«La France est le cinquième pays d’immigration dans l’Union européenne»

Le Désordre mondial avec Rachel Marsden
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Alors que le gouvernement populiste italien a refusé ce 11 juin l’arrivée d’un bateau de six cents migrants sur son territoire, la question migratoire n’en finit pas de secouer les hautes institutions en Europe. Pour en débattre avec Rachel Marsden, Emmanuel Comte, chercheur à l’École des hautes études internationales de Vienne.

Le navire Aquarius, avec à son bord des centaines de migrants, était ce lundi 11 juin interdit d'accoster dans un port italien, une décision du nouveau gouvernement populiste transalpin qui a choqué certains en Europe. Quant à la France, elle ne s'est pour l'instant pas proposée pour accueillir ce bateau. Seule l'Espagne de Pedro Sanchez, le nouveau Premier ministre socialiste a accepté. Une décision qui pour Marine Le Pen représente un appel d'air intolérable.

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Pourtant, l'UE conserve jusqu'à maintenant une politique d'accueil plutôt favorable aux migrants. Pour Emmanuel Comte, chercheur à l'École des hautes études internationales de Vienne et auteur de L'histoire du régime européen de migrations: Une hégémonie allemande stratégique chez Routledge, c'est Berlin qui donne le ton en la matière:

«C'est l'Allemagne qui a souhaité et qui a permis le maintien d'un régime de migrations ouvert entre les pays européens. Par exemple, il est possible de migrer facilement vers le Royaume-Uni […] vous n'avez pas besoin de permis de travail, vous n'avez pas besoin de réel permis de résidence, vous disposez de droits civiques.»

Ce dernier réfute pourtant les accusations portées à l'encontre de l'Allemagne lors de la crise migratoire de 2015 et du rôle d'Angela Merkel:

«Ce n'est pas une politique imposée par l'Allemagne, l'Allemagne a des capacités d'accueil, elle les a utilisées pour une main d'œuvre et des populations extérieures à l'Europe.»

Le chercheur insiste également sur le phénomène de rejet par les Européens de la pression migratoire en Europe:

«Il est clair que la pression migratoire aux frontières de l'Europe entre en conflit avec cette hostilité généralisée des pays européens à une immigration en provenance du reste du monde. Comment gérer ce conflit? Il va de soi que l'Allemagne va jouer un rôle-clé. S'il n'y a pas de pôle d'absorption des immigrés, il va de soi que les tensions politiques ne vont faire que s'accentuer. La situation actuelle est malgré tout caractérisée par une très forte fermeture généralisée des pays européens vis-à-vis de l'immigration, mais il y a certains pôles d'absorption de cette immigration qui permettent d'atténuer les tensions les plus graves.»

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Emmanuel Comte remet en question l'idée selon laquelle les frontières françaises sont ouvertes vis-à-vis des migrants extraeuropéens:

«La France a accepté finalement très peu de demandeurs d'asile si vous comparez à d'autres pays et évidemment l'Allemagne qui a absorbé l'essentiel des flux […] La France est le cinquième pays d'immigration dans l'Union européenne, derrière l'Allemagne, derrière le Royaume-Uni, derrière l'Italie et derrière l'Espagne.»

Faisant écho aux propos polémiques de Gérard Colomb, le ministre de l'Intérieur français, sur le benchmarking des migrants, le chercheur explique l'attractivité allemande par rapport à la France:

«La grande force de l'Allemagne pour attirer les immigrés, c'est le dynamisme de son marché du travail.»

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