DLF, FN: défragmentation de la droite souverainiste en cours. Veuillez patienter.

© Sputnik . Galina Azule / Accéder à la base multimédiaThe leader of France's rightwing Front National (FN), Marine Le Pen. (File)
The leader of France's rightwing Front National (FN), Marine Le Pen. (File) - Sputnik Afrique
S'abonner
Lancement des «rencontres européennes pour un plan B», main tendue de Marine Le Pen, ralliement de l’eurodéputé FN Bernard Monot… Un an avant le scrutin, Nicolas Dupont-Aignan et ses partenaires de la plateforme «Les amoureux de la France» mettent le cap sur les Européennes, où ils défendront un «traité alternatif pour une Europe des nations.»

«Coup de pression» sur Nicolas Dupont-Aignan ou «fébrilité» du camp de Marine Le Pen? L'offre faite par la présidente du Front National (qui sera renommé ce 1er juin au soir Rassemblement National —RN-) à son homologue de Debout la France (DLF), de monter une liste commune en vue des élections européennes de 2019 n'a pas laissé la presse indifférente.

Dans une lettre, directement adressée le 31 mai à Dupont-Aignan, la finaliste malheureuse de l'élection présidentielle tend la main à son allié de l'entre-deux-tours:

«Je sais que tu partages mon enthousiasme de voir demain une majorité soucieuse des peuples et des nations se constituer au Parlement européen. Il nous appartient aujourd'hui de ne pas décevoir l'espérance des millions de compatriotes qui nous font confiance.»

Un épisode de campagne sur lequel insiste tout particulièrement la présidente du FN/RN, appelant ainsi à le réitérer. Il faut dire que le symbole avait été fort: pour la première fois, le Front national avait pu sceller une alliance, brisant l'ostracisme dont il faisait l'objet de la part de la majorité de la classe politique.

Une alliance «au-delà de nos sensibilités respectives», insiste la présidente du Front national, afin de répondre à «l'attente de millions de Français et bouleverser le paysage politique» et qui avait fait d'eux «des acteurs incontournables d'une recomposition autour du véritable clivage mondialistes/nationaux».

«Pour la première fois depuis longtemps, le camp des patriotes se retrouvait, se rassemblait et unissait ses forces dans l'intérêt supérieur de la Nation et du peuple français.»

En démonstration de leur «totale implication […] au seul service de l'intérêt supérieur de notre pays au-delà de toute ambition personnelle,» la patronne du FN invite son homologue de DLF à prendre symboliquement les deux dernières places de l'éventuelle liste qu'ils porteront devant les électeurs.

​Mais cette «main tendue»- pour reprendre les mots de Philippe Vardon, vice-président du FN PACA, n'est pas la seule actualité européenne du côté de Nicolas Dupont-Aignan. Lundi 28 mai, le Président de DLF et ses homologues du Parti chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson et du Centre national des indépendants et paysans, Bruno North (déjà partenaires autour de leur plateforme «Les Amoureux de la France») s'entretenaient avec Ryszard Legutko. Ancien ministre polonais de l'Éducation, ce dernier copréside depuis l'été 2017 le groupe Conservateurs et Réformistes Européens (CRE) au Parlement européen.

Dépeint comme l'homme de confiance à Bruxelles du gouvernement polonais, Ryszard Legutko est lui-même issu des rangs de Droit et justice (PiS), le parti de la majorité présidentielle en Pologne et qui, depuis plusieurs années, s'est illustré par ses prises de position frontales à l'encontre de la Commission européenne. Il n'est pas inutile de rappeler que, avec Budapest et Prague, Varsovie est dans le collimateur de l'organe exécutif et législatif de l'UE, qui brandit la menace des sanctions financières pour leur forcer la main, notamment en matière d'accueil des migrants.

Marine Le Pen - Sputnik Afrique
Spiderman malien: des comiques algériens dévoilent (ou pas) la réaction de Marine Le Pen
Une première réunion de travail avec Ryszard Legutko, afin d'«apprendre à mieux se connaître» comme le précise à Sputnik Damien Lempereur, porte-parole de DLF, d'autant plus importante que l'UKIP (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni de Nigel Farrage) est appelé à disparaître du Parlement avec le Brexit. Avec 71 députés issus de 18 pays (9,32% des voix lors du dernier scrutin européen en 2014), le CRE se revendique comme le troisième plus important groupe parlementaire de l'hémicycle européen.

