MBS, l’héritier saoudien en tournée en Occident: séduction ou enfumage?

Le Désordre mondial avec Rachel Marsden
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Après une première étape à Washington, le jeune prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, est en tournée dans les grandes capitales européennes. Le Désordre Mondial revient sur cette intense séquence diplomatique avec Karim Emile Bitar, directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste du Moyen-Orient et de la politique étrangère des États-Unis.

Après les contrats mirifiques concédés aux Américains, Mohammed Ben Salmane en tournée de séduction auprès des Occidentaux? Donald Trump a chaleureusement accueilli le prince héritier saoudien, connu sous ses initiales, MBS. Si le Président et le Prince ont affiché leur complicité le 20 mars dans le Bureau ovale, les dossiers sensibles restent nombreux, et en premier la question du nucléaire iranien. MBS a aussi voulu donner une image plus moderne et réformiste du royaume wahhabite. Mais quelle en est la réalité?

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Lors de sa venue à Washington, MBS a accordé plusieurs interviews dans les médias américains, il était notamment l'invité de l'émission 60 Minutes sur la chaîne américaine CBS. Un «crime contre le journalisme» selon Karim Émile Bitar, directeur de recherche à l'IRIS, spécialiste du Moyen-Orient et de la politique étrangère des États-Unis, qui cite le site The Intercept, et ajoute: «cette émission a en effet passé sous silence tous les aspects les plus obscurs de la monarchie saoudienne, elle a à peine effleuré la guerre au Yémen et a présenté Mohamed ben Salmane comme lui-même aime se présenter, c'est-à-dire comme un jeune loup réformateur, voulant très rapidement moderniser la société saoudienne.»

Le géopoliticien relativise cette vision très apologétique du leader saoudien: «cela est très souvent malheureusement un écran de fumée, qui vient masquer une volonté de considérer d'abord son pouvoir personnel, de mettre au pas tous les membres de la famille royale et de l'administration qui s'étaient opposé à lui et ensuite une volonté de se rapprocher encore plus de l'administration américaine». Comment expliquer ce discours dans les médias américains? Karim Bitar estime que Ryad est soutenue par une campagne de communication en sa faveur: «Il y a bien plus qu'un conseiller en communication: il s'est appuyé sur un certain nombre de cabinets de lobbying, qui ont fait cette campagne visant à lustrer son image».

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Comment catégoriser alors le jeune héritier saoudien? Le spécialiste du Moyen-Orient considère que «MBS est peut-être un réformateur, mais réformateur n'est pas forcément synonyme de démocrate libéral et il y a encore énormément de problèmes non résolus dans la région. C'est quelqu'un d'impulsif, de pressé, qui a peut-être une vision d'avenir qui pourrait changer l'Arabie saoudite, mais entre-temps, cette région pourrait payer le prix de cette hâte, de cette volonté de tenir très vite toutes les rênes du pouvoir.»

Mohammed Ben Salmane souhaiterait ainsi revenir à un Islam plus modéré et soutient ainsi que le wahhabisme a été diffusé historiquement sous l'impulsion des Occidentaux, déclare Karim Bitar: «c'est sous l'instigation des États-Unis pendant la Guerre froide qu'il s'agissait de contrebalancer l'influence de l'URSS et de contrebalancer le nationalisme arabe laïc que les Saoudiens ont été encouragés par leurs alliés américains à exporter une forme d'islam radical qu'est le wahhabisme.»

Et le chercheur de l'IRIS de souligner un étonnant paradoxe entre l'Iran et l'Arabie Saoudite: «la société saoudienne demeure très conservatrice, très rigoriste, alors que paradoxalement la société iranienne est plus ouverte sur l'Occident, plus sécularisée. C'est l'un des paradoxes de la région. En Iran, on a des dirigeants qui tiennent des discours très antiaméricains, très anticoloniaux, anti-impérialistes, mais la population elle-même est plutôt modérée, occidentalisée, sécularisée, en Arabie saoudite, c'est un peu le contraire».

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