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Les économistes ne mangent pas tous des enfants! Rendez-vous chaque semaine avec Jacques Sapir, Clément Ollivier et leurs invités pour égrener les sujets de fond qui se cachent derrière le tumulte de l’actualité.

La démondialisation est-elle nécessairement un repli? (Numéro spécial)

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Face aux problèmes liés à la globalisation, faut-il un retour au protectionnisme ou au contraire plus de mondialisation? La démondialisation est-elle à une volonté légitime de régulation ou bien un isolement rétrograde? Jacques Sapir en débat avec l’ancien diplomate Philippe Moreau-Defarges, qui sort un livre sur le sujet.

Un récent sondage publié en mars par OpinionWay pour le Printemps de l'économie fait ressortir une perception négative de la mondialisation chez une forte majorité de Français: 60% des personnes interrogées déclarent en avoir une mauvaise opinion, et 66% se prononcent pour des normes plus strictes sur les échanges commerciaux. Particulièrement pointés du doigt, les effets sur l'environnement, la santé, la pauvreté ou encore les inégalités. Pour lutter contre ces aspects néfastes, les États doivent-ils imposer des mesures de protection ou bien chercher à régler les problèmes à l'échelle internationale, autrement dit aller vers plus de mondialisation? Un retour au protectionnisme est-il possible, ou mène-t-il forcément à l'unilatéralisme autarcique et à l'abandon de l'idée de progrès?

Jacques Sapir et Clément Ollivier reçoivent Philippe Moreau-Defarges, ancien diplomate et chercheur à l'IFRI, à l'occasion de la sortie de son livre La Tentation du repli (éd. Odile Jacob, 2018), qui dresse une histoire de la mondialisation et de la démondialisation depuis le XVe siècle. Un débat grand format mettant en regard cet ouvrage avec La Démondialisation (Seuil, 2011) de Jacques Sapir.

Philippe Moreau-Defarges insiste sur le fait que la mondialisation traverse toute l'histoire de l'humanité et date d'avant la globalisation économique libre-échangiste. Selon lui, la démondialisation ne peut donc être qu'un retour en arrière: «La mondialisation est portée par des dynamiques extrêmement fortes, des forces beaucoup plus profondes que simplement l'économie. Et quand vous créez une dynamique protectionniste, vous allez vers une logique autarcique. La politique protectionniste de Donald Trump, par exemple, a des revendications d'autosuffisance. Je ne crois pas qu'un protectionnisme maîtrisé soit possible, il mène forcément à l'isolement unilatéral.»

Jacques Sapir rappelle que les mesures protectionnistes n'empêchent pas les échanges et l'ouverture. Il compare les droits de douane à des écluses plutôt qu'à des barrières, c'est-à-dire qu'ils ne bloquent pas la circulation mais la facilitent: «Le libre-échange ne correspond pas à une situation d'optimalité en économie, il y a toute une série de théories qui vont dans ce sens. Mais il est évident que ce n'est pas parce qu'on va rétablir des règles de protectionnisme qu'on va arrêter de commercer. Il est important de faire la distinction entre la notion de protectionnisme et celle d'autarcie. On peut parfaitement réutiliser des institutions et des méthodes qu'il y avait dans les années cinquante en les adaptant à l'économie actuelle.»

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