«Élu par effraction», «hyperactif», «figure de roi»: les piques de Hollande sur Macron

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À peine paru, Leçons de pouvoir, le livre de François Hollande est au cœur de l’actualité. L’ex-Président y développe sa relation avec Emmanuel Macron et lui lance quelques piques. Un florilège de mots doux qui a commencé à l’été 2017 et que Sputnik a compilé pour vous.

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Plus offensif que jamais, comme sur le plateau de France 2 le 11 avril, François Hollande est de retour! L'ancien Président est revenu sur le devant de la scène médiatique le 9 avril dernier et enchaîne depuis les plateaux pour faire la promotion de son livre, Leçons de pouvoir.

​Ces sorties médiatiques ont été l'occasion pour l'ancien chef de l'État de défendre son bilan, mais également de donner son avis sur la politique menée par son successeur depuis presque un an. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que François Hollande, bien qu'il ne remette jamais en cause les qualités d'Emmanuel Macron, ne manque pas de tacler sa politique.

​Invité de la matinale de France Inter le 12 avril, l'ancien Président rappelait que son successeur ne devait son élection qu'à «une gauche divisée et une droite qui avait maintenu un candidat discrédité». Et ce n'est que l'une de ses dernières piques à l'adresse du nouveau locataire de l'Élysée.

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C'est à l'occasion du Festival du film francophone d'Angoulême que l'ancien chef de l'État s'est fendu d'un premier commentaire à destination d'Emmanuel Macron. L'exécutif travaillait alors à la réforme du Code du travail et avait d'ores et déjà annoncé sa volonté de légiférer par ordonnances. Un choix difficilement compréhensible pour François Hollande, qui avait déclaré le 22 août 2017:

«Il ne faudrait pas demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles. Il ne faudrait pas flexibiliser le marché du travail au-delà de ce qu'on a déjà fait, au risque de créer des ruptures.»

Quelques mois plus tard, en octobre, François Hollande avait à nouveau dénoncé la politique de son successeur face aux caméras de TF1 qui suivaient l'ancien Président durant une semaine. Interrogé sur le gel des emplois aidés envisagé par Emmanuel Macron, il montrait son profond désaccord et expliquait:

«C'est une politique qui est brutale. C'est un coup porté aux associations […] à des personnes qui étaient dans la perspective d'avoir un renouvellement ou l'attribution d'un emploi aidé.»

​Et le 17 octobre, c'est la réforme de la fiscalité que l'ancien chef de l'État a critiquée, estimant qu'Emmanuel Macron faisait une erreur en décidant d'une baisse d'impôt pour les plus riches.

«Nous devons veiller à ce que ceux qui travaillent puissent avoir le bénéfice de leur effort, et pas simplement ceux qui savent placer, parfois fort opportunément, leur argent», estimait François Hollande dans L'Opinion.

Le temps aidant, les déclarations de François Hollande se sont depuis faites plus régulières. Invité à s'exprimer au micro de RTL le 14 décembre dernier, l'ancien Président avait qualifié ses relations avec Emmanuel Macron de «particulières». à cette occasion, François Hollande a botté en touche lorsque Marc-Olivier Fogiel lui a demandé si son successeur menait la France dans la bonne direction et a répondu:

«Il était de bon choix de favoriser des baisses d'impôts pour les classes moyennes plutôt que des baisses d'impôts pour les plus fortunés de notre pays.»

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François Hollande a à nouveau taclé son successeur en mars, mais cette fois dans un domaine où il l'avait jusque-là toujours soutenu et défendu, en politique extérieure. L'ancien chef d'État avait alors critiqué la politique d'Emmanuel Macron en Syrie face à la situation dans la Ghouta et en avait profité pour montrer son opposition au rapport engagé avec la Russie. Dans une allusion à peine voilée à la réception de Vladimir Poutine à Versailles par Emmanuel Macron peu de temps après son élection, François Hollande avait indiqué:

«On peut évoquer les relations historiques entre la France et la Russie, mais ce n'est pas une raison pour la laisser avancer ses pions sans réagir.»

Mais c'est bel et bien dans son livre que François Hollande hausse le ton envers son ancien conseiller et ministre. Sorti le 11 avril, Leçons de Pouvoir revient sur l'histoire de la relation entre l'ancien Président et son conseiller.

L'ancien Président explique dans son livre et dans une interview accordée à L'Obs qu'Emmanuel Macron lui «avait fait bonne impression» et décrit un homme «hyperactif» ayant «une volonté clairement affirmée et beaucoup de séduction».

​Quant à la réponse à la question «Emmanuel Macron a-t-il trahi François Hollande?», l'intéressé s'est contenté de répondre:

«Combien de fois ai-je entendu cette question… je l'ai toujours éludée. Aujourd'hui, je préfère laisser parler les faits d'eux-mêmes. Ensuite, chacun jugera.»

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Après une embellie en septembre, Macron chute dans les sondages
François Hollande rappelle que l'élection d'Emmanuel Macron est en grande partie due «à l'état des autres forces politiques», estimant que si les principaux partis de gauche et de droite n'avaient pas commis un «suicide» (l'un en maintenant Fillon comme candidat malgré le Penelope Gate et l'autre en organisant des primaires), «il n'y aurait pas eu de place pour l'aventure féérique d'Emmanuel Macron».

«Il a dit lui-même qu'il avait été élu "par effraction". C'est vrai», reconnaissait l'ancien Président de la République.

Malgré une certaine continuité entre les deux hommes, les styles diffèrent drastiquement de l'un à l'autre. Le «président normal» contre le «Président jupitérien». Et François Hollande ne manque pas de le signifier au travers d'une nouvelle pique adressée à son successeur. À l'été 2015, dans une interview au 1, le ministre de l'Économie Macron avait considéré que «la figure du roi» était absente de la politique française et que cela avait créé un vide.

Trois ans plus tard, François Hollande lui a répondu en assurant:

«Ceux qui disent que le peuple cherche un roi ne doivent jamais oublier qu'ils sont dans un pays où on lui a coupé la tête!»

Bon perdant, François Hollande reconnaît que son ancien conseiller a joué ses cartes avec brio, mais déplore la méthode de celui qui a un temps été son poulain.

«J'ai toujours admis la compétition politique. Mais je pense qu'elle doit se livrer au grand jour et s'assumer franchement. Convenons que ce ne fut pas le cas…»

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