Accord UE-Mercosur: la viande bovine, à point ou aux hormones?

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Optimistes, les négociateurs de l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, espèrent finaliser un accord d’ici la fin mars. Pourtant, de part et d’autre de l’Atlantique, ce projet suscite bien des réserves. En France, c’est la viande bovine qui cristallise les inquiétudes des professionnels et des consommateurs.

Bientôt conclu, l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, son pendant pour l'Amérique latine? À l'issue du dernier round de négociation, qui s'est conclu le 2 mars à Asunción au Paraguay, l'Allemagne s'est montrée optimiste, malgré les réserves émises par la France.

«L'Allemagne espère un accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur avant la fin du mois de mars et la France se montre plus prudente #AFP»

Une réticence qui s'explique par le fait que cet accord en cours de négociation cristallise de nombreuses tensions et fait l'objet de critiques des deux côtés de l'Atlantique. En Europe, des voix s'élèvent contre un nouvel accord de libre-échange qui viendrait fragiliser un peu plus l'économie communautaire.

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Le cas de la viande bovine était, jusqu'à présent, l'un des points les plus sensibles, car représentatif des inquiétudes des partenaires européens tant sur la quantité et la qualité des biens importés que sur l'impact économique pour les producteurs locaux.

Eric Woerth a relayé les préoccupations de la filière bovine à l'occasion du salon de l'Agriculture. Des préoccupations légitimes, puisqu'une étude d'impact de l'Université de Manchester commandée par la Commission européenne en 2009 avertissait de la «diminution de la production agricole» qu'un accord avec le Mercosur provoquerait et recommandait à l'Union européenne de développer des «programmes de soutien adéquats et de mettre en place des mesures politiques» pour permettre de maintenir le secteur.

​Car sans soutien des autorités publiques, le secteur agricole ne pourrait tout simplement pas faire face à la concurrence venue des pays latino-américains. La viande bovine étant 30% moins chère en Uruguay qu'en France, les producteurs français font pression pour imposer des limites à ce qu'ils estiment être une concurrence déloyale.

«La viande bovine du Mercosur entrerait dans l'Union européenne à un coût 30% inférieur à celui de la française, @dw_espanol»

Établie lors des dernières négociations à près de 100.000 tonnes, la limite des importations de viande bovine représenterait, selon El País, près de 1,5% de la consommation européenne. Suffisamment pour protéger la filière européenne selon la Commission, assez pour affecter l'ensemble des producteurs, selon les professionnels du secteur.

Au-delà de la quantité, c'est aussi la qualité qui préoccupe non seulement les exploitants, mais aussi les consommateurs. Certains hommes politiques, à gauche comme à droite, agitent le spectre de la viande aux hormones, critiquée pour sa piètre qualité.

​Le Président de la République a voulu mettre fin à cette polémique avant qu'elle ne prenne de l'ampleur en déclarant qu'il n'y aurait «pas d'abaissement de nos standards» et par conséquent «jamais de bœuf aux hormones en France», tout en appelant à arrêter de «jouer avec les peurs des gens».

L'opacité des négociations, dénoncées sur La Chaîne Parlementaire par le député PS Guillaume Garot, est néanmoins un frein à l'acceptation par l'opinion de l'accord UE-Mercosur.

​S'inscrivant dans la continuité des négociations sur le CETA (l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada), la Commission européenne a fait le choix de ne rendre publics ni les sujets abordés ni les avancées obtenues. Ce faisant, elle empêche les citoyens européens d'obtenir des réponses aux questions qu'ils sont en droit de se poser.

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Si la conclusion d'un accord de libre-échange inquiète au plus haut point en Europe, elle est également très critiquée en Amérique latine. Là-bas aussi, les syndicats et les industriels s'inquiètent des effets néfastes qu'un tel accord pourrait avoir sur leurs activités.

Le média uruguayen Observador relayait la préoccupation des industriels de l'élevage et de l'agriculture quant à un accord qu'ils considèrent déséquilibré. Certains syndicats sont allés plus loin, dénonçant un accord non seulement déséquilibré, mais surtout injuste, car bénéficiant aux grandes entreprises du Nord et aux élites exportatrices de biens agricoles du Mercosur.

«Les industriels du Mercosur préoccupés par la signature d'un accord déséquilibré avec l'Union européenne».

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