La saisie de cocaïne aura-t-elle des incidences sur l’élection présidentielle en Algérie?

© AP Photo / Arnulfo Francoun lot de cocaïne
un lot de cocaïne - Sputnik Afrique
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Le séisme de la saisie de cocaïne à Oran qui a atteint tous les services de sécurité algériens, l’armée et d’autres institutions, suscitant des changements profonds, serait en passe de peser lourdement sur la prochaine élection présidentielle d’avril 2019. Pour certains analystes, cette affaire pourrait être un frein au 5e mandat de Bouteflika.

L'affaire de la saisie le 29 mai dernier de 701 kg de cocaïne à bord d'un bateau dans le port de la ville d'Oran, censé transporter de la viande rouge importée du Brésil pour le compte de Kamel Chikhi, surnommé «Kamel le boucher», continue de défrayer la chronique en Algérie. Et pour cause, les importants changements qui ont touché tous les services de sécurité du pays, de l'armée, des douanes, de l'administration, de la justice et finalement du conseil constitutionnel ont fait couler beaucoup d'encre sur les tenants et les aboutissants de cette affaire. Certains analystes y voient un signe de corruption et d'introduction de l'argent sale de la criminalité dans les rouages de l'État algérien. D'autres pensent que les répliques du séisme provoqué dans le pays par la saisie de cette cocaïne se feront sentir même lors des prochaines élections présidentielles d'avril 2019.

«L'élément le plus important c'est que toute cette histoire de cocaïne… a réveillé des ambitions au sein d'un groupe de l'armée elle-même. Grâce à ça, ils ont réussi à commencer le détricotage, le démaillage du clan Bouteflika», affirme à Sputnik Mohammed Elias Rahmani, un ancien haut gradé des services de renseignement militaire algériens, ayant servi au sein de la Direction centrale de la sûreté de l'armée (DCSA). «Il n'y aura pas de 5e mandat car le chapitre Bouteflika est clos», a-t-il ajouté.

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Face à ces tergiversations politiques, lors de la cérémonie de sortie de nouvelles promotions à l'Académie militaire de Cherchell, les 30 juin et 1er juillet 2018, le chef d'état-major de l'armée algérienne Ahmed Gaïd Salah avait par ailleurs déclaré qu'«il est indubitable que la haute estime dont jouit l'ANP fait que ses valeureux éléments se retrouvent à l'avant-garde des forces vives à qui échoit la responsabilité de protéger l'Algérie et de la défendre». «Comme ils demeureront attachés à la préservation de son caractère républicain, au plein accomplissement de leurs missions constitutionnelles», a-t-il ajouté, cité par la revue El Djeich dans son numéro de juillet 2018.

Selon Mohammed Elias Rahmani, évoquant les récents limogeages de responsables qui ont touché les services de sécurité du pays en plus de l'armée et des douanes tous mêlés, selon lui, à cette affaire de cocaïne, arrivant jusqu'au remplacement de cinq membres du Conseil constitutionnel, un plan bien ficelé pour l'élection présidentielle de 2019 a bel et bien été mis en marche.

«On est en train de mettre en avant le seul courant islamiste qui est légal au pays, c'est le MSP [Mouvement pour une société de Paix, ndlr] et ça c'est un précurseur un petit peu d'un scénario à l'égyptienne», a déclaré l'ancien gradé de l'armée algérienne.

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Dans son édition du 25 juillet, le site d'information Algeriepariotique a rapporté, citant des sources médiatiques bien informées, «que le président du MSP, Abderrazak Mokri, aurait passé un "deal" avec le chef d'état-major de l'ANP [l'Armée nationale populaire algérienne, ndlr], Ahmed Gaïd-Salah, selon lequel ce dernier lui assurerait un nombre important de sièges dans le gouvernement qui sera issu de la présidentielle de 2019». «En contrepartie de quoi le parti islamiste accepterait de s'engager pleinement dans le processus électoral, où Mokri lui-même pourrait jouer le rôle de "lièvre" pour le président sortant», ont souligné les mêmes sources, en ajoutant que «Mokri aurait, ainsi, tenté de séduire le chef d'état-major en lui proposant "une feuille de route" où l'institution militaire devrait superviser les élections présidentielles de 2019».

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Le chef d'état-major de l'armée algérienne Ahmed Gaïd Salah avait déclaré, le 26 juin, lors de sa visite à la 2e région militaire à Oran, évoquant les efforts que les forces navales déploient dans la protection des eaux territoriales du pays, que «la grande quantité de cocaïne interceptée récemment est la meilleure preuve de l'efficience de ces efforts». «Nous avons veillé au sein de l'Armée nationale populaire, ces dernières années, à accorder une importance absolue à la sécurisation de l'ensemble de nos frontières nationales», avait-il ajouté, selon un communiqué du ministère de la Défense.

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