Mémoire de la guerre d’Algérie: Macron sera-t-il le Président qui crèvera l’abcès?

© Sputnik / Accéder à la base multimédiaLa manifestation contre la guerre en Algérie
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Macron est le Président français qui a le «plus de courage» face à la question mémorielle entre l’Algérie et la France, a déclaré Mme Khiari, ex-vice-présidente du Sénat français. Dans ce sens, la secrétaire d’État des anciens combattants a annoncé qu’elle se rendrait début 2019 à Alger pour aborder la question des disparus de la guerre d’Algérie.

Par les actions qu'il a entreprises pour crever l'abcès de la question mémorielle dans les relations franco-algériennes, Emmanuel Macron a fait preuve de «plus de courage que ses prédécesseurs», a affirmé ce mercredi Bariza Khiari, ex-vice-présidente du Sénat français et membre de la direction collégiale de La République en marche (LREM) dans un entretien avec le journal Jeune Afrique.

«En qualifiant la colonisation de "crime contre l'humanité", à l'occasion de sa visite à Alger en février 2017, puis plus récemment en reconnaissant la responsabilité française dans la mort de Maurice Audin, Emmanuel Macron a prouvé qu'il avait plus de courage que les autres», a déclaré la responsable. «Même s'il est vrai que chaque président a apporté sa pierre, [Emmanuel Macron] possède une volonté d'aller de l'avant qui est plus prononcée que chez ses prédécesseurs», a-t-elle renchéri.

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S'exprimant sur les ressources desquelles le jeune chef de l'État français tire son courage à la différence de ses prédécesseurs, la sénatrice a souligné que «la guerre d'Algérie, Emmanuel Macron ne l'a connue qu'à travers les livres d'histoire. C'est dans sa nature de ne pas regarder dans le rétroviseur. C'est aussi quelqu'un qui a une approche philosophique des choses. Il sait l'importance qu'a la mémoire».

Évoquant les prochaines décisions d'Emmanuel Macron concernant cette épineuse question de la mémoire, Mme Khiari a précisé que «je ne sais pas ce qu'il va faire». «Mais, avant de commencer à se questionner sur l'avenir, apprécions déjà ses déclarations à leur juste valeur», a-t-elle ajouté en faisant remarquer que «ce n'est pas simple pour lui, car il existe toujours des miasmes coloniaux en France».

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Dans ce cadre, Geneviève Darrieussecq, la secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées chargée des anciens combattants, a annoncé ce mercredi, dans un entretien avec le Figaro, envisager de se rendre début 2019 à Alger pour travailler notamment avec les autorités algériennes sur la question des disparus de la guerre d'Algérie.

Concernant les disparus: «1.500 civils et 500 militaires français qui n'ont jamais été retrouvés », «je voudrais que les choses avancent», a souligné la responsable. «Il faut qu'on se mette d'accord sur une méthode. J'aimerais pouvoir me rendre en Algérie début 2019 et aborder notamment cette question», a-t-elle ajouté.

Selon la secrétaire d'État, l'objectif assigné à cette mission est «l'idée de parvenir à un acte de vérité afin d'avancer vers une réconciliation des mémoires, qui resteront différentes, mais qui pourront se parler, se côtoyer.»

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Pour ce qui est de la délicate question du droit au retour des harkis en Algérie, ayant fait l'objet d'une polémique entre les deux pays, Geneviève Darrieussecq a suggéré que ces deux derniers auront «besoin de temps» pour aborder ce problème auquel Alger est hostile. «Il faut être patient et persuasif et, avec nous, le ministre des Affaires étrangères continue à travailler sur le sujet», a-t-elle conclut.

Pour rappel, selon le journal officiel de la République française publié le 21 septembre dernier, le chef de l'État français a élevé par décret, le 20 septembre, vingt-six combattants harkis ou représentants d'associations de harkis — ces supplétifs algériens de l'armée française pendant la guerre d'Algérie — dans l'ordre de la Légion d'honneur et l'ordre national du Mérite. Cette décision est intervenue une semaine après la reconnaissance officielle de la responsabilité de la France dans la disparition et la mort de Maurice Audin, un mathématicien communiste et anticolonialiste, arrêté le 11 juin 1957 pendant la bataille d'Alger, et constitue un pas supplémentaire vers la voie du règlement de la question mémorielle liée à la guerre d'Algérie.

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