Lors de cette rencontre avec l'eurodéputé, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Frédéric Poisson et Bruno North ont remis à l'ordre du jour le «traité alternatif pour une Europe des peuples et des projets», présenté et défendu par DLF depuis plusieurs années. Un traité où on retrouve notamment le rétablissement des contrôles aux frontières, l'arrêt de «l'élargissement sans fin» de l'UE, la dénonciation d'accords de libre-échange «déséquilibrés» ou encore la suppression de la Commission de Bruxelles, ainsi que de la Cour de Justice de l'Union européenne, estimés être des «organes supranationaux autoritaires et arbitraires.»

«Ce qui est certain, c'est qu'il faudra sortir de la logique fédéraliste et il faudra sortir de la logique antidémocratique qui préside aujourd'hui au fonctionnement de l'Union européenne,»

insiste Damien Lempereur, qui entend «démontrer que nous sommes plus européens que cette Union européenne-là, qui est en train de détruire l'idéal européen.» Car hors de question pour le parti d'accepter l'étiquette «d'eurosceptiques» que lui attribue la presse française, ainsi qu'à ses partenaires.

«Les vrais partisans de la diversité c'est nous! Parce que nous aimons que les Italiens soient italiens et que les Allemands soient allemands, et nous voulons travailler ensemble,».

assène Damien Lempereur, fustigeant les conséquences de la politique de l'UE pour les Européens.

«Nous ne sommes pas anti-européens, puisque nous voulons justement préserver les différences de culture, de langues entre les peuples et finalement créer une vraie solidarité à l'échelle européenne, un vrai nivellement par le haut, là où nos adversaires technocratiques bruxellois sont en train de niveler tout le monde par le bas et de finalement nous aligner, dans la mondialisation, sur le moins-disant économique et social au niveau mondial: c'est-à-dire sur la Chine, l'Inde et le Bengladesh. Voilà la réalité.»

Notons que si Nicolas Dupont-Aignan est fréquemment raillé dans la presse de gauche comme de droite, celui-ci opère une remontée non négligeable dans les sondages. Dans le dernier baromètre politique du BVA, avec 56% d'opinions favorables, en progression de 3 points par rapport au mois d'avril, le président de DLF se positionne en tête des personnalités politiques préférées par les sympathisants de droite, devant François Baroin (55%) et Laurent Wauquiez (52%, ex aequo avec Jean-Michel Blanquer). Parallèlement, on y observe une chute de 13 points (à 30%) de Marine Le Pen.

Au sein même du parti des sympathisants du parti frontiste, 63% souhaiteraient voir NDA jouer un rôle plus important dans la vie politique française, derrière Marion-Maréchal (Le Pen) (94%) et Marine Le Pen (87%) et devant Florian Philippot (48%), ainsi que Nicolas Sarkozy (32%).

«La dynamique est de notre côté. Tout l'enjeu est de transformer cette dynamique en victoire,»

souligne Damien Lempereur, qui espère qu'au travers de la «démarche de rassemblement» qui est la sienne, DLF pourra profiter de cet élan afin de rassembler le «plus de personnalités possible», de «différents horizons» et «pas forcément uniquement de la droite».

Marine Le Pen - Sputnik Afrique
Le Pen fustige Macron pour ses illusions sur «sa capacité à faire changer d’avis» Trump
Reste maintenant à savoir si Nicolas Dupont-Aignan répondra favorablement à l'invitation de Marine Le Pen. Si la présidente du FN rappelle son allié d'un soir aux bons souvenirs de la campagne, pas évident que celui-ci lui dise merci pour ce moment. Des sources anonymes proches de DLF pronostiquent un refus d'une alliance trop déséquilibrée, où le parti de Nicolas Dupont-Aignan serait réduit au rôle de supplétif, ce qui semble aller dans le sens de sa dernière déclaration à l'AFP:

​Quoi qu'il advienne, alliance ou pas, DLF met un pied à Bruxelles avec le ralliement, le 31 mai, de l'eurodéputé et économiste du parti frontiste, Bernard Monot. Mais est-ce là l'essentiel? L'élection européenne, qui comme le résume si bien le porte-parole de DLF, n'est que le «premier pas» d'un rassemblement visant une toute autre échéance, celle de 2022.

«Bien entendu que c'est un premier pas vers la présidentielle, qui sera une occasion unique- et peut être la dernière- de reprendre le pouvoir dans notre pays avant qu'il ne disparaisse dans une Europe uniformisée, fédéralisée et ouverte à tous les vents.»

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала