Saisie de cocaïne à Oran: «un réseau d’espionnage et d’influence» découvert

© Sputnik . Rakhmatullaev HushnudTrafic de drogues et d'armes
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La cocaïne saisie à Oran l’a été dans le cadre d’une affaire de narco-terrorisme. L’enquête a révélé l’existence d’«un réseau d’espionnage et d’influence» impliquant des membres de familles de hauts responsables de l’État. C’est ce qu’a affirmé un haut gradé des services de renseignement algériens à la retraite dans un entretien donné à Sputnik.

Le 29 mai, les forces navales algériennes ont saisi 701 kg de cocaïne à bord d'un bateau à quai dans le port de la ville d'Oran supposé transporter de la viande rouge importée du Brésil pour le compte de Kamel Chikhi surnommé «Kamel le boucher». L'inculpation de ce dernier avec plusieurs magistrats et hautes personnalités, dont le fils d'un ancien Premier ministre ou encore plusieurs maires et walis, pour trafic d'influence et le limogeage du directeur général de la Sûreté nationale, le général Abdelghani Hamel sont loin d'avoir révélé tous les tenants et les aboutissants de cette affaire qui est sans précédent dans l'histoire de l'Algérie.

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Mohammed Elias Rahmani, un haut gradé des services de renseignement algériens à la retraite, qui a servi au sein de la Direction centrale de la sécurité de l'armée (DCSA), et fondateur du parti politique Front des forces vives à Paris, a indiqué dans une interview accordée à Sputnik que la drogue saisie à Oran l'a été dans le cadre d'une affaire de narco-terrorisme qui constitue une attaque à caractère paramilitaire contre l'Algérie orchestrée par des pays tiers. Selon lui, les premiers résultats de l'enquête, que mènent la sécurité militaire et la DCSA, ont révélé l'existence de réseaux d'espionnage en Algérie au profit de ces pays.

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L'officier explique l'intervention de l'armée dans l'interception de cette cargaison de cocaïne en lieu et place de la police nationale et des services des douanes par le fait que les renseignements concernant cette affaire ont été transmis aux services secrets algériens par «une entité européenne, en l'occurrence franco-espagnole», dans le cadre de la coopération dans la lutte antiterroriste. Selon lui, ce qui a attiré l'attention des services secrets espagnols et français, «c'est le mode de paiement de cette cocaïne et le fait que son emballage était équipé de balises GPS émettant un signal de repérage», et pas tant la quantité. Ces deux services européens, selon ce spécialiste du renseignement, ont identifié le mode opératoire des réseaux utilisant la drogue comme moyen de paiement pour l'achat d'armes, «largement pratiqué par les narco-terroristes en Afghanistan et par les FARC [Les Forces armées révolutionnaires de Colombie, ndlr] en Colombie».

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«Les Espagnols et les Français n'avaient aucun intérêt à arrêter le bateau eux-mêmes, car ils voulaient savoir qu'elle était la destination de la cocaïne et à quoi elle allait servir», a déclaré M.Rahmani. «La France est impliquée militairement en Afrique et en Libye (…), donc pour elle le problème est beaucoup plus grave qu'une histoire de drogue destinée à la consommation», a-t-il ajouté.

Au fur et à mesure que l'enquête avançait sur les relations et les connexions du premier concerné dans cette affaire «Kamel le boucher», indique ce spécialiste du renseignement, les agents de la DCSA «ont découvert qu'il y avait un réseau d'espionnage et d'influence, qui a même réussi à recruter des fils de hauts dignitaires et responsables de l'État, pensant qu'ils faisaient du business avec Kamel Chikhi».

Les enquêteurs étudient également une autre piste, affirme l'ancien l'officier, celle du «recrutement à caractère idéologique et religieux». «Le faisceau d'indices recueillis par les officiers des services algériens montre effectivement que certains pays sont derrière cette opération».

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À la veille de la célébration du 56e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, le chef de l'état-major de l'armée algérienne et vice-ministre de la Défense nationale, s'est rendu, le 1er juillet, à l'académie militaire de Cherchell où il a prononcé un discours portant sur l'avenir de l'Algérie au moment où elle est confrontée à de multiples défis sécuritaires, politiques et économiques, a annoncé le ministère algérien de la Défense nationale dans un communiqué. «Le dessein abject que le colonisateur n'a pu atteindre sur la terre d'Algérie, ne peut et ne pourra être atteint par quiconque, ceci est un serment ferme et immuable, hérité par les enfants de l'Algérie libre et loyaux au message de Novembre et à sa Glorieuse Révolution, génération après génération, alors il n'est nulle crainte pour l'Algérie ou pour son futur, peu importe la grandeur des défis et l'ampleur des enjeux, l'Algérie se tiendra toujours au-dessus», a-t-il déclaré aux élèves et cadres de l'académie.

Pour M.Rahmani les propos tenus par le chef de l'état-major de l'armée algérienne lors de cette cérémonie sont adressés directement aux pays impliqués dans cette affaire de cocaïne et de constitution de réseaux « d'espionnage et d'influence » en Algérie.

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