À l'Assemblée nationale, Jean-Baptiste Moreau, député La République en Marche de la Creuse est surnommé «Monsieur Agriculture». Un titre qu'il arbore avec un brin de fierté, expliquant que «ça ne vient pas de nulle part» et que ce surnom est le fruit d'un travail de longue haleine.
Dans un entretien avec Sputnik, le député a abordé plusieurs questions qui touchent sa circonscription au-delà de l'aspect agricole, comme les inégalités territoriales entre villes et campagnes ou encore la redynamisation des territoires ruraux. Interrogé sur la stratégie à mettre en œuvre pour redynamiser les campagnes françaises, Jean-Baptiste Moreau a, dès le départ, mis l'accent sur le numérique. Expliquant que «les mobilités de demain ne sont pas celles d'hier», il considère que:
«Le train, la voiture c'est important; il faut des liaisons régulières avec les grandes métropoles, mais il y a une mobilité essentielle aujourd'hui, c'est la mobilité numérique.»
Selon le député, le numérique ouvre de nombreuses possibilités pour les campagnes en les rapprochant des métropoles. Il défend donc naturellement l'idée que le déploiement d'infrastructures permettant un «accès au numérique au même titre que les métropoles» faciliterait le développement du télétravail, qu'il considère comme l'une des «voies de développement de ces territoires».
«On a besoin du numérique pour pouvoir développer le télétravail avec des gens qui pourraient très bien travailler trois ou quatre jours par semaine en Creuse, à distance avec un équipement numérique conséquent et un débit suffisant et aller un ou deux jours par semaine sur la métropole pour travailler.»
Les territoires dits «hyper-ruraux» sont, comme le rappelle Jean-Baptiste Moreau, au cœur de travaux menés par le ministère de la Cohésion des territoires. Le député explique que «des annonces [allaient] être faites dans le mois de juin» pour améliorer l'accès des campagnes au numérique. Un «enjeu important» pour attirer une nouvelle population:
«Aujourd'hui, des départements comme la Creuse qui sont un peu éloignés des grandes métropoles ont un atout à jouer à condition qu'elles aient accès au numérique […] On a une qualité de vie indéniable sur le département de la Creuse comme dans les départements ruraux pour des familles, pour de jeunes couples avec des enfants, mais pour ça il faut qu'on ait la capacité d'avoir accès au numérique.»
«Je pense que la Creuse a des cartes à jouer sur l'agriculture, sur la transition écologique, sur la transition énergétique aussi. Il y a un certain nombre d'atouts à développer. Sur le commerce en ligne, on a un certain nombre de start-ups qui se sont mises en place sur le département […] il y a un certain nombre de choses qui sont travaillées au niveau médical, de la lutte contre la désertification médicale et de l'accompagnement des enfants autistes et handicapés…»
«À titre personnel, je suis favorable [au développement de la production de cannabis à usage thérapeutique, ndlr]. Je pense que le cannabis thérapeutique est une voie de traitement pour des personnes qui sont aujourd'hui en situation d'impasse, qui ont des souffrances importantes et qui ne sont soulagées par rien si ce n'est par des médicaments encore plus nocifs en termes d'addiction ou d'effets secondaires. Si on peut le développer en Creuse avec l'activité économique qui y est liée, ce n'est que positif.»
S'il reconnaît que, «au niveau du gouvernement, la ministre de la Santé n'est pas très favorable à cette idée-là», le dossier n'en reste pas moins sujet à débat au sein de l'exécutif:
«J'ai des discussions avec le Premier ministre et avec le Président de la République. Je pense qu'il faut qu'on expérimente, qu'on essaye. C'est une piste intéressante, est-ce que c'est la piste qui va sauver la Creuse, je ne sais pas […], mais c'est une piste intéressante. Il faut explorer toutes les pistes. Ce n'est pas la seule solution qui a été envisagée, un certain nombre d'idées sont nées, celle-là parmi les autres.»
Interrogé sur les dernières déclarations de Nicolas Hulot mettant en doute sa continuité à la tête du ministère de l'Écologie, le député Moreau estime que le ministre «a tout à fait sa place au gouvernement» et déclare:
«Même si nous ne sommes pas toujours d'accord et que nous avons des débats et des discussions, c'est quelqu'un de très ouvert, qui est capable de comprendre les enjeux et notamment les enjeux économiques des filières agricoles, qui est capable d'évoluer sur son point de vue. C'est quelqu'un que, personnellement, j'apprécie et je souhaite qu'il reste au gouvernement.»