Corridor Iran-Pakistan: une poudrière sur la carte du monde

CC0 / Pixabay/3dman / Iran
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La frontière irano-pakistanaise rassemble tous les éléments pour une explosion géopolitique: rivalité régionale, conflits entre sunnites et chiites, conflits ethniques, espionnage, trafic de stupéfiants et traite des êtres humains. Toutefois, la Chine pourrait y faire figure de stabilisateur.

Selon le site d'information Vestifinance, la Chine accorde beaucoup d'importance à la stabilité dans la région, c'est pourquoi elle a organisé l'an dernier des réunions sur la sécurité des frontières entre l'Iran et le Pakistan.

Une grande partie des importants investissements de la Chine dans le Corridor économique sino-pakistanais (CPEC) dépend de la viabilité commerciale du port pakistanais de Gwadar près de la frontière iranienne, qui a été loué pour 40 ans. De plus, le CPEC s'inscrit dans le cadre de l'initiative «La Ceinture et la Route», plan ambitieux d'association de l'Eurasie, du Moyen-Orient et de l'Afrique avec la Chine grâce à plusieurs zones économiques terrestres et navales.

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De plus, la base navale chinoise située sur la péninsule pakistanaise de Jiwani, près de la frontière iranienne à l'embouchure du golfe Persique, est une plateforme militaire cruciale dans le «Fil de perles» chinois, appelée à dominer sur les couloirs maritimes stratégiques en mer Arabique et dans l'océan Indien.

Ces ambitions sont une menace économique et militaire directe pour l'Inde. Du point de vue économique, Gwadar est un concurrent du développement du port de Chabahar par l'Inde et l'Iran à seulement 150 milles à l'ouest.

Selon de nombreux communiqués, l'Arabie saoudite contribue à l'instabilité de la région frontalière en finançant les groupes armés sunnites antichiites comme Jayech al-Adl, qui attaquent l'Iran à partir de ports sûrs au Pakistan.

L'Iran prend des contremesures en soutenant BLF, un groupe séparatiste ethnique dont les sanctuaires et le leader Allah Nazar Baloch se trouveraient sur le territoire iranien et organiseraient régulièrement des opérations contre les objectifs du gouvernement pakistanais.

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On suppose que les membres du BLF sont en liaison avec le renseignement iranien, souvent via les barons du narcotrafic qui jouent le rôle d'intermédiaires. Les membres du BLF se mélangent parfois avec leurs collègues antichiites. Il y a quelques mois, une section du BLF a été attaquée par erreur par les gardes-frontières iraniens. L'un des combattants touchés a été transporté à l'hôpital Imam Ali de Chabahar mais n'a pas survécu. D'autres membres de la section ont été ensuite libérés par les forces iraniennes.

Du côté pakistanais de la frontière, il existe également des groupes de narcoterroristes ayant des liens avec le gouvernement d'Islamabad. Lashkar-i-Khorasan, prétendue filiale de Daech, selon certaines informations, serait impliquée dans un «nettoyage» du Baloutchistan occidental des khazars-chiites, des hindous, des chrétiens, des sikhs et de ceux qui refusaient de passer à la forme extrême de l'islam sunnite.

Le leader supposé du Lashkar-i-Khorasan est le mollah Shahmir Bizenjo, habitant de Terbat dont le cousin le sénateur Hasil Bizenjo est membre du parti national et actuellement ministre des Affaires maritimes du Pakistan. Selon le Daily Beast, l'un des narcobarons les plus célèbres, également originaire de Terbat, est l'imam Bizenjo, connu comme le financier du parti national d'imam Bheel, dont le fils Yaqub Bizenjo était membre de l'Assemblée nationale pakistanaise jusqu'en 2013.

Un précurseur encore plus malsain de l'instabilité de la frontière entre l'Iran et le Pakistan est le retour des brigades Zaynebiyun. Après la participation au conflit syrien, l'Iran a créé une unité composée de volontaires chiites pakistanais formés par le Corps des gardiens de la révolution islamique, qui ont acquis une grande expérience de combat en se battant pour le régime d'Assad contre les combattants sunnites.

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Selon des rumeurs, les membres de Zaynebiyun reviennent désormais au Pakistan pour grossir les rangs des forces d'autodéfense des khazars, communauté qui subit depuis longtemps les attaques des adversaires des groupes extrémistes contre les chiites au Pakistan.

Les efforts chinois pour réconcilier l'Iran et le Pakistan ont porté leurs fruits. Ces derniers mois a été constatée une série d'accords dans le domaine du commerce, de la défense, du développement des armements, de la lutte contre le terrorisme, des affaires bancaires, de la communication ferroviaire, de la coopération parlementaire et, ces derniers temps, de l'art et de la littérature.

L'Iran aspire à séparer le Pakistan de l'Arabie saoudite, tandis que le Pakistan tente d'équilibrer ses relations avec les deux États. La Chine est gagnante de la diminution de la tension parmi tous les acteurs régionaux qui souhaitent promouvoir leurs intérêts économiques et militaires plus larges.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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