Front populaire: l’arme de Bouteflika pour purger l’Algérie de sa corruption?

© AP Photo / Sidali DjarboubAbdelaziz Bouteflika
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Bien qu’annoncée à l’approche de l’élection présidentielle d’avril 2019, l’idée de la création d’un front populaire en Algérie, avancée par Président Abdelaziz Bouteflika, serait la canne sur laquelle il compterait s’appuyer afin d’éradiquer la corruption et le trafic de drogue dans le pays, à en croire L’Expression de ce mercredi 19 septembre.

Dans le cadre de la lutte contre la corruption et le trafic de drogue en Algérie, ordonnée par le Président Abdelaziz Bouteflika suite à la saisie le 29 mai dernier d'une cargaison de 701 kg de cocaïne dans le port d'Oran, l'appel lancé par ce dernier le 20 août pour la constitution d'un front populaire serait le pilier central de son entreprise de moralisation de la vie publique du pays. C'est ce qu'a expliqué le quotidien algérien L'Expression dans son édition du 19 septembre.

«L'objectif [de ce front populaire, ndlr] n'est pas d'organiser une quelconque "chasse aux sorcières", mais d'actionner les leviers de l'État avec le soutien et la mobilisation des Algériens, contre ceux et celles qui entendent profiter d'une "fragilité électorale" pour régler leurs comptes avec le pays», écrit le média. «Et pour cause, une institution judiciaire soutenue et reconnue par de larges pans de la société peut faire son travail dans la sérénité et rendre justice dans la stricte application des lois de la République. Ce qui n'arrange aucunement les criminels en col blanc», ajoute-t-il.

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Suite aux réactions positives que l'appel du chef de l'État algérien a suscité au sein de la population civile et de certains partis politiques, le journal affirme que «les signes d'un début de panique des milieux maffieux sont visibles dans l'empressement de sortir un maximum de devises fortes du pays, en usant des moyens les plus "basiques" pour ce faire». «Les corrompus, corrupteurs et autres trafiquants savent mieux que quiconque en Algérie le poids de ce front populaire en constitution», a-t-il souligné.

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Commentant les propos sceptiques de certains leaders politiques, le quotidien suggère que «le front populaire n'est donc pas une vue de l'esprit pour ses concepteurs et encore moins pour la faune maffieuse, qui constitue sa principale raison d'être, en ce sens que le poids des réseaux maffieux est arrivé à un niveau critique, susceptible de conduire la République à une situation de grave dérive».

En conclusion, L'Expression affirme que «les soupçons étant avérés pour nombre de cadres supérieurs, l'État a pris la résolution de donner l'exemple en commençant à "balayer" les institutions de la République par le haut». «Il y a dans les mouvements profonds qui touchent des centres sensibles de la République une volonté de donner au front populaire les raisons de se constituer rapidement, car la "riposte" [des milieux mafieux, ndlr] peut intervenir à tout moment», a-t-il conclu.

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Pour rappel, suite au scandale de la cocaïne qui a ébranlé la société algérienne s'était ajouté, sur la scène politique, l'appel du président du Mouvement de la société de paix, Abderrezak Mokri, sommant l'armée d'intervenir afin d'assurer une transition politique, laissant ainsi entendre que l'institution militaire aurait opposé un véto à l'idée d'un 5e mandat du Président Bouteflika, jugé trop affaibli par la maladie.

Face à cette situation préoccupante, aggravée par l'instabilité externe à la frontière est du pays, partagée avec la Tunisie et la Libye, et à la frontière sud limitrophe avec la région du Sahel où sévissent des groupes terroristes sur fond de grave crise migratoire, le Président Abdelaziz Bouteflika avait appelé le 20 août dernier les Algériens à créer un front populaire interne pour garantir la stabilité du pays, prenant en exemple les éléments de l'Armée nationale populaire (ANP) et tous les autres organes de sécurité.

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