Ancien officier algérien: la cocaïne saisie à Oran est une affaire de narco-terrorisme

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Les 701 kg de cocaïne saisis le 29 mai à Oran faisaient partie d’une opération de narco-terrorisme et non pas de narcotrafic, a affirmé un ancien haut officier de l’Armée nationale populaire algérienne soulignant que cette quantité de drogue dure était destinée à financer l’achat d’armes pour déstabiliser l’Algérie.

Le 29 mai, 701 kg de cocaïne ont été saisis à bord d'un bateau dans le port de la ville d'Oran, supposé transporter de la viande rouge importée du Brésil pour le compte de Kamel Chikhi surnommé «Kamel le boucher». L'inculpation de ce dernier avec plusieurs magistrats et plusieurs hautes personnalités, dont le fils d'un ancien Premier ministre ou encore plusieurs maires et walis pour trafic d'influence, est loin d'avoir révélé tous les tenants et les aboutissants de cette affaire qui est sans précédent dans l'histoire de l'Algérie.

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​Mohammed Elias Rahmani, un ancien haut officier de l'Armée nationale populaire algérienne (ANP) et fondateur du parti politique Front des forces vives à Paris, a une toute autre analyse de cette affaire. Dans une vidéo publiée le 25 juin sur la chaîne YouTube de son parti, il a estimé que la cocaïne interceptée à Oran rentrait dans le cadre du narco-terrorisme et non pas dans celui du narcotrafic et de la corruption, comme veut bien le faire croire la vague de déclarations de certains officiels et le traitement médiatique qui s'en est suivi. Pour lui, le fait que c'est l'ANP, informée par les services de renseignement espagnols, qui est intervenue pour intercepter cette cargaison en place et lieu de la police nationale et des services de douanes confirme la thèse qu'il avance.

«Ils sont en train d'orienter l'opinion publique dans une fausse piste sur cette question de la cocaïne. Ils parlent de corruption autour de cette affaire mais dans le but de la noyer», a déclaré l'ancien officier. «Le fond de cette affaire est la cocaïne. Qui a payé cette cocaïne, comment l'argent est sorti du pays et qu'elle était sa destination finale?», a-t-il ajouté.

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Dénonçant la tournure que l'enquête autour de ce scandale a pris, en se focalisant sur des aspects marginaux liés à des affaires de corruption et de trafic d'influence, pour lesquelles des personnalités importantes ont été arrêtées, l'ancien militaire a affirmé que «nous l'avons dit dans une vidéo précédente [postée le 4 juin sur la même chaîne, ndlr] que ce n'est pas du narcotrafic mais c'est du narco-terrorisme. Pour moi, cette cocaïne est une valise d'argent destinée à des trafiquants d'armes pour fournir des bases logistiques pour déstabiliser l'Algérie».

Pour ce spécialiste du renseignement «si ce qu'ils disent est vrai, c'est-à-dire que la drogue est destinée à la consommation locale, il faut dans ce cas-là, et je sais parfaitement de quoi je parle, que les investigations dévoilent où se trouve le laboratoire de découpe qui se charge d'ajouter les autres adjuvants à la cocaïne brute, car comme vous le savez cette dernière ne se consomme pas à l'état brut, car elle provoque des overdoses, et où est le réseau de distribution».

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Et de renchérir en soulignant que s'il s'agissait vraiment de narcotrafic et que «cette drogue n'était pas destinée à des groupes terroristes sévissant dans le Sahel et en Libye, qui s'activent dans le trafic de drogue et le trafic d'armes, pourquoi dans ce cas-là ceux qui l'ont importée ne l'ont pas chargée dans un bateau à destination de la Libye qui est actuellement un État défaillant, et où ils seront sûrs que cette charge ne sera pas interceptée».

À voir la grande quantité de cocaïne qui a été achetée «équipée avec des balises GPS émettant un signal de repérage» et destinée à rentrer sur le territoire national via un port algérien, l'officier a affirmé que «je suis d'accord avec le président du RND [Rassemblement national démocratique le Premier ministre Ahmed Ouyahia, ndlr] qui a dit que cette affaire est une attaque contre l'Algérie». «Cette opération a été financée par des services de renseignement dans le cadre du narco-terrorisme pour finir dans le narcotrafic», a-t-il ajouté, n'écartant pas l'hypothèse que la mafia locale ait profité de cette opération pour sauvegarder ses privilèges, à l'aune de la prochaine élection présidentielle qui pourrait engendrer un changement de pouvoir.

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Pour mémoire, le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a déclaré, le 23 juin, à Alger, lors d'une conférence de presse que «lorsqu'on voit le flot de drogue qui s'abat sur nos frontières de plusieurs destinations, nous considérons que nous ne sommes pas dans l'excès de qualifier cela d'agression».

Pour sa part, le ministre algérien de la Justice Tayeb Louh a souligné le 25 juin, lors d'une conférence de presse, que l'enquête sur l'affaire de la saisie de plus de 701 kg de cocaïne au port d'Oran a révélé «l'implication de plusieurs personnes dans des faits liés à la corruption et de pots-de-vin versés en contrepartie de facilitations ». Le ministre a confirmé «la saisie de certains appareils électroniques, téléphones portables et caméras de surveillance, dans le cadre de l'enquête».

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