Pour les imams d’Algérie, la rente pétrolière doit ruisseler jusqu’à eux!

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Les imams d’Algérie n’entendent plus se laisser faire. Pour protester contre la dégradation de leur pouvoir d’achat, ils manifestent et en appellent au Président Bouteflika. Pourquoi tarde-t-on à satisfaire leurs revendications, alors que le pays regorge de richesses et que «nous aussi, on a droit à l’argent du pétrole»?

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Une voiture de luxe, une villa à disposition et un salaire conséquent… pourquoi les imams algériens seraient-ils donc les seuls, dans cette économie de rente pétrolière, à ne pas recevoir l'onction de l'or noir? D'autant plus que le baril monte en flèche! Et c'est tant mieux, estime l'imam de la Grande mosquée d'Alger. Cheikh Ali Aya, était l'invité de la chaîne Annahar TV pour commenter le récent coup de gueule des imams algériens. Ceux-ci, qui ont en Algérie le statut de fonctionnaire, ont boudé les minbars [l'équivalent de la chaire dans une mosquée, ndlr], le temps d'une après-midi, pour battre le pavé des rues d'Alger et réclamer de meilleures conditions de travail.

Ali Aya, lui, n'a pas pris part à la mobilisation qui a été organisée par un syndicat des imams. Il n'en estime pas moins leurs revendications «légitimes». Dès lors, il renchérit, et propose même quelques petits extras…

«Moi je propose pour tout imam un salaire minimum de 80 000 Dinars par mois (environ 580 €). C'est vraiment un minimum. L'imam doit également pouvoir bénéficier d'un logement social, et pourquoi pas une villa construite sur un terrain qu'on lui accorde. Il faut qu'on lui donne une voiture… de ces belles voitures avec des vitres teintées dans lesquelles circulent les ministres» a détaillé l'imam de la Grande mosquée d'Alger.

Sur la Toile, les internautes n'ont pas été tendres avec l'imam algérois et ses revendications «délirantes». Le Cheikh est perçu comme défendant des intérêts corporatistes, alors que les gens de sa profession ne sont pas forcément plus méritants que d'autres Algériens, travaillant dans d'autres secteurs, parfois plus pénibles, et vivant les mêmes difficultés.

​Mouvement de protestation des imams: les revendications délirantes d’Ali Aya https://t.co/snXXGEaIM5

Pour ce dignitaire algérien, toutefois, le rôle et l'autorité morale des imams se conçoivent d'autant mieux quand ceux-ci sont à l'abri du besoin. En outre, pour lui, une réponse favorable à leurs revendications matérielles irait de soi, surtout que la conjoncture s'annonce favorable: le baril de Brent ne cesse de grimper depuis plusieurs jours, pour franchir, le 18 mai, le cap des 80 USD, son plus haut niveau depuis novembre 2014. Une bouffée d'oxygène pour ce pays vivant sur les hydrocarbures. «Nous, en tant qu'imams, ne demandions rien à la France, auparavant. Aujourd'hui, après l'indépendance, nous aussi on a droit à l'argent du pétrole!»

-Je sais que le cours a monté, il a atteint quel niveau? 77 USD? 90 USD?, demande avec instance Cheikh Ali Aya.
(…)
— 80 USD, répond le présentateur de l'émission.
— Ah, vous (les autorités) n'avez donc plus aucune excuse! Le pétrole est monté à 80 USD. Alors, faites des largesses aux imams! Faites des largesses aux imams! Faites-leur des largesses! Et puis les journalistes aussi…
— Bon, nous, ça va., rétorque le présentateur, avec un sourire.
— … Et les ouvriers, aussi, tout le peuple quoi, pas que les imams!

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Du pétrole pour éteindre le grisou et acheter la paix sociale, ce n'est pas une première en Algérie, qui vit sur la rente des hydrocarbures. En janvier 2011, et alors que les voisins de l'Est, les Tunisiens, se soulevaient contre Ben Ali, le Président Bouteflika décidait la baisse des prix du sucre et de l'huile et, dans la foulée, de mener des réformes politiques.

​C'est d'ailleurs au Président lui-même que les imams algériens en appellent, désormais, après la non-satisfaction de leurs revendications par leur autorité de tutelle, le ministère des Affaires religieuses. Bouteflika s'est illustré par des interventions en Deus ex-machina, désavouant certains de ses collaborateurs, en leur damant le pion.

Mais d'autres indices prêchent également en faveur d'une disposition du Président à régler ces revendications. À en croire les analystes de la scène politique algérienne, en effet, les dernières sorties du Président témoignent d'une humeur aussi pieuse… qu'électorale.

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