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Les économistes ne mangent pas tous des enfants! Rendez-vous chaque semaine avec Jacques Sapir, Clément Ollivier et leurs invités pour égrener les sujets de fond qui se cachent derrière le tumulte de l’actualité.

Le pétrole est-il une énergie du passé?

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La transition écologique est sur toutes les lèvres mais parviendra-t-on à se passer complètement de pétrole? Comment faire face à l’augmentation de sa consommation à l’échelle mondiale? D’ailleurs, combien en reste-t-il? Le spécialiste de l’énergie Francis Perrin est l’invité des Chroniques de Jacques Sapir.

Malgré les risques écologiques qu'il implique et l'avènement de nouvelles énergies plus propres, le pétrole semble ne pas vouloir mourir. Sa consommation continue de progresser dans le monde, notamment dans les pays en développement, et son prix influence encore largement la croissance et les cours de la bourse. De quelle manière peut-on alors envisager la transition énergétique? Si l'humanité, depuis ses débuts, n'a en fait jamais abandonné totalement aucune des sources d'énergie qu'elle a découvertes, y compris les plus rudimentaires, peut-on dire que le pétrole est condamné à disparaître? Jusqu'où les réserves permettront-elles d'aller?

Jacques Sapir et Clément Ollivier reçoivent Francis Perrin, spécialiste des questions énergétiques à l'OCP Policy Center et directeur de recherche à l'IRIS.

Francis Perrin distingue trois catégories de réserves pétrolières: «Il y a d'abord les réserves qu'on appelle prouvées, c'est-à-dire des volumes qui ont été découverts et que l'on peut produire avec les moyens actuels de façon rentable. L'estimation la plus classique aujourd'hui, c'est environ une cinquantaine d'années de réserves prouvés au rythme actuel de production. Mais ça ne veut pas dire que dans 50 ans, il n'y aura plus de pétrole. Au-delà des réserves prouvées, il y a aussi des réserves dites probables et des réserves possibles. Avec le progrès technique et l'évolution des prix, une partie du possible va devenir probable, puis prouvé. On va du pétrole conventionnel vers le non-conventionnel, comme le pétrole de schiste (avec les risques écologiques qui vont avec), on va du pétrole à terre vers le pétrole en mer, on va de la mer peu profonde vers la mer profonde, puis vers la mer très profonde et la mer ultra profonde, avec des gisements de plus en plus complexes. Il faut se souvenir que dans les années soixante-dix, la limite de profondeur à laquelle on savait exploiter du pétrole était de 300-400 mètres. Aujourd'hui, les compagnies pétrolières font des forages par 3.000 mètres de profondeur. Donc contrairement à ce que l'on pourrait penser, plus on avance et plus les réserves ont tendance à augmenter.»

Jacques Sapir rappelle que «même aujourd'hui et même en France, on continue d'utiliser du bois ou du charbon, or ce sont des sources d'énergies que l'humanité utilise depuis la nuit des temps. On n'a jamais totalement abandonné les anciennes sources d'énergie, on les a additionnées, et je crois que c'est un petit peu ce qui va se passer avec le pétrole. La transition énergétique, c'est donc de continuer d'augmenter la part du renouvelable, mais on n'est pas prêts de se débarrasser du pétrole. Dans des secteurs comme le transport, on voit mal ce qui peut remplacer une source d'énergie liquide. La voiture électrique va se développer, mais principalement pour les trajets urbains ou les trajets courts. Il n'y aura pas de remplacement total, d'autant que le bilan écologique de la voiture électrique est loin d'être entièrement satisfaisant, avec notamment les déchets des batteries.»

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