L'atome iranien fissionnerait l'Occident

© REUTERS / Lisi NiesnerHassan Rouhani et Sebastian Kurz
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Hassan Rohani a fait escale en Autriche, pays qui préside le Conseil de l'UE depuis le 1er juillet.

Alors que le fossé se creuse entre les USA et leurs alliés, le dirigeant iranien cherche à s'assurer le soutien des pays occidentaux qui s'opposent à la sortie de Washington de l'accord nucléaire avec l'Iran et à l'adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran.

Le soutien des Européens a une importance décisive pour les réformateurs iraniens, Hassan Rohani en tête, qui sont confrontés à des protestations nationales à cause de la détérioration de la situation économique et de la pression des opposants à la normalisation des relations avec l'Occident, écrit jeudi le quotidien Kommersant.

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En pleine escalade de la crise iranienne, le Président de la République islamique a commencé sa tournée européenne par une visite de deux jours en Suisse. Depuis l'annonce, le 8 mai dernier, de la sortie unilatérale des États-Unis du Plan d'action global commun sur le programme nucléaire iranien signé lors de l'été 2015 à Vienne, l'administration Trump met tout en œuvre pour faire adhérer un maximum de pays à la politique de refrènement de l'Iran.

Contraint de réagir rapidement aux nouvelles menaces émanant de Washington, le Président Rohani a tenté de montrer sa capacité à tenir le coup et a appelé les Européens à se ranger du côté de Téhéran.

Le Président suisse Alain Berset a reconnu que la sortie des USA du Plan d'action remettait en question le progrès acquis dans le règlement de la crise nucléaire iranienne. Outre les déclarations politiques sur l'attachement au Plan d'action, les pourparlers de Berne ont débouché sur la signature d'un accord de coopération dans le domaine du transport de passagers et de marchandises, ainsi que de deux protocoles d'intention.

La visite de Rohani en Autriche hier a également été une démonstration du soutien européen. Le dirigeant iranien a été accueilli à Vienne avec les honneurs militaires, conformément au statut de cette visite officielle. Et les représentants du gouvernement de l'Autriche, qui préside depuis le 1er juillet le Conseil de l'UE, ont annoncé leur intention de défendre l'accord signé à Vienne. «L'Autriche considère cet accord comme un important exploit diplomatique», a déclaré à l'issue des pourparlers le président Alexander Van der Bellen, qui a qualifié le respect des accords internationaux d'«élément-clé de la politique mondiale».

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Néanmoins, en dépit de l'attachement à l'accord nucléaire avec l'Iran affiché par la direction de l'UE, dans les faits il devient de plus en plus difficile d'éviter des problèmes à Téhéran à mesure que la pression américaine se renforce. «L'UE peut déterminer le cadre global, mais les démarches concrètes sont une prérogative de certains États et structures. On ne peut pas forcer les compagnies européennes privées à acheter du pétrole à l'Iran alors qu'elles sont sous la menace des sanctions américaines», explique l'expert du centre PIR Andreï Baklitski, qui estime que «la coopération avec l'Iran s'affaiblit dans le monde entier». «L'UE mène une guerre commerciale contre les USA et ne veut certainement pas perdre la face en reconnaissant que les Américains leur disent quoi faire. Mais les Européens ne veulent pas non plus se battre jusqu'au bout pour l'Iran», ajoute-t-il.

L'Iran et les réformateurs au pouvoir qui ont misé sur le règlement de la crise nucléaire et la normalisation des relations avec l'Occident pourraient être les grands perdants de cette situation. «Téhéran n'obtiendra aucun profit économique de la sortie du Plan d'action. Au contraire, la situation économique continuera d'empirer. Des manifestations ont déjà eu lieu dans le pays à cause de l'effondrement du cours du rial, qui a déjà perdu 50% de sa valeur cette année. Si les investissements européens étaient interrompus, le cours chuterait davantage, ce qui provoquerait de nouvelles manifestations», conclut Andreï Baklitski.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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