Frappes françaises en Syrie, un succès? non, «un sketch, un gag»

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Les frappes occidentales en Syrie étaient-elles légitimes? C’est le sujet de ce Clash en compagnie de Samir Aita, économiste et homme politique syrien, opposant à Bachar el-Assad et de Jean-Pierre Duthion, ancien journaliste français, expatrié en Syrie.

Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont lancé une centaine de missiles contre la Syrie le 13 avril dernier, en représailles à une prétendue attaque chimique perpétrée sur la ville de Douma, aux portes de Damas, territoire alors tenu par les rebelles radicaux. Une riposte qui n'a toutefois pas attendu les conclusions de l'enquête internationale, ni même son déclenchement.

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Jean-Pierre Duthion, journaliste français et ancien expatrié en Syrie, insiste sur les défaillances de l'armée française au moment de ces frappes: «La France a envoyé trois frégates. Sur ces trois frégates, deux ont été incapables de mener à bien les frappes qu'elles étaient censées mener […] donc cette opération qu'on nous a présentée comme un succès exceptionnel de la puissance militaire française était un sketch, un gag». Et il souligne les zones d'ombres de ces frappes: «ces bâtiments qui contiennent des matériaux chimiques extrêmement sensibles […] ces bâtiments-là sont explosés à coups de missiles à deux millions d'euros et bonne nouvelle, ça ne produit aucun effet secondaire».

Le gouvernement syrien est-il responsable des attaques chimiques? Pour Samir Aita, économiste et homme politique syrien, opposant à Bachar el-Assad: «c'est très difficile à savoir […] on sait qu'il resterait peut-être un certain stock dans l'armée syrienne, mais il reste aussi des stocks, on a filé des stocks chez Daech, chez différents groupes combattants».
Et il ajoute plus précisément: «les gens dans les milieux d'opposition civile qui aident les blessés, les organisations médicales qui essaient de pourvoir à la sécurité des gens, sont tous un peu sceptiques sur l'utilisation d‘armes chimiques, de gaz sarin dans ce cas-là. Le fait qu'il y ait eu du chlore est certain, mais on ne sait pas qui l'a fait ni comment». Jean-Pierre Duthion ne tranche pas sur le sujet, lui qui a vécu à Damas de 2007 à 2014. Il relativise pourtant les équipements de l'armée syrienne: «moi, j'ai vu des soldats syriens au front qui n'avaient pas de gilet pare-balles».

Jean-Pierre Duthion - Sputnik Afrique
Un journaliste français vivant à Damas raconte son quotidien sous les bombes
Selon Samir Aita, Bachar el-Assad est un criminel: «même s'il n'a bombardé personne, moi je le considère criminel du fait d'avoir amené la Syrie à ce stade. Rappelons-nous de son premier discours en avril 2011 où il y avait quelques attentats, on pouvait aller dans une autre voie complètement, il pouvait faire un peu comme le Maroc, lâcher un peu de lest. Dès le départ et y compris après le Congrès qu'il y a eu en juin 2011 où on a amené le vice-président et des gens de l'État à négocier avec les opposants et sortir des choses pas mal, il a refusé, il a choisi la solution guerrière.»

Pour l'économiste et opposant syrien, la Syrie et plus globalement le contexte troublé au Moyen-Orient a été vue comme une occasion pour les Occidentaux de reprendre leur leadership: «Certaines puissances, dont la France et la Grande-Bretagne, ont vu dans les Printemps arabes une manière de reprendre une place coloniale». Et M. Aita de rappeler la relation complexe franco-syrienne: «il y a une histoire d'amour et de haine entre la France et la Syrie qui date depuis très longtemps».

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