L’affaire Skripal et le journal Le Monde: lorsque le journalisme passe à la trappe

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Si durant l’été les journalistes du quotidien Le Monde se sont démarqués par leur avalanche d’articles pour souligner la moindre contradiction dans les déclarations politiques ayant suivi leurs révélations de l’affaire Benalla, ils se montrent bien moins loquaces lorsqu’il s’agit de l’affaire Skripal. Est-ce du journalisme ou de la politique?

Le battage médiatique à ce sujet a été tel que chacun s'en souvient. A compter du 18 juillet et des révélations du journal Le Monde sur l'affaire Benalla, la presse française s'emparait de ce qu'elle transformera elle-même en «affaire d'État». Un collaborateur de l'Élysée aurait brutalisé des manifestants? Soit, les journalistes ont sauté sur l'occasion. La réaction du gouvernement français, lente et sans stratégie visible, a permis de mettre les personnes incriminées face à leurs contradictions lors des auditions devant les élus du peuple. Les journalistes du Monde se sont ardemment donnés pour mission de déceler la plus petite contradiction dans les déclarations officielles, allant même jusqu'à chercher le moindre cliché pouvant permettre de faire apparaître le personnage incriminé.

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Il est donc possible d'en déduire que les journalistes du Monde, du moins ceux travaillant sur les questions de politique intérieure, sont capables d'investigations. Et de bonnes mêmes. C'est donc la suite qui est d'autant plus révoltante. Depuis hier, l'affaire Skripal refait la Une des médias français: la Première ministre britannique a officiellement incriminée deux Russes suspects, prétendument membres des services de renseignement, tandis que la police britannique diffusait leurs photos.

Aucun journaliste du Monde ne semble se poser de question sur cette affaire Skripal. Les protagonistes auraient été empoisonnés par la poignée de leur porte, puis auraient été dans un bar et un restaurant avant de tomber, inconscients, dans un parc. Admettons. Mais quid du policier lui aussi empoisonné? Il ne vivait pourtant pas avec eux. Et pourquoi le produit aurait-il fait directement effet sur lui, tandis que le serveur du restaurant n'aurait subi aucun effet?

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Ensuite, comment se fait-il que la soi-disant bouteille de parfum contenant le produit ait pu trainer trois mois dans une poubelle en Angleterre? Les éboueurs faisaient grève? D'autant qu'un parfum haut de gamme dans une œuvre caritative de quartier, selon la version avancée, n'aurait certainement pas attendu tant de temps sur les étagères avant de trouver preneur. Puis comment se fait-il que Charlie Rowley décide d'offrir à sa concubine un parfum qu'il n'a même pas senti? S'il l'avait fait et qu'il contenait bien du Novitchok, il n'aurait peut-être jamais pu rentrer chez lui, non?

Ces incohérences sont d'autant plus grotesques qu'elles contrastent avec les détails futiles relevés par les journalistes du journal Le Monde pendant deux mois dans l'affaire Benalla.

Mais pourquoi viser Le Monde? Car si des médias comme Le Figaro ont, comme le veut la règle journalistique, placé soit entre guillemets soit au conditionnel les déclarations de la dirigeante britannique, les journalistes du Monde ne l'ont pas jugé nécessaire: «Des suspects de l'empoisonnement de l'ancien agent double et de sa fille ont été identifiés: deux officiers du GRU, services secrets proches de Vladimir Poutine. ». Voici la présentation de l'article traitant ce sujet. Que savent les journalistes du Monde du fait que les individus présentés sont des «officiers» du GRU? Que savent-ils de la proximité entre Vladimir Poutine avec ce service de renseignement? Les incohérences flagrantes de cette histoire et sa complexité ne poussent-elles pas à prendre du recul? Pourquoi omettre le fait que Londres a refusé de fournir à la Russie les empreintes digitales des deux suspects afin de les comparer avec sa base de données, sachant que les empreintes sont obligatoires pour les citoyens russes voyageant en Angleterre?

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Lorsqu'il s'agit d'une affaire infiniment moins grave comme l'affaire Benalla, Le Monde a à cœur de mettre au conditionnel chaque déclaration des dirigeants interrogés, mais lorsque cela touche la Russie, ce principe d'impartialité journalistique n'existe plus? Quel dommage pour un journal qui a pourtant longtemps servi de référence.

La russophobie est une maladie, chers collègues du Monde. Et si la presse française paraît contaminée de manière générale à plus ou moins faible niveau, vous semblez de toute évidence souffrir d'une crise aigüe. Peut-être un nouveau sujet pour vos décodeurs?

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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