Paris «n'imagine pas que les USA rallient la négociation» sur le nucléaire iranien au G7

© AP Photo / Domenico StinellisGerman Chancellor Angela Merkel, rear left, and and U.S. President Donald Trump, rear third left, attend a round table meeting of G7 leaders and Outreach partners at the Hotel San Domenico during a G7 summit in Taormina, Italy, Saturday, May 27, 2017
German Chancellor Angela Merkel, rear left, and and U.S. President Donald Trump, rear third left, attend a round table meeting of G7 leaders and Outreach partners at the Hotel San Domenico during a G7 summit in Taormina, Italy, Saturday, May 27, 2017 - Sputnik Afrique
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Le nucléaire iranien sera très probablement un des dossiers brûlants du prochain sommet du G7 les 8 et 9 juin prochains. François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France a Téhéran, a analysé pour Sputnik la stratégie de la France dans le but de ramener les États-Unis et l'Iran à la table des négociations.

À cinq jours du sommet du G7, qui aura lieu les 8 et 9 juin prochain au Canada, l'Élysée a dores et déjà annoncé qu'il serait difficile d'aboutir à une position commune sur de nombreux sujets, parmi lesquels le nucléaire iranien. Dans un communiqué rendu public le 4 juin, l'administration présidentielle a averti que les divergences entre Européens et Américains pourraient compliquer les négociations.

Face à un Donald Trump qui a, à maintes reprises, dénoncé le «mauvais accord» avec l'Iran et qui en est sorti pour reprendre le chemin des sanctions à l'encontre de Téhéran, Emmanuel Macron s'est déclaré favorable à un nouvel accord. Pour François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran, il s'agit de renégocier trois points importants, dont le premier est la durée d'application du texte.

«La France souhaite enrichir l'accord actuel de clauses nouvelles garantissant que l'accord se prolongera plus longtemps que prévu. Il y a des clauses de fin d'engagement de l'Iran qui tombent d'année en année entre 2025 et 2035.»

En allongeant l'accord dans le temps, l'Occident s'assurerait de pouvoir contrôler les activités nucléaires de l'Iran sur une plus longue durée, ce qui est vu comme une garantie de stabilité. Mais, de l'avis de l'ancien ambassadeur à Téhéran, ce n'est pas le seul point que la France souhaiterait renforcer.

«La France voudrait également que l'accord soit enrichi peut-être d'un volet sur le balistique puisque c'est une de ses préoccupation. […] Manifestement, la France souhaiterait que l'Iran arrête ses tests balistiques et arrête le développement de missiles à portée supérieure à 300km.»

Le développement des missiles balistiques iraniens est une source d'inquiétude en Occident dans la mesure où ces derniers sont des vecteurs potentiels d'armes nucléaires. Les États-Unis voient dans le programme balistique de Téhéran une volonté d'acquérir, en dépit de l'accord, l'arme nucléaire à moyen terme.

La limite de 300 km, quant à elle, correspond à une «limitation fixée aux Irakiens en 1991 rentrée dans la législation internationale». En effet, l'ancien diplomate explique qu'en dessous de 300 km, «la portée est trop courte compte tenu des dégâts collatéraux» et le risque d'irradier son propre territoire trop grand.

Le troisième point que l'exécutif souhaiterait enrichir concerne la présence de l'Iran dans les affaires régionales au Moyen-Orient, notamment en Syrie, au Liban et au Yémen.

«Et puis il y a un troisième point, qui est important pour la France, qui ne figurait pas dans l'accord mais pour lequel elle recherche une solution, c'est l'influence exagérée, selon elle, que l'Iran exerce au Proche-Orient. […] La France souhaiterait, comme les États-Unis d'ailleurs, que les iraniens se retirent de Syrie.»

Et l'ancien diplomate ne se montrait pas d'un enthousiasme débordant quant aux résultats d'éventuelles négociations. Rappelant que les iraniens se refusaient pour l'heure à négocier tant sur leur programme balistique que sur leur présence dans leur étranger proche, il déclarait:

«Vous savez, les négociations, on sait quand ça commence, on ne sait jamais exactement à quel point elles aboutissent, ni quel point d'équilibre va être atteint. […] A quel point on peut arriver? Ça, c'est une autre affaire. Les Iraniens ont annoncé qu'ils ne voulaient pas renégocier l'accord, qu'ils ne voulaient pas négocier les questions balistiques et qu'ils n'avaient pas l'intention de négocier non plus leur présence en Syrie.»

Téhéran - Sputnik Afrique
Le monde opaque et secret des entreprises françaises en Iran
Interrogé sur les contreparties que l'Occident pourrait offrir à l'Iran en échange d'une mise sous tutelle de son programme balistique et d'une réduction de son implication au Moyen-Orient, François Nicoullaud observe:

«Les contreparties, ce serait une disparition des sanctions, surtout si les États-Unis reviennent dans l'accord. Si les États-Unis reviennent dans l'accord, on peut imaginer que l'Iran ne subisse plus les sanctions que s'apprête à lui infliger Washington. Il y a cela, il y a le renforcement de la coopération et toute une série de mesures qui permettrait à l'Iran, s'il le souhaite, de réintégrer la communauté internationale.»

Mais comment pousser Donald Trump à changer d'avis sur la question du nucléaire iranien? L'ancien diplomate évoquait les raisons qui provoqueraient, selon lui, une volte-face américaine. Et le moins que l'on puisse dire est qu'il se montre réservé:

«Si la négociation atteignait les buts fixés par la France; si on arrivait à un accord où les clauses de fin sautaient, où le balistique était encadré, où l'Iran diminuait sa présence en Syrie, il est à ce moment très possible que les États-Unis rejoignent l'accord. Mais on est vraiment dans une série d'hypothèses sur hypothèses.»

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