Démissions de Johnson et Davis: les Britanniques «n'ont pas de stratégie» sur le Brexit

© AP Photo / Matt DunhamBritish Prime Minister Theresa May (File)
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Theresa May a dû faire face aux démissions de Boris Johnson et de David Davis, deux des membres les plus visibles de son cabinet, quelques heures après la validation d'une feuille de route sur la future relation avec l'UE. «Un Brexit doux a aussi un prix», rappelle le député européen affilié au PS belge Marc Tarabella, interrogé par Sputnik.

Les ennuis s'enchaînent pour Theresa May. Après la démission de David Davis, le ministre en charge du Brexit au sein de l'exécutif britannique, le 9 juillet dernier, son homologue aux Affaires étrangères, le tonitruant Boris Johnson, a lui aussi claqué la porte quelques heures plus tard.

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«Je me réjouis de la démission de Boris Johnson, que j'avais qualifié de "pourri gâté" et qui s'est opposé à David Cameron pour son profit personnel et non dans l'intérêt des citoyens britanniques», assénait Marc Tarabella, député européen affilié au Parti Socialiste belge.

La raison de la démission des deux membres de l'exécutif? La feuille de route entérinant un «Brexit doux» validée à la suite d'âpres négociations le 8 juillet, qui mécontente grandement les partisans d'un «Brexit dur», ligne dont David Davis et Boris Johnson sont les principaux tenants.

«Ça ouvre probablement une crise dans le gouvernement britannique. David Davis et Boris Johnson ont eu un comportement irresponsable et continuent à persister alors que les entreprises quittent massivement le pays. C'est un désastre économique. Ces gens sont des irresponsables politiques qui ne veulent pas le bien de leur pays»,

A neuf mois de la date programmée du divorce entre Londres et Bruxelles, Marc Tarabella estime que les Britanniques n'ont «pas de stratégie» et appelle à l'unité des membres de l'Union européenne pour assurer le succès des négociations en cours concernant la future relation:

«Face à l'inconstance et au degré d'impréparation du gouvernement britannique, il faut que les Européens restent unis derrière Michel Barnier. Il y a une position européenne: nous préférerions un Brexit doux, mais ça a aussi un prix: celui que payent les Norvégiens.»

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La Norvège, qui n'est pas membre de l'Union européenne, participe tout de même au budget européen et se plie aux directives et aux normes européennes en matière de commerce. Marc Tarabella considère que le Royaume-Uni, une fois le divorce consommé, devrait être logé à la même enseigne.

Le député européen s'en prend ensuite à Londres, qu'il accuse d'avoir «introduit le vers dans le fruit en 1973», intégrant le projet européen pour mieux l'empêcher de se développer. Il poursuit:

«Les Britanniques ont fait du "cherry-picking" en ne prenant que ce qu'ils voulaient prendre et ils ont affaibli l'Europe politique. On ne peut pas tolérer qu'ils refassent la même chose.»

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Le fait que l'aile droite des Tories quitte le gouvernement de Theresa May fragilise énormément la Première ministre, déjà en difficulté après les dernières élections, où le parti au pouvoir avait vu sa majorité absolue s'étioler, au point de devoir pactiser avec les conservateurs nord-irlandais pour conserver in extremis le 10, Downing Street.

Interrogé sur les conséquences de la fragilité de l'exécutif britannique sur la suite des négociations entre Londres et Bruxelles, Marc Tarabella ne verse pas dans la langue de bois, même s'il explique qu'il s'agit d'un jugement personnel sur la politique intérieure d'un autre pays:

«Je souhaite que le gouvernement britannique tombe. Il y a une vraie alternative progressiste avec Jeremy Corbyn. Dans une Europe où seule la péninsule ibérique est marquée à gauche, il serait bénéfique que [cette dernière] arrive au pouvoir au Royaume-Uni.»

Le député européen poursuit en opposant à la fragilité de l'exécutif à Londres l'unité des 27 partenaires à Bruxelles:

«Madame May veut finalement négocier. Son aile dure la quitte et Michel Barnier sait mieux que quiconque l'importance d'un marché commun. Sur ce dossier, l'Union européenne est unie avec une équipe solide.»

Une unité qui, à son avis, permettrait aux partenaires européens de protéger leurs citoyens:

«Il y a 1,5 millions de Britanniques en Europe et il faut protéger leurs droits. 3 millions d'Européens vivent au Royaume-Uni et ont participé aux succès de ce pays. […] Ce que je souhaite d'abord, c'est que l'on protège les droits des gens, pas des institutions», conclut le député européen.

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