Le fantôme de Kadhafi flotte au-dessus de Pyongyang

© REUTERS / KCNANorth Korean leader Kim Jong Un looks through a pair of binoculars as he guides a flight drill for the inspection of airmen of the Korean People's Army (KPA)
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La Corée du Nord ne veut pas d'un désarmement «selon le scénario libyen».

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La première rencontre de l'histoire entre les dirigeants des États-Unis et de la Corée du Nord Donald Trump et Kim Jong-un est compromise: Pyongyang n'a pas du tout apprécié la déclaration de John Bolton, conseiller de la Maison blanche pour la sécurité nationale, qui a récemment indiqué qu'il souhaiterait un désarmement nucléaire de la Corée du Nord selon le «scénario libyen», c'est-à-dire un abandon inconditionnel de l'arme nucléaire sans aucune concession de l'autre partie, écrit vendredi le quotidien Kommersant. Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères y a perçu une menace d'«imposer à notre digne république le triste sort de la Libye et de l'Irak». Il se pourrait que John Bolton cherche intentionnellement à faire échouer les pourparlers.

Le commentaire que John Bolton a fait le 29 avril sur Fox News Sunday ne contribue certainement pas au dialogue diplomatique avec la Corée du Nord. Ces derniers mois, Pyongyang a fait des concessions sans précédent pour montrer sa disposition à évoquer la baisse des tensions sur la péninsule coréenne et le désarmement nucléaire. Parmi les démarches les plus notables, on retient notamment la préparation du démantèlement du polygone nucléaire de Punggye-ri. Peut-être que Donald Trump et Kim Jong-un parviendront à se mettre d'accord sur les démarches à suivre le 12 juin à Singapour, mais il faudrait déjà que cette rencontre ait lieu. Pour l'instant, la déclaration de John Bolton est interprétée par Pyongyang comme si les USA avaient l'intention de désarmer le pays avant d'y organiser une révolte et de détruire physiquement l'État selon le «scénario libyen».

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En 2003-2004, quand le programme nucléaire libyen a été fermé, cela n'était pas considéré comme une prémisse au renversement du régime.

Le sort de la Libye avait suscité la réaction la plus négative en Corée du Nord. En 2011 déjà, quand les bombardements des forces libyennes ont commencé, l'agence de presse nord-coréenne KCNA a qualifié la décision de Mouammar Kadhafi de renoncer à l'arme nucléaire de «grave erreur».

Et la leçon libyenne a été retenue. Même s'il est difficile de comparer aujourd'hui les programmes nucléaires de la Libye et de la Corée du Nord: le premier a été fermé à un stade précoce, alors que le second a donné au pays le statut d'État nucléaire de plein droit.

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L'arme nucléaire de Pyongyang a réduit au minimum le risque d'invasion du pays, et dans ce sens la stratégie de la dynastie Kim a porté ses fruits: les pays dont la puissance économique et politique dépasse largement celle de la Corée du Nord, y compris les USA, sont obligés de tenir compte de Pyongyang et de chercher à négocier avec lui. Il n'est donc pas étonnant que son gouvernement soit indigné par la proposition faite par John Bolton d'un désarmement inconditionnel sans aucune garantie «selon le scénario libyen».

Soit John Bolton s'est exprimé de sa propre initiative, soit ses déclarations s'inscrivent dans la stratégie des États-Unis visant à faire échouer les négociations et à faire escalader le conflit. «Son véritable but pourrait consister à faire perdre patience à Pyongyang pour qu'il renonce aux négociations afin de pouvoir dire ensuite que la stratégie diplomatique n'a pas porté ses fruits et passer au règlement militaire du conflit», estime Andreï Baklitski, expert du Centre d'études politiques (PIR-Center).

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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