L'ex-représentant spécial du département d'État américain pour la Syrie Frederick Hof note que le retrait des forces américaines, s'il était présenté comme une concession, aiderait Trump à sauver la face. Mais dans ce cas, la Russie devrait prendre plusieurs engagements, écrit Nezavissimaïa gazeta.
«Le régime syrien, l'Iran et la Russie poursuivent un grand objectif. Ils craignent que le succès de la stabilisation du nord-est de la Syrie après l'élimination de Daech puisse créer quelque chose d'unique dans la crise syrienne: une alternative viable et attractive à el-Assad et son entourage. Ils voudraient que le Président Trump fasse confiance à son instinct et rende le nord-est au régime du Président Bachar el-Assad. De son côté, Moscou pourrait étudier l'option d'assurer la sécurité d'Israël et de la Jordanie au sud-ouest pour stimuler les USA à renoncer au nord-est», note l'ancien diplomate au sujet des régions syriennes sous «protectorat» américain.
Et d'ajouter: «Trump est obsédé par l'idée de retirer les forces américaines de Syrie et de faire cesser leur participation aux affaires liées au conflit armé. En analysant ses déclarations publiques concernant le retrait de Syrie, je soupçonne qu'il a l'intention de sauver la face.»
Trump a mentionné à différentes occasions son intention de réduire au minimum la participation américaine au règlement du conflit syrien: la mission de lutter contre le «califat» autoproclamé est pratiquement remplie et, selon lui, les contribuables américains ne doivent pas porter le fardeau financier des affaires en Syrie. Le gouvernement américain songe à remplacer son contingent, qui collabore étroitement avec l'alliance militaire multinationale Forces démocratiques syriennes (FDS) au nord-est, par un autre — arabe cette fois. Cette proposition aurait été faite à l'Arabie saoudite et à l'Égypte. Il semblerait que Riyad ait même pris ce plan au sérieux. «Nous avions fait une proposition à l'administration de Barack Obama: si les USA renvoyaient leurs forces, l'Arabie saoudite serait prête à étudier avec d'autres pays l'option de déployer les siennes», a déclaré en avril le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Joubeir, en ajoutant qu'actuellement Riyad était prêt à aider la Syrie.
Toutefois, le scénario où la Russie assumerait la responsabilité de la sécurité d'Israël et de la Jordanie soulève la question de savoir combien cette responsabilité pourrait lui coûter. Les services secrets israéliens assurent que les combattants iraniens et pro-iraniens restent dans les provinces du sud en se faisant passer pour des soldats syriens ordinaires. Il ne faut pas non plus oublier le haut niveau d'intégration des combattants du Hezbollah et de la milice chiite dans différentes unités de l'armée de Bachar el-Assad. Les observateurs remettent en question la capacité de la Russie à les influencer et à garantir leur retrait total des frontières sud de la Syrie, conclut le journal.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.