Accord nucléaire: l’Europe veut-elle «entraîner l’Iran dans un piège économique»?

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Pourquoi la France insiste-t-elle sur la mise en place d’un nouvel accord nucléaire avec l’Iran? La République islamique acceptera-t-elle une telle initiative? Trois experts ont donné à Sputnik leur sentiment sur ces sujets épineux et d’autres encore.

La proposition de la France concernant un nouvel accord nucléaire iranien n'est qu'une volonté de soutenir la décision de Donald Trump d'introduire de nouvelles sanctions contre Téhéran, estime le politologue américain, professeur de géopolitique à l'Université de Californie et rédacteur en chef du site Imperia News, Alexander Azadegan. Selon lui, le retrait des entreprises françaises du marché iranien l'illustre parfaitement.

«Prenons la société française Peugeot. Elle a déjà trahi l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien. D'après la déclaration officielle du groupe PSA, qui est le propriétaire de Peugeot, de Citroën et de DS, l'activité de toutes ces marques sera suspendue en Iran à partir du 6 août 2018. Apparemment, l'objectif de cette démarche est de soutenir les sanctions que le gouvernement américain impose.»

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Moscou ne rejette pas une proposition française sur un nouvel accord nucléaire avec l’Iran
Selon M.Azadegan, tous les «cercles politiques en Iran, dont les conservateurs et les réformistes», sont bien conscients que l'«idée» des États-Unis et de leurs partenaires, comme la France, «poursuit en effet un autre but».

«C'est le changement de régime dans la République islamique d'Iran, comme c'était le cas avec certains pays du Moyen-Orient. L'Iran ne l'acceptera jamais», a souligné l'expert.

Alexander Azadegan estime que l'Europe souhaite «gagner du temps» sur l'accord nucléaire iranien pour être «à tu et à toi» avec Téhéran et en même temps de ne pas avoir de désaccords avec Washington.

«De l'autre côté, elle [l'Europe, ndlr] veut entraîner l'Iran dans un piège économique [en procédant à un retrait de ses entreprises du marché iranien, ndlr]. Mais l'Iran ne permettra jamais de mettre en péril sa sécurité et son intégrité territoriale, il ne désarmera pas.»

L'expert estime que l'«initiative portant sur un nouveau format de négociations sur l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien semble stupide et ressemble à un certain coup de communication, pour que le grand public pense que le processus de pourparlers continue.»

Ainsi, selon lui, il s'agit d'une politique de «la carotte et du bâton» appliquée par les pays européens à l'encontre de Téhéran.

Comme l'a signalé à Sputnik Hossein Naghavi-Hosseini, président de la commission spéciale sur l'accord nucléaire iranien du parlement iranien, Téhéran est prêt à négocier sur l'accord existant mais seulement «dans le cadre d'une discussion sur son application, et non sur son changement ou sur la présentation de quelques nouveaux articles dans le document signé».

Selon le parlementaire, les négociations sur l'accord avec l'Iran sont possibles si la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni lui donnent des garanties.

«Si les pays sont prêts à fournir des garanties, l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien sera appliqué», a-t-il souligné.

D'après le troisième interlocuteur de Sputnik, l'ancien vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Sheikholislam, «la tentative unilatérale de la France est une œuvre de son imagination.»

«En réalité l'Iran ne dépassera jamais le format des négociations dont il avait mené avec le groupe 5+1. Il n'y aura pas d'autres pourparlers», a résumé le spécialiste.

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Le Président français a annoncé à l'issue de négociations avec Donald Trump à Washington, que Paris était prêt à travailler de concert sur un nouveau texte de l'accord. Pour Emmanuel Macron, les quatre piliers de futur accord sont les suivants: «s'assurer qu'il n'y ait pas d'activité nucléaire iranienne à long terme», soit après 2025, maintenir l'interdiction d'enrichissement de l'uranium, «mettre fin aux activités balistiques de l'Iran dans la région» et «générer les conditions d'une solution politique qui contiendrait l'Iran dans la région, au Yémen, en Syrie, en Irak et au Liban».

Le Plan global d'action conjoint (JCPOA) est un accord signé à Vienne, en Autriche, le 14 juillet 2015, par les huit parties suivantes: les pays du P5+1: les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (les États-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni) et l'Allemagne, ainsi que l'Union européenne et la République islamique d'Iran.

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