Comment les maires perçoivent-ils le mouvement des Gilets jaunes?

© SputnikCe 17 novembre, les «gilets jaunes» organisent des centaines de blocages routiers à travers le pays
Ce 17 novembre, les «gilets jaunes» organisent des centaines de blocages routiers à travers le pays - Sputnik Afrique
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Le mouvement des Gilets jaunes remet le couvert, avec une journée de mobilisation parisienne ce 24 novembre, deux jours après la fin du congrès des maires de France, où le sujet était sur toutes les lèvres. Sputnik a interrogé plusieurs élus de communes rurales pour savoir si eux aussi enfilent le gilet jaune. Tour d'horizon.

Après la mobilisation du 17 novembre, les Gilets jaunes ont décidé de remettre le couvert ce 24 novembre. Ce mouvement, qui cristallise la grogne populaire contre la politique du gouvernement, a été sujet de nombreuses discussions au 101e congrès des maires de France, organisé du 19 au 22 novembre à Paris. 

Et parmi les élus, ceux des territoires ruraux sont particulièrement sensibles aux revendications des Gilets jaunes, puisque ce mouvement rassemble, au-delà des clivages politiques, la majorité des habitants de la ruralité.

«Je rejoins totalement ces Gilets jaunes, mais si je comprends bien, ils ne s'expriment pas seulement contre l'augmentation des carburants. Ils s'expriment par rapport à des avantages ou des inconvénients sur le climat économique de la France profonde», analyse Francs Baptiste, conseiller municipal à Sainte-Anne, en Guadeloupe.

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Le «climat économique» dont parle le conseiller municipal s'est dégradé avec le choix du gouvernement d'augmenter le prix de l'essence de 5 centimes et celui du diesel de 7 centimes, ce qui entraîne une baisse du pouvoir d'achat que les habitants ressentent en faisant le plein.

«Je viens d'un village de 600 habitants en Dordogne. On a que des petits commerces et très peu. Pour les gens, le travail c'est à 20 km au minimum, donc ils se servent beaucoup de la voiture. Il n'y a aucun autre moyen de transport collectif», explique Pascal Dussol, maire de Daglan, dans le Périgord avant d'ajouter que c'est pour cette raison qu'une «grande majorité est allée manifester.»

Un avis partagé par un maire de Haute-Garonne, qui observe que, dans sa commune, les Gilets jaunes sont «appréciés et soutenus»:

«C'est un territoire rural et la voiture est un moyen de transport incontournable. L'augmentation des prix de l'essence est un vrai handicap pour les habitants des territoires.»

Même constat dans l'Allier, où Monique Montibert est maire de Laprugne. Elle déclare que ses administrés y sont «favorables» et que certains habitants de sa commune ont fait de déplacement pour manifester, mais ajoute:

«Moi, j'y suis favorable. Je n'y suis pas allée, parce que je n'ai pas trop le temps, mais je les soutiens, même si, sincèrement, je pense que ça ne changera rien.»

Seul un maire de commune rurale interrogé par Sputnik au congrès des maires de France considère que le mouvement n'a pas été largement approuvé par ses administrés. Denis La Mache explique en effet que dans sa commune, «le ressenti de la population est très hétérogène».

«Il y a évidemment de la compréhension de la part de la population. Les habitants ressentent ce sentiment d'abandon [dont parlent les Gilets jaunes, ndlr]. C'est un mouvement qui a pris, mais maintenant, je pense que les gens commencent à avoir un petit peu peur de l'évolution du mouvement», ajoute le maire de Saint-Sigismond, en Vendée.

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Pourtant, Pascal Dussol et Francs Baptiste, élus respectivement dans le Périgord et en Guadeloupe, sont d'accord pour dire que si le pouvoir d'achat est l'une des revendications des Gilets jaunes, ce mouvement est également dû à l'espoir qu'a inspiré Emmanuel Macron au moment de son élection et les déceptions qu'il a provoquées depuis. Le maire de Daglan déclare:

«Depuis deux ans, il y avait peut-être de l'espoir sur Macron que les gens attendaient et puis finalement il mène une politique comme ses prédécesseurs.»

Le Guadeloupéen, lui, va plus loin et observe:

«[Emmanuel Macron] est un monsieur qui est dans sa tour d'ivoire, qui gère avec sa petite tête, sans délégation, sans collégialité avec ses ministres. Même les ministres sont là, mais j'ai l'impression que leurs moindres gestes sont dictés par Macron. Ça n'a jamais été fait dans la République.»

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