Il faut d'abord ici souligner une bonne nouvelle. Skripal tout comme sa fille, semblent désormais hors de danger. Mais il faut aussi souligner que les accusations concernant l'implication directe du gouvernement russe, comme celles proférées par le ministre des affaires étrangères britannique, M. Boris Johnson, se sont révélées fausses. Pourtant, ces accusations, et « l'affaire Skripal » dans son ensemble, ont entraîné la pire crise diplomatique entre la Russie et les pays de l'Union européenne et les Etats-Unis que l'on ait connue depuis des années. La question est donc posée comment des gouvernants que l'on tient pour « responsables » ont-ils pu se laisser embarquer dans cette crise sur la base de simples suppositions.
Les faits
Le Premier-ministre britannique, Mme Theresa May et son ministre des affaires étrangères, M. Boris Johnson ont immédiatement mis en cause le gouvernement de la Russie. M. Boris Johnson a d'ailleurs affirmé que le laboratoire de Porton Down, qui est le principal centre de recherches sur les armes chimiques, lui aurait confirmé la provenance « russe » de la substance ayant empoisonné Sergueï Skripal et sa fille. Suite aux accusations proférées contre la Russie, la Grande-Bretagne, imitée par certains des pays de l'Union européenne (car tous n'ont pas suivi) et par les Etats-Unis, a décidé d'expulser un certain nombre de diplomates russes. La Russie, en rétorsion, a expulsé des diplomates occidentaux. Emmanuel Macron avait imité Mme May et expulsé des diplomates russes, pour voir immédiatement des diplomates français expulsés à leur tour.
Mais, il y a de cela quelques jours, le directeur du laboratoire de Porton Down a démenti les dires de Boris Johnson et déclaré qu'en l'état il ne pouvait désigner la Russie comme étant à l'origine de la substance. Ce faisant, c'est toute la stratégie du gouvernement britannique qui s'est effondrée. Et, on se prend à se demander si les conseils de prudence prodigués par certains hommes politiques, comme Jeremy Corbyn, le chef de l'opposition de gauche à Mme May, n'étaient pas plus judicieux que l'emballement politique et médiatique auquel on a assisté.
L'hystérie politique
A dire vrai, il est possible — quoi que peu vraisemblable — que cet empoisonnement soit le fait du gouvernement russe, mais tout comme il est aussi possible que cet empoisonnement soit le fait d'une provocation monté pour détériorer les relations entre la Russie et la Grande-Bretagne, voire d'une vengeance privée d'anciens agents russes contre Skripal. La vérité est qu'à l'heure actuelle nul ne le sait, et que seules circulent des hypothèses contradictoires. Le comportement de la police britannique et des services secrets n'a pas été, et c'est le moins que l'on puisse en dire, un modèle de transparence…
La responsabilité des journalistes
Mais, ce n'est pas tout. Car, le traitement de cette affaire par les journalistes soulève aussi un problème évident. Il convient ici de se souvenir que ce n'est pas la première fois que les gouvernements britanniques et américains seraient pris la main dans le sac avec la fabrication de fausses « preuves ». On se souvient de la tristement célèbre affaire des « armes de destructions massives » que l'Irak de Saddam Hussein était censée détenir. Les « preuves » avancées aux Nations-Unis par le Secrétaire d'Etat américain, M. Colin Powell se sont révélées inventées de toutes pièces (et à l'insu de M. Colin Powell). Le rapport présenté par M. Tony Blair, alors Premier-ministre britannique, s'est lui aussi révélé être un faux. Il est donc clair que l'on ne peut complètement exclure une provocation grossière dans l'affaire Skripal.
L'ironie de cette histoire est que l'on accuse les médias russes de diffuser des « fake news », ainsi que l'a encore fait récemment M. Le Drian, le Ministre des affaires étrangères français. En réalité, les menteurs pourraient bien ne pas être ceux que l'on croit. Mais, ce qui est sur, c'est que l'affaire Skripal a été une nouvelle occasion de dénigrer la Russie et de présenter son gouvernement comme des agents du « mal ». Quand la diplomatie et le discours tombent à ce niveau de l'analyse, il convient de se demander quels intérêts ils servent et ce à quoi ils veulent aboutir…
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.