Comment les lacs de l'Arctique canadien peuvent aider à rechercher la vie extraterrestre

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Des chercheurs de l'université d'Alberta (Canada) et de l'Institut de géophysique de l'université du Texas (USA) ont découvert les premiers lacs sous-glaciaires sur l'archipel arctique canadien. Ces grands lacs salés se trouvent sous une couche de glace de plusieurs centaines de mètres d'épaisseur.

Les scientifiques pensent que si des bactéries ou des microorganismes étaient découverts dans le lac, la science pourrait significativement avancer dans la recherche de la vie dans l'espace, écrit le site de la chaîne RT. En effet, plusieurs caractéristiques de ces lacs sont similaires à celles des corps du système solaire recouverts de glace. Comment l'étude des lacs terrestres permet-elle de se familiariser avec les processus qui se déroulent sur d'autres planètes?

Une «découverte unique»

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A ce jour, on connaît plus de 400 lacs sous-glaciaires dans le monde. Dans ces lacs, l'eau se trouve à l'état liquide sous une couche de glace permanente de plusieurs centaines voire milliers de mètres d'épaisseur. La plupart sont regroupés dans l'Antarctique et au Groenland, mais des chercheurs ont découvert récemment un lac sous-glaciaire dans l'Arctique canadien.

L'aspirante de l'université d'Alberta Anja Rutishauser comptait décrire les roches-mères situées sous la calotte glaciaire de la grande île Devon de l'archipel arctique canadien en s'appuyant sur les données radar de la NASA et de l'institut de géophysique de l'université du Texas. Mais les premières informations qu'elle a obtenues ont surpris les chercheurs.

«L'information des radars indiquait que l'eau était présente sous la glace, mais au début nous ne croyions même pas qu'elle pouvait exister dans des conditions aussi extrêmes — à une température inférieure à —10°C. C'était complètement inattendu pour nous», explique Anja Rutishauser.

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La superficie des lacs sous-glaciaires est de 8 km² et de 5 km². Selon les résultats des études préliminaires, les chercheurs canadiens ont conclu que leur salinité était très élevée (4 à 5 fois plus que la mer) en raison des roches-mères salifères — car les lacs ne sont pas reliés à la mer ou à une autre source d'eau. C'est justement la concentration élevée en sel qui permet à l'eau des lacs de rester liquide même à des températures très basses. Les scientifiques supposent que de telles roches existent également sous d'autres calottes glaciaires de l'Arctique canadien.

«Les lacs de Devon sont indéniablement une découverte unique, mais je pense que nous pouvons trouver plusieurs autres lacs de ce genre dans d'autres régions», fait remarquer Anja Rutishauser.

Le berceau de la vie

Selon les chercheurs, la vie pourrait potentiellement exister dans ces lacs nouvellement découverts. Les habitants les plus probables des lacs sous-glaciaires sont différents microbes, pensent les chercheurs. L'expérience de telles découvertes existe déjà: en automne 2016, des chercheurs russes ont découvert une bactérie vivante dans le lac sous-glaciaire Vostok, dans l'Antarctique.

«Le lac Vostok, dans l'Antarctique, est très prometteur du point de vue des scientifiques. Son milieu est identique aux conditions extrêmes aux pôles de Mars ou sur les satellites de Jupiter et de Saturne (Europa et Enceladus). C'est pourquoi la question de l'éventuelle existence de la vie microbienne dans de tels milieux est très pertinente», explique Sergueï Boulat, cher du laboratoire de cryoastrobiologie à l'institut de physique nucléaire de Saint-Pétersbourg.

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Les chercheurs canadiens tracent également un parallèle entre les lacs sous-glaciaires terrestres et d'autres planètes du système solaire, dont les satellites sont recouverts de glace dans plusieurs cas. De plus, les experts soulignent que dans les lacs de l'île Devon la vie microbienne pourrait se développer au moins depuis 120.000 ans. Actuellement, les chercheurs effectuent une photographie aérogéophysique plus détaillée de la calotte glaciaire de l'île Devon pour préciser les données géologiques des lacs.

«Nous comptons également prélever des échantillons d'eau pour déterminer s'il existe des microbes dans les lacs, comment s'est déroulée leur évolution et comment ils continuent de se développer à des températures aussi basse et sans aucun contact avec l'atmosphère de la Terre», poursuit Anja Rutishauser.

L'océanologue et explorateur polaire russe Valeri Loukine a précisé que dans de telles conditions, la vie microbienne pouvait exister avec une forte probabilité mais que ce n'était pas facile à prouver.

«Si nous partons sur Mars pour ramener des échantillons qui n'ont pas été pollués par des communautés microbiennes d'origine terrestre, alors très certainement nous pourrons prouver que la vie sur Mars existe. La situation est approximativement la même ici: il faut obtenir des échantillons purs des eaux sous-glaciaires. Mais la technologie de prélèvement d'échantillons, dans les deux cas, est plus complexe que de percer simplement un trou pour récupérer l'eau avec des microbes, ce sont des approches et des processus complètement différents. C'est seulement quand nous pourrons descendre le capteur non pas dans la glace mais directement dans l'eau que nous pourrons tirer des conclusions concrètes», précise Valeri Loukine.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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