Opération à cœur ouvert pour l’hôpital dans un Apple store parisien

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Le 30 juin dernier, des militants d’ATTAC ont occupé un Apple Store de Paris, le transformant en service d’urgences improvisé. Le message: les caisses sont vides pour la santé en France, alors que les multinationales échappent à des taxes qui pourraient lui être bien utiles.

«Emmanuel Macron a osé répondre, à des infirmières qui demandaient des moyens, qu'il n'y avait pas d'argent magique», explique Raphaël Pradeau, l'un des porte-parole d'ATTAC.

«Nous on explique que de l'argent il y en a, et qu'il n'a rien de magique du tout: c'est les impôts que les multinationales ou les très riches ne paient pas, dont Apple», qui pourraient «financer l'urgence sociale et l'urgence écologique.»

On pourrait croire qu'ATTAC a une dent contre la marque à la pomme, mais c'est surtout le symbole de la multinationale au-dessus des lois que les activistes ont croqué ce week-end: munis de blouses blanches et de brancards, des militants de l'«Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne» ont transformé un magasin Apple Store, dans très chic quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris, en hôpital de fortune.

«C'est pas possible de demander toujours à la population de faire des efforts, alors que les très riches et les multinationales ne paient pas d'impôts»,

poursuit le porte-parole, tandis que les activistes font minent d'opérer des patients entre deux iPhone, sous l'œil étonné de la foule. Une centaine de membres d'ATTAC, accompagnée de quelques députés, ont occupé les lieux jusqu'à ce que les forces de l'ordre les délogent quelques heures plus tard.

«Quand on voit qu'on demande à l'hôpital public 4 milliards d'efforts et qu'il y a 60 milliards de fraude, d'évasion fiscale […], je suis enragé», explique le député du Nord Ugo Bernacilis.

L'élu France Insoumise était venu soutenir le happening au côté des porte-parole nationaux d'Europe Écologie Les Verts, Julien Bayou et Sandra Regol. «On est dans une situation où le système de santé est au bord de s'écrouler», fustige un médecin généraliste sur place:

«Le seul moyen que le gouvernement a trouvé, c'est de nous étrangler: éviter d'augmenter le numerus clausus pour qu'il n'y ai pas trop de soignants […] et fermer des hôpitaux.» […] «Cet état de fait engendre un grand stresse pour les soignants, avec un taux de suicide important, sous-estimé.»

Avec un déficit qui avoisine le milliard d'euros en 2017 et qui ne cesse de se creuser, des restrictions budgétaires imprévues, le personnel soignant ne voit pas d'issue et éprouve une «souffrance énorme», fustige Alain Bruneel, député communiste du Nord. «C'est quand même une sacrée contradiction dans ce gouvernement», condamne-t-il:

«On ne peut pas dire aux gens, en tant que Président de la République "on ne touchera pas aux dépenses de la santé" et entendre sa propre ministre dire "Nous allons faire une économie de 960 millions".»

Au chevet des urgences et des hôpitaux, le député a entamé depuis janvier un Tour de France des établissements hospitaliers «dans le cadre des questions à poser au gouvernement».

«L'accès aux soins pour tous n'est plus garanti. L'hôpital public ne peut pas refuser les patients. Mais les patients refusent de se soigner, parce que les rendez-vous sont de plus en plus tard. Aux urgences, ils attendent dans des conditions intolérables: il y en a qui sont bousculés, qui attendent des heures, ou qui meurent. Ce n'est pas possible.»

Le jeudi 5 juillet marquera une étape particulière dans ce tour de France peu ordinaire: tout le personnel des 90 établissements visités est invité à se rendre à l'Assemblée pour un bilan à mi-parcours «on va les inviter pour refaire un point dans chaque domaine», explique M. Brunel: «psychiatrie, besoins en personnel, salaires, urgences, Samu, télémédecine, etc.», explique le député qui, lui aussi, tire une énième fois la sonnette d'alarme:

«On continue notre tournée jusqu'en 2019, mais je pense que ça va exploser avant.»

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