Macron veut la fin du numerus clausus. La solution face à la pénurie de médecins?

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Face au manque de médecins, le gouvernement veut modifier le numerus clausus pour les étudiants en médecine. Alors qu’un sur sept est admis à passer en deuxième année et que le nombre de diplômés étrangers explose, est-ce la bonne réponse pour repeupler les déserts médicaux?

Pronostic vital engagé. Le numérus clausus, ce quota qui limite le nombre de médecins diplômés et le nombre d'étudiants admis en deuxième année de médecine, pourrait ne plus durer: en juillet dernier, lors de la Conférence nationale des territoires réunie au Sénat, Emanuel Macron a promis «des réformes structurelles pour rouvrir les numerus clausus qui ont construit cette rareté du personnel médical sur les territoires».

«C'est un peu injuste, car ça ne nous sélectionne pas forcément sur des qualités de professionnels de santé, mais plus sur des aptitudes un peu scolaires», estime Maël*, jeune étudiant qui vient d'entrer en première année.

Il ajoute que si réforme il y a, la disponibilité des stages doit suivre aussi:

«Le numérus clausus a été défini par rapport au nombre de places qu'il y a dans les stages, et qui sont en général saturés».

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Établi il y a plus de quarante afin limiter le nombre de médecins et les dépenses d'assurance-maladie, le concours de fin d'année qui les départage est «une boucherie humaine des étudiants qui échouent pour quelques QCM», estime Olivier Veran, député de l'Isère et médecin, interrogé par France3. De fait, seul un étudiant en première année sur sept sera admis à passer en deuxième année. Le député souligne de plus qu'un quart des médecins qui s'installent en France a un diplôme étranger, et que les étudiants français partent se former dans d'autres pays européens…

La pénurie de médecins dans certaines régions de France vient peut-être également du fait que la profession en elle-même n'attire plus:

«En sixième année, c'est là où tu passes le concours pour ta spécialité. Mais généraliste, c'est un peu déprécié. Le cliché c'est que tu vas vendre des dolipranes à des vieux dans le Limousin, ironise Maël. On dit que c'est un gros travail pour un faible salaire».

Deux scénarios sont à l'étude, selon Franceinfo: instaurer un nombre minimal de places défini à l'échelle nationale, pouvant varier selon les régions, ou laisser le choix aux universités de former autant de médecins qu'elles le souhaitent.

«Je pense que ce n'est peut-être pas le numérus clausus qu'il faut revoir, mais peut-être les matières, ou les méthodes d'enseignement», poursuit le jeune étudiant. «Ils ont mis en place des matières pour la sélection, comme la chimie à l'échelle électronique ou atomique. Et dans le métier qu'on exercera, on ne s'en servira plus.»

C'est un «coup de communication» du gouvernement estime, Patrick Pelloux, président de l'association des médecins urgentistes de France, toujours sur Franceinfo:

«Il n'y a pas de débat sur le concours de médecine sans un débat sur l'ensemble de la filière de la formation des étudiants en médecine.»

En attendant cette grande remise à plat, le 18 septembre prochain, Emmanuel Macron présentera le «plan hôpital», destiné à réorganiser le système de santé, en «décloisonnant médecine de ville et hôpital» et en améliorant l'accès aux soins, d'après le porte-parole du gouvernement.

*Le nom a été changé

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