelles atteint la Russie. Les femmes agressées sortent enfin de l’ombre, sous les rires du principal accusé, qui crie à la provocation.

Dans le sillage de #BalanceTonPorc, un scandale de harcèlement sexuel éclate en Russie, pour la première fois. Plusieurs femmes journalistes ont osé se dresser face à leur agresseur présumé, le président de la commission de la Douma pour les Affaires étrangères, le député Leonid Sloutski.

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Membre du Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR, opposition nationaliste), M.Sloutski, 50 ans, est accusé par plusieurs journalistes, couvrant les affaires parlementaires, de harcèlement sexuel. Sous couvert d'anonymat et au micro de la chaîne de télévision réputée d'opposition Dojd, le 22 février, une première femme raconte comment, en 2017, le député «a posé sa main sur mon pubis et a remonté la main». Un deuxième témoignage s'en est suivi, d'une chargée de production, qui raconte comment le parlementaire, invité pour un entretien télévisé, a essayé de «l'embrasser sur les lèvres et de lui toucher les fesses».

Moins d'une semaine plus tard, un autre témoignage s'est greffé aux leurs, cette fois-ci à visage découvert: la journaliste Ekaterina Kotrikadzé, vice-présidente de la chaîne de télévision russe RTVI, raconte depuis New York où elle dirige la rédaction, qu'il y a sept ans, Leonid Sloutski l'aurait invitée dans son bureau à la Douma, en amont d'une interview télévisée: «Dès que la porte s'est refermée, il a tenté de me toucher et de m'embrasser», raconte la journaliste, qui est immédiatement partie. Elle se dit «certaine que beaucoup d'autres journalistes sont également victimes […] mais personne n'en parle car c'est la garantie d'être l'objet d'innombrables vexations, d'accusations de mensonge et de diffamation servant des intrigues politiques».

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L'intéressé nie en bloc et se gausse de ces accusations. Sur sa page Facebook, le député a dénoncé une «vile et basse provocation» visant à le «salir». S'en est suivi un échange de commentaires avec d'autres collègues députés, proposant de «s'occuper des journalists». 

Ekaterina Kotrikadzé a reçu le soutien de sa rédaction. Le rédacteur en chef de la chaîne de télévision RTVI, Alexeï Pivovarov, a déclaré à ce propos: «Nous soutenons notre collègue, non seulement personnellement, mais aussi au niveau de la chaîne», niant par la même occasion toute volonté de nuire politiquement au député: «Honnêtement, jusqu'à aujourd'hui, je ne savais même pas à quel parti était affilié M.Sloutski. Cela n'a pas d'importance. Parce que la question n'est pas politique, mais éthique».

L'onde de choc continue de se propager, dépassant le cadre de la Douma: la journaliste Elena Kriviakina, du quotidien Komsomolskaïa Pravda, a à son tour accusé un haut fonctionnaire du ministère de l'Énergie et un «député connu», sans révéler leur nom, de lui avoir fait de manière répétée des insinuations à connotation sexuelle lors d'un voyage de presse il y a 20 ans.

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Candidate à la présidentielle russe, Ksenia Sobtchak, a demandé mercredi qu'une enquête soit menée par le comité d'éthique au sein du parlement. Mais toutes les femmes ne font pas bloc autour des agressées: la présidente de la commission de la Famille, des femmes et des enfants, Tamara Pletneva (Parti communiste de la Fédération de Russie) a même affirmé: «Nous ne sommes ni en Amérique, ni en Europe. Si une femme y est opposée, personne ne la harcèlera».

Depuis juillet 2016, sous le hashtag # яНеБоюсьСказать («je n’ai pas peur de m’exprimer»), des milliers de témoignages de femmes victimes de harcèlement sexuel sont apparus sur la Toile, alors qu’une loi qui allège les peines en cas de violences dans le cercle familial a été votée l’année dernière. Une loi, par ailleurs,  récemment critiqué par Alexandre Bastrykine président du comité d'enquête de la Fédération de Russie, institution en charge de l’ensemble de l’instruction judiciaire du pays, qui a reconnu son caractère néfaste et s’est prononcé pour sa suppression. Un mot-dièse qui est le pendant russophone des hashtags #MeToo et #BalanceTonPorcété lancés en octobre 2017 dans la foulée de l'affaire Harvey Weinstein.

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