«Les gens sont une cocotte-minute prête à exploser»: des «gilets jaunes» témoignent

© Sputnik . Julien Mattia  / Accéder à la base multimédiaАкции протеста "Желтые жилеты" во Франции
Акции протеста Желтые жилеты во Франции - Sputnik Afrique
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Tandis que 1.500 actions sont prévues ce samedi par les «gilets jaunes» à travers le pays, des correspondants de Sputnik se sont entretenus avec des manifestants à Paris et à Nîmes au sujet des raisons qui les ont poussés à descendre dans les rues et sur leurs attentes.

Se faire écouter à travers le pays, sans pourtant nuire

«S’il faut rester, je vais rester toute la journée et même demain s’il faut revenir. Je pense qu’il faut que l’État écoute un peu son peuple», explique au micro de Sputnik un «gilet jaune» descendu samedi matin tôt bloquer des rues de la capitale, ajoutant que des actions similaires se multiplient à travers le pays, les gens en ayant marre.

Toutefois, préviennent des protestataires de la région parisienne, le blocage n’est évidemment pas entier: «il y a des ambulances, des pompiers, des urgences. On n’est pas là pour nuire, on est là pour dire et manifester qu’on n’est pas contents».

Interrogés sur les raisons qui les ont poussés à descendre dans la rue, nos interlocuteurs évoquent la hausse du carburant, la taxe d’habitation qui n’a pas été exonérée et jugent que «la France perd sa liberté» ayant «de moins en moins de démocratie».

Comme l’explique un «gilet jaune», les autorités françaises ne réalisent pas ce qui se passe dans la vie actuelle, et ne sont pas avec les Français.

Tous les matins, une nouvelle loi pour taxer les Français?

Ayant accordé un entretien à Sputnik à titre anonyme, cette habitante de Nîmes avoue que c’est sa toute première participation à une manifestation.

«J’en ai ras le bol. Ce n’est pas qu’une histoire d’essence, c’est que tous les matins on nous pond une loi pour nous taxer. Après la loi sur l’essence, le jour même on dit les chaudières […]. Le problème est que j’aimerais bien savoir monsieur Macron avec quoi il va fournir l’électricité, puisque les centrales on va les fermer. On n’aura pas les moyens de produire toute cette électricité, donc on va être dépendants d’autres pays, ça va finir par recoûter cher», dit-elle estimant que comme les Grecs et les Italiens les Français se dirigent tout droit vers «une grosse faillite».

A man holds a flare as demonstrators wearing yellow vests (Gilets jaunes) protest against the rising of the fuel and oil prices on November 17, 2018 in Haulchien near Valenciennes, northern France. - Sputnik Afrique
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Selon notre interlocutrice, la nouvelle génération sera de plus en plus en difficulté. «Ce n’est pas avec le travail à 800 euros par mois qu’ils vont s’en sortir».

Elle dit que les gens mobilisés à Nîmes sont résolus à poursuivre le blocage toute la journée, mais poursuit qu’elle n’est pas sure que le gouvernement flanche.

«Dans trois ans, il ne sera plus là, je ne sais pas qui sera là mais le prochain Président aura beaucoup de travail pour défaire tout ce qui va mécontenter le peuple et comme le peuple sera affamé j’espère qu’on arrivera aux trois ans à des élections et que les gens ne se battront pas entre eux, qui pour du travail malheureusement et qui pour manger. C’est une souffrance et il n’en a pas conscience», poursuit-elle, rappelant qu’elle qui touche 650 euros par mois n’a droit à rien.

Rassemblement des citoyens

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Toujours à Nîmes, un agent commercial indépendant nous explique que bien que certains disent que des partis politiques sont derrière ces blocages, il n’y a pas de politiques, ni de syndicats, mais des citoyens.

«On est là pour gueuler et montrer qu’on a marre de payer, payer et payer», lance-t-il précisant que parmi les «gilets jaunes» figurent également des gens qui avaient voté Macron.

«En France, on a élu un banquier, on a fait la plus grosse erreur et on en paie des conséquences malheureusement», résume-t-il.

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Il se dit très satisfait de la mobilisation et affirme que les manifestants comptent rester autant de temps que nécessaire pour avoir une réponse favorable, «jusqu’à ce qu’on ait une porte ouverte, en attendant on ne lâchera pas. Les gens sont déterminés. Les gens sont une cocotte-minute qui est prête à exploser».

«Malheureusement, tout ce qui a été obtenu en France ces dernières années – 30,40, 50 ans – tout ça est obtenu dans la violence. On ne veut pas de violence, mais au moins descendre dans la rue et montrer le mécontentement. C’est le minimum.»

Et d’espérer que l’État «sera intelligent et qu’il fera marche arrière au niveau des taxes du carburant» et reverra «les lois qui sont en route pour l’année prochaine».

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