Rapport du GIEC: au-delà de cette limite, votre planète n’est plus valable

© REUTERS / Stephane MaheUN-Klimagipfel in Paris
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Alors que la bataille est plutôt mal engagée, un panel d’experts de l’Onu affirme que limiter le réchauffement climatique à 1,5°C est toujours possible. Pour la première fois, une étude compare au dixième de degré les conséquences terrestres et maritimes du réchauffement climatique. L’expertise de la dernière chance.

Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir? Afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d'augmentation, il est indispensable de modifier «rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société», préconise le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans son dernier rapport.

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Un groupe d'experts de l’Onu rend son verdict sur le climat
Un demi-degré ferait toute la différence: limiter le réchauffement à 1,5°C et non à 2°C permettrait «de faire en sorte que la société soit plus durable et plus équitable». L'accord de Paris, scellé en décembre 2015 lors de la COP21, prévoit de contenir le réchauffement de la planète «nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels». Mais dans les faits, même si les engagements des États actuels étaient tenus, le réchauffement se situerait plutôt autour de +3°C à la fin du siècle… Il est grand temps d'agir, martèlent les experts.

Comment se manifestera la différence de température sur Terre? Le GIEC a étudié deux scénarios possibles, l'un à +1,5°C et l'autre à +2°C, à travers un «rapport spécial», «élément scientifique clé», rendu public ce lundi 8 octobre.

​Depuis l'ère industrielle, il a fallu 100 ans pour que la température augmente de 1°C. Mais il n'en faudra que 50 autres pour qu'elle augmente d'un degré supplémentaire, et à ce stade, toute altération de la température, «aussi minime soit-elle, peut avoir des conséquences», avertit Hans-Otto Pörner, coprésident de l'un des groupes de travail.

Certaines conséquences pourraient être évitées si le réchauffement climatique était limité à 1,5° et non 2°C. Variable en fonction des pays et des régions, le réchauffement fixé à 1,5°C promet déjà des vagues de chaleur plus intenses, des pluies plus importantes, une biodiversité qui se dégrade, des rendements amoindris… le corail pourrait disparaître totalement et la montée des eaux, due à la fonte des glaces, menacerait des millions de personnes d'États côtiers ou insulaires…

​À l'horizon de 2100, si le réchauffement est limité à 1,5°, le niveau de la mer serait «inférieur de 10 cm à celui qui risquerait d'être enregistré s'il était limité à 2°C». Dans le meilleur des cas, le niveau augmenterait de 48 cm, impacterait 46 millions de personnes et détruirait 70 à 90% des récifs coralliens… Avec un réchauffement à 2°C, les océans remonteraient de 56 cm, toucheraient 49 millions de personnes, et 99% des coraux seraient détruits.

Le constat est tragique pour la faune et la flore: avec un réchauffement à 2°C, 18% des insectes pourraient disparaître, 16% des plantes, 8% des vertébrés, contre 6% des insectes, 8% des plantes et 4% des vertébrés à un réchauffement de 1,5°C.

«Du point de vue des lois de la physique et de la chimie, la limitation du réchauffement planétaire à 1,5°C est possible, mais il faudrait, pour la réaliser, des changements sans précédent», a ajouté Jim Skea, coprésident du Groupe de travail III du GIEC.

C'est la «bonne nouvelle» — pour les plus optimistes — que saisissent les organisations de défense environnementale. L'ONG WWF appelle à un «big bang». Si ce rapport est, sans surprise, alarmiste, il énonce néanmoins des solutions… dont la plupart sont sous notre nez:

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Les plantes de l'Arctique en pleine mutation suite aux changements climatiques
«On sait faire des voitures propres. On sait faire des trottinettes et des vélos électriques. On sait faire des énergies renouvelables. On sait faire des maisons à énergie positive. On sait tout faire. Simplement aujourd'hui, nous ne sommes pas organisés», encourage Pascal Canfin, directeur général du WWF France, dans une vidéo.

En résumé, il faut réduire très vite et massivement les émissions de gaz à effet de serre, produit principalement par les énergies fossiles… Pour rester à 1,5°C d'augmentation, il faut faire chuter les émissions de CO2 (-45% d'ici 2030 par rapport à leur niveau de 2010), pour arriver, vers 2050, à une «neutralité carbone», c'est-à-dire cesser de mettre dans l'atmosphère plus de CO2 que l'on ne peut en retirer.

En tout, 91 experts de 40 pays ont planché sur ce rapport de 400 pages, validé par 195 États. Un «résumé à l'intention des décideurs politiques» a été publié lundi 8 octobre 2018… La balle est désormais dans leur camp. Sauront-ils la saisir?

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