Vénézuéla: «la crédibilité de l’élection est atteinte au niveau international»

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Nicolas Maduro, le président vénézuélien sortant, a remporté ce dimanche les élections présidentielles, avec un score de 67%. Mais est-il encore légitime? C’est la question qu’a posée Rachel Marsden à Victor Rios, spécialiste du Vénézuéla pour l’OPALC et Victor Pineda, doctorant en anthropologie.

Trois mois après son élection à l'Élysée, Emmanuel Macron qualifiait le Vénézuéla de «dictature», marquant son opposition très ferme au mandat du Président Nicolas Maduro. Pourtant, à Caracas également, un processus électoral s'est déroulé ce dimanche 20 mai, certes avec une abstention de 54% (une partie de l'opposition avait appelé au boycott), entérinant la réélection du Président sortant, avec un score de 67%.

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Victor Pineda, doctorant vénézuélien en anthropologie, explique la stratégie qu'a adoptée une partie de l'opposition:

«Il y a un secteur important de l'opposition qui ne fait plus confiance aux institutions politiques ou aux institutions gouvernementales, qui a fait appel à s'abstenir, justement pour dénoncer l'incapacité de neutralité ou d'objectivité de la part des institutions et mobiliser l'abstention comme un outil politique pour délégitimer les élections présidentielles et les résultats qui ont eu lieu.»

Le Vénézuélien insiste également sur le sentiment de lassitude et d'énervement de la population «vis-à-vis de la classe politique en général». Très critique envers le pouvoir en place, il ajoute qu'il ne s'agit pas que de la crise économique, mais surtout de politique: «la dimension économique de la situation au Vénézuéla est très importante et fondamentale pour comprendre ce qui se passe, mais je pense que le politique l'emporte, c'est-à-dire les dynamiques politiques sont beaucoup plus importantes que les dynamiques économiques.»

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Les dirigeants G7 ont déclaré ce 23 mai rejeter à l'unisson la réélection de Nicolas Maduro. Comment l'expliquer? Pour Eduardo Rios, spécialiste du Vénézuéla à l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes (OPALC), il s'agit d'une question de fracture idéologique:

«La crédibilité de l'élection est atteinte au niveau international parce qu'il n'y a pas d'homogénéité, pas de réaction homogène dans la communauté internationale, les pays sont divisés entre ceux qui supportent et acceptent le gouvernement, et ceux qui ne le supportent pas. Cette ligne de fracture est extrêmement idéologique.»

Pourquoi cette élection ne serait-elle pas légitime? Eduardo Rios explique que le Président Maduro a fait en sorte de diviser l'opposition et de limiter les contre-pouvoirs:

«En interne, la légitimité de l'élection a été entachée bien avant que l'élection se tienne, puisque le gouvernement a réussi à dynamiter, à empêcher la participation de certains leaders de l'opposition. Il a réussi à enlever tout pouvoir qu'avait l'Assemblée nationale en posant une Assemblée nationale constituante au-dessus. Cette élection ne fait que mettre une pierre de plus dans ce qui était déjà une érosion prolongée de la part du gouvernement vénézuélien sur les institutions.»

Alors que les prix du pétrole atteignent de nouveau les sommets avec la crise iranienne, pourquoi le Vénézuéla, très dépendant de ces cours, n'en bénéficie-t-il toujours pas? Eduardo Rios explique justement que Caracas n'est pas en position de vendre son or noir:

«Le Vénézuéla vit une crise qui est fondamentalement une crise de la dette souveraine, c'est-à-dire s'il pouvait vendre son pétrole, il aurait suffisamment d'argent pour payer sa dette deux ou trois fois, parce que les stocks de pétrole dans le pays sont extrêmement importants. Cependant en termes d'argent frais, il n'a pas suffisamment d'argent frais pour payer la dette.» 

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