Baisse des pensions de réversion: «Ce ne sera pas les Gilets jaunes, mais les retraités»

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Lorsqu'un retraité décède, son conjoint a droit à une partie de sa pension. Mais ces pensions pèsent lourd, 36 milliards d'euros, et sont dans le viseur du gouvernement, qui envisage de les réduire... au point de «détrousser les veuves»? Éléments de réponse.

«Arrêtez d'emmerder les retraités», avait lancé Emmanuel Macron à des collaborateurs, alors qu'il excluait en septembre de modifier les droits de succession. N'aurait-il pas été entendu? Alors que le gouvernement a promis que les pensions de réversion ne seraient pas supprimées… elles pourraient bien fortement baisser. C'est ce que relate Le Figaro Éco, dans son édition du vendredi 23 novembre.

Le 14 novembre dernier, en commission à l'Assemblée nationale, Jean Paul Delevoye, haut-commissaire à la Réforme des retraites, a évoqué les pistes d'un nouveau mode de calcul, un système de partage entre conjoints appelé «splitting», déjà applicable dans certains pays. La pension serait calculée en fonction des revenus du veuf ou de la veuve encore vivante, et non plus en fonction du conjoint défunt.

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Le but étant «d'assurer le maintien du niveau de vie», d'après le haut-commissaire, qui prend ainsi l'exemple d'un foyer dans lequel l'homme gagne 2.000€ et la femme 4.000€, soit un revenu total de 6.000€. Si «l'on maintient» 50% de ce revenu, soit 3.000€, et que le mari meurt, sa femme pourrait ne pas toucher de réversion puisqu'elle «a déjà plus que ces 50%». Dans le cas contraire, le veuf pourrait percevoir 1.000€ pour atteindre 3.000€.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Encore une fois, le gouvernement s'en prend «aux plus démuni. e. s », condamne Collectif National pour les Droits des Femmes:

Pour Nicolas Dupont-Aignan, Député de l'Essonne et président de Debout La France, le «Gouvernement confirme qu'il détroussera les veuves»:

D'autres élus crient au scandale:

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Pourtant, selon l'engagement du Président de la République, «aucun bénéficiaire actuel ne verra sa pension de réversion diminuer ne serait-ce que d'un centime.» Si réversion pensions il y a, elles seront attribuées après l'entrée en vigueur de la réforme des retraites, explique le magazine Notre Temps.

«Prudence», déclare de son côté Christiane Poirier, présidente de la Fédération d'associations de conjoints survivants (FAVEC). Elle ne veut surtout pas revivre l'épisode du mois de juillet «quand Monsieur Macron avait annoncé que les retraites de réversion allaient être annulées».
Elle avait alors reçu des appels de femmes «affolées» qui, souvent, «ont eu la malchance, au début de leur carrière, de travailler sans être déclarées, et n'avaient pas encore la possibilité de revendiquer […] Certaines disaient que si on leur supprime leur réversion, il ne leur resterait que 350€ pour vivre! C'est-à-dire leur propre pension.»
Mais quelques semaines plus tard, le gouvernement tentait d'éteindre la polémique:

«Monsieur Macron s'est engagé à ne pas toucher aux retraites de réversion de notre génération et la génération future. J'ai un courrier. J'ai même été très surprise, j'ai reçu le courrier trois semaines après, ce qui ne se passe jamais dans le gouvernement actuel, qui la plupart du temps ne répond pas.»

Encore à l'étude, cette réforme concernerait un quart du total des retraités. Fin décembre 2016, selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES), ils étaient 4,4 millions à toucher une pension de réversion. «Je pense que s'ils envisageaient une mesure pareille, ça serait mal perçu par toute cette population», confie Mme Poirier, qui ne veut pas céder à la panique:

«Ce ne sera pas les Gilets jaunes, mais les retraités. Ça fait des années qu'on est plus augmenté, on est soi-disant les nantis… Je veux bien, mais si les retraités n'existaient pas, la France irait encore bien plus mal, parce que souvent ils aident leurs enfants et leurs petits-enfants.»

 

 

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