Pendant son séjour en Suède, le chef de l'État français a effrayé les habitants du pays en prétendant que le rêve de Vladimir Poutine serait de «démanteler l'UE».
D'après Natalia Narotchnitskaïa, «Macron est un pro-européen typique, une créature de l'élite internationale pro-européenne. Dans le même temps, il cherche à se créer l'image d'un homme capable, après Hollande, de redonner à la France un rôle central dans la politique européenne».
Contrairement à Fillon, qui a été abattu au décollage et qui avait des projets sérieux mais pas radicaux pour réformer l'UE, Macron adopte une position traditionnelle purement propagandiste, selon laquelle la Russie souhaiterait le démantèlement de l'UE, selon l'experte. Ce qui ne correspond pas du tout à la réalité, d'après elle: «La Russie a besoin de relations stables avec une UE stable. Parfois, nos relations s'améliorent avec les membres de l'UE dont la politique nationale fait l'objet de pressions des autorités de Bruxelles. Évidemment, nous ne nous réjouissons pas du fait que l'Union européenne se soit ralliée aux sanctions antirusses, mais cela n'a rien à voir avec l'objectif de détruire l'UE».
Selon la femme politique et l'historienne russe, la démarche de Macron est la démonstration de la volonté d'être sur un pied d'égalité avec Merkel, qui est considérée comme la principale dirigeante de l'UE grâce à la puissance de l'économie allemande.
«En comparaison avec son prédécesseur, Macron est plus marquant, fait-elle remarquer. Il aime jouer sur cette image. Il veut devenir l'intermédiaire entre l'Europe et l'Amérique. Après tout, les relations entre Merkel et Trump n'ont pas pu s'établir. Mais la récente visite de Macron aux USA a montré que Trump, malgré tout l'amour affiché, avait tout de même traité son homologue français comme son petit neveu».
Quand Trump a publiquement remis en place le costume de Macron, cela ressemblait à une démonstration de condescendance. C'était déplacé — mais Trump est un enfant terrible, on peut s'attendre à tout de sa part, explique l'experte.
Macron ne diabolise pas Poutine, vis-à-vis duquel il se comporte très respectueusement, souligne l'experte. De plus, la manière dont Trump l'a traité, malgré les accolades, l'a poussé, pour l'équilibre, à établir des relations avec Poutine. «Parce qu'il a conscience du fait que cela améliore son action au sein de l'UE».
«Macron met en place un mécanisme pour mener les affaires avec Poutine sur une base diplomatique normale. S'il voulait égaler Merkel, dans quel secteur pourrait-il le faire? Seulement dans les relations avec la Russie».
Aux États-Unis, tout est paralysé par une position complètement russophobe. Ils ont connu un échec cuisant en Syrie, ce qui les irrite énormément. Accepter la coopération avec la Russie signifierait, pour le Congrès actuel, perdre la face. Ce qui n'est pas du tout le cas pour Macron, d'après Mme Narotchnitskaïa. «C'est pourquoi c'est l'un des rares domaines où la France pourrait marquer des points, se retrouver en tête parmi les pays qui font de la politique mondiale, et non étroite».
L'Europe ne pourra rester au centre de la politique mondiale que si elle coopère de manière constructive avec la Russie, rajoute-elle. «Dans ce cas, elle pourrait continuer de faire partie du triangle qui sera formé au milieu du XXIe par les USA, l'Eurasie et la Chine. Les civilisations asiatiques changent également le rapport de forces dans le monde. Des changements de grande ampleur s'opèrent», conclut Natalia Narotchnitskaïa.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.