Emploi ou pollution? La mine d’or en Guyane divise plus que jamais

© AFP 2023 Jody AmietMontagne d'Or
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Le débat public concernant le gigantesque projet de mine d’or en Guyane s’achève le 7 juillet dans un climat délétère. Une nouvelle fois, l’économie fait irruption dans la biosphère, divisant élus, populations autochtones, touchées par le chômage et jusqu’au sommet de l’État.

La plus grande mine d'or française à ciel ouvert verra-t-elle le jour? Ses partisans et ses détracteurs s'étripent, pratiquement au sens propre: «localement sur fond de menaces de mort, d'accusations réciproques de corruption, d'informations tronquées…», d'après Le Parisien, qui consacre une enquête sur le projet Montagne d'or en Guyane.

Le débat public, lancé en mars, se terminera le 7 juillet et divise toute la région: faut-il préserver la forêt et sa fragile biodiversité ou autoriser son exploitation pour pallier au chômage et lutter contre l'orpaillage illégal?

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Dans une région durement touchée par le chômage, qui atteint 40% chez les moins de 25 ans dans la commune de Saint-Laurent-du-Maroni au sud de laquelle, dans la forêt tropicale, doit se trouver la mine, la Compagnie minière Montagne d'or (CMO) promet de créer 3.750 emplois directs et indirects et des retombées économiques sur tout le territoire.

Autochtones et militants écologistes s'opposent farouchement à ce projet, qu'ils jugent dévastateur pour l'environnement: le collectif Or de Question dénonce depuis des mois les risques sanitaires encourus, notamment par l'usage de cyanure qui risquerait de polluer les cours d'eau.

En revanche, les acteurs économiques locaux, certains élus, et même Force Ouvrière voient ce projet d'un bon œil. Le syndicat déplore «le climat délétère» dans lequel se sont déroulées les concertations, «où partisans et opposants au projet ont fait assaut de part et d'autre de démagogie idéologique, ponctuée d'attaques personnelles, d'élucubrations hors sujet et sans fondement», fait savoir Dominique Bonadei. L'organisation qu'il représente est favorable au projet, mais émet des réserves:

«Ce qui nous préoccupe, ce sont les procédures de contrôle quant à l'application des normes. Le projet indique que ce sont des experts "indépendants", certes agréés et certifiés, mais missionnés par la CMO, qui seront responsables d'effectuer les mesures. Les résultats devant être ensuite transmis à l'autorité publique, il apparaît que les ingénieurs de la DEAL représentant l'État n'effectueront en fait que des contrôles sur pièces. Aucun contrôle sur site par les pouvoirs publics ne semble avoir été prévu…»,

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explique-t-il, avant de souligner que la «politique d'austérité menée par le gouvernement» a conduit à des suppressions de postes, laissant la préfecture de Guyane dans un «un pieux silence sur le renfort des effectifs d'ingénieurs à la DEAL».
D'après un sondage IFOP pour le WWF (sur 608 personnes), 7 Guyanais sur 10 seraient opposés au projet minier, qui conduira à la «déforestation de 1.513 hectares dont 575 de forêts primaires» et à «la destruction d'une zone abritant plus de 2.000 espèces, dont 127 protégées».

Côté gouvernement, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, a estimé qu'il y avait «intérêt» à «remettre à plat» les impacts environnementaux et les bénéfices économiques du projet. Annick Girardin, ministre des outre-mer estime que «tel qu'il est construit, tel qu'il est porté, le projet n'aboutira pas».

«C'est un projet qui, sur ses fondamentaux, peut être bon pour la Guyane», soutenait en revanche Emmanuel Macron, fin 2017. Face à ces contradictions, le gouvernement, qui a fait de la biodiversité l'un de ses chevaux de bataille, devra prendre position à l'automne. 

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