Algérie: le FLN appelle Bouteflika à briguer un 5e mandat, accordera-t-il cette faveur?

© AFP 2023 Ryad KramdiBouteflika
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L’annonce intervient alors que le flou entourait une nouvelle candidature du Président algérien, fortement diminué. Entre temps, la présidence multiplie les signaux pour dissiper toute spéculation sur l’absence de Bouteflika: une apparition publique, un remaniement ministériel…

Quand, en avril 2014, le Président algérien Abdelaziz Bouteflika accomplissait son devoir électoral en fauteuil roulant, beaucoup d'Algériens se demandaient s'il arriverait à terminer son mandat. Rempiler cinq ans plus tard relevait, à l'époque, de la pure science-fiction. C'est pourtant ce scénario qui serait en passe de se dessiner après l'annonce de ce week-end.

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Confortablement installé, à côté du ministre des Affaires étrangères, devant un parterre de journalistes, Djamel Ould Abbas dévoile finalement le nom du candidat adoubé par son parti à la présidentielle de 2019. Brandissant un classeur rassemblant des témoignages de reconnaissance venus des 48 wilayas (départements) algériennes, le patron du Front de libération nationale (FLN, au pouvoir) a indiqué que «700.000 militants, ainsi que des millions de sympathisants du FLN demandent… appellent instamment… son Excellence, à poursuivre la mission qu'il a initiée en 1999 […]. Le dernier mot lui revient», toutefois.

L'apparition publique que ce dernier s'apprête à faire, le 9 avril, après une très longue absence, préjuge déjà de ses intentions. Le fade remaniement ministériel, opéré il y a quelques jours et dont l'opinion publique algérienne peinait à déchiffrer le sens, semble préparer psychologiquement cette annonce. Bouteflika est aux commandes.

​Mais la supplique du FLN vient surtout dissiper, quelque peu, le flou qui entourait, jusque-là, une candidature à un 5e mandat du Président algérien, 81 ans et fortement diminué depuis 2013. Si le soutien d'Ould Abbas pour Bouteflika est un secret de Polichinelle dans cette Algérie qui patauge dans une crise qui ne dit pas son nom, c'est surtout le caractère formel de l'annonce qui est inédit. Dans une interview qu'il avait accordée, en novembre dernier, à la chaîne algérienne El Bilad, Ould Abbas avait bien déclaré qu'«à part Bouteflika, je ne voterai pour personne […]. De même que tous les militants du parti sont avec le Président Bouteflika».

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, n'était pas en reste. Alors qu'il avait habilement, mais non sans embarras, esquivé en décembre 2016 une question à ce sujet, c'est avec beaucoup d'enthousiasme qu'il se prononcera, moins d'une année plus tard en faveur d'une candidature de l'actuel Président. Même chaîne de télévision, même journaliste, même question. Le costume sans cravate avait été troqué, toutefois, contre un gilet noir.

Journaliste: Est-ce que Ahmed Ouyahia est pour un 5e mandat du Président Bouteflika?

Ahmed Ouyahia: Pour l'heure, on lui souhaite la santé, la force, pour qu'il continue de conduire le pays vers l'avant.
Journaliste: En 2019, si le Président Bouteflika se présentait aux élections, Ouyahia le soutiendrait?

Ahmed Ouyahia: Ah, d'ici là… Qui peut me garantir que je sois moi-même encore en vie à cette date-là?

Journaliste: Est-ce que Ahmed Ouyahia est pour un 5e mandat du Président Bouteflika si celui-ci se présente?

Ahmed Ouyahia: Bien-sûr! Bien-sûr! C'est que le soutien qui est le mien, mais aussi celui de la famille politique à laquelle j'appartiens, est basé sur des convictions et une stratégie. La stratégie du Président Abdelaziz Bouteflika tout au long de ces quatre mandats, ne nous a procuré que du bien, la prospérité, a bâti le pays, nous a redonné la place qu'on méritait sur la scène internationale…

Depuis, plusieurs personnalités et organisations se sont également «enrôlées» dans la liste des soutiens. Provoquant par là même, la consternation de beaucoup d'Algériens… qui n'a fait qu'un bond après l'annonce du week-end.

​Toutefois, Bouteflika semble continuer, malgré tout, de bénéficier d'une certaine popularité, notamment dans l'arrière-pays. Sa présidence a été associée à la fin de la guerre civile, même si la paix s'est faite au prix d'une amnistie contestée. L'économie algérienne, très affaiblie, a également connu sous sa présidence une relance palpable. La reprise a été principalement le fait d'une conjoncture favorable, liée à la montée du prix du baril dans ce pays qui vit des hydrocarbures. Le Président a déployé, de son côté, des efforts diplomatiques pour signer le grand retour de l'Algérie après une trop longue absence. Aujourd'hui, toutefois, et à mesure que le pays s'enfonce dans la crise économique, ces lauriers seront compliqués à faire valoir.

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Ancien parti unique, ébranlé par le multipartisme instauré au lendemain des évènements d'octobre 1988, le FLN demeure un élément clé dans l'équation politique en Algérie… À côté d'autres paramètres déterminants, comme l'armée, dont l'implication dans le jeu politique est pourtant officiellement révolue, depuis la «brèche dans le cercle», ouverte en 1992, et refermée en 1999.

C'était toutefois privé du soutien du FLN qu'Abdelaziz Bouteflika a raflé, en 2004, près de 85% des voix. L'ancien parti unique avait préféré, à l'époque, se mettre derrière son secrétaire général, l'ancien Premier ministre, Ali Benflis. À l'issue de cette élection, Benflis démissionnera de la tête du FLN. Le parti repassera alors sous la coupe de Bouteflika.

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