La Turquie et les USA au bord de l'affrontement en Syrie?

© AP Photo / Halit Onur SandalChars turcs à la frontière syrienne
Chars turcs à la frontière syrienne - Sputnik Afrique
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«La Turquie a empêché une grande crise humanitaire à Idlib. L'heure est venue d'anéantir les terroristes sévissant à l'est de l'Euphrate. Notre objectif consiste à éliminer les terroristes dans la région», a déclaré le 12 décembre le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Ankara a «déjà terminé la préparation de l'opération dans cette région de la Syrie» (à l'est de l'Euphrate, ndlr) et «ne croit plus aux promesses de Washington», a expliqué Erdogan cité par le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Cette opération annoncé pourrait non seulement conduire à l'élimination totale des unités kurdes, qui ont apporté une grande contribution à la victoire contre les terroristes, mais également à une confrontation directe entre les troupes turques et américaines, selon le journal.

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Il y a un an, le porte-parole du Président turc Ibrahim Kalin avait déclaré que le Pentagone devait reprendre immédiatement aux Kurdes les armes transmises à ces derniers sous prétexte de lutter contre les terroristes. Il était alors question de 4.000 camions d'armes et de munitions livrés aux Unités de protection du peuple (YPG) agissant au nord de la Syrie, considérées comme l'aile militaire du Parti de l'union démocratique (PYD) et composant le noyau des Forces démocratiques syriennes (FDS). On ignore de quels camions parlait concrètement Ibrahim Kalin, mais si l'on base nos observations sur le camion militaire standard de la gamme M939 (5 tonnes), on peut conclure que les Kurdes ont potentiellement reçu jusqu'à 20.000 tonnes d'armes et de munitions. Cela ne suffirait pas pour une guerre mondiale, mais serait plus qu'assez pour plusieurs mois de combats contre l'armée turque.

Le Pentagone semblait avoir entendu la requête de son allié de l'Otan et, quelques jours plus tard, lors de sa tournée au Moyen-Orient, le secrétaire à la Défense américain James Mattis avait confirmé la suspension des fournitures d'armes aux Kurdes syriens.

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Dans le même temps, dans le cadre du projet de budget pour l'année fiscale 2019, Donald Trump a demandé au Congrès un financement de 300 millions de dollars pour financer l'opposition syrienne dite modérée. Cet argent sera notamment destiné à l'achat d'armes et de munitions: 25.000 fusils automatiques AK-47 avec 15 millions de cartouches, 1.500 mitrailleuses PKM avec 5 millions de cartouches, 500 mitrailleuses de gros calibre DChK, 400 lance-roquettes RPG-7 avec 6.000 roquettes PG-7VM (prévues avant tout pour la destruction de chars), plus de 15.000 obus pour les mortiers de 60, de 82 et de 120 mm, ainsi que des drones, des véhicules, des jumelles, des postes de transmission, des récepteurs GPS et d'autres équipements.

Étant donné que les FDS et YPG sont considérées par les USA comme «l'opposition modérée», il est évident qu'une partie de ces armes se retrouvera forcément à disposition des unités kurdes au nord de la Syrie. Ou qu'elles s'y trouvent déjà. Et même si les YPG n'ont pas obtenu de nouvelles armes, elles ne comptent certainement pas rendre les anciennes aux Américains. Visiblement, Ankara est à bout de patience et décide de jouer le tout pour le tout.

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En même temps, le Président turc a noté que les militaires américains n'étaient pas la cible de son opération. C'est une précision importante, car ce sont les instructeurs américains qui forment les combattants des YPG. Mais tout n'est pas si simple: Ankara a de sérieuses réclamations envers Washington car, selon lui, la Maison-Blanche soutient la Turquie verbalement mais se bat en fait en Syrie contre un groupe de terroristes par le biais d'un autre groupe de terroristes — sous-entendu les YPG.

Comment vont agir les USA? Abandonneront-ils leur allié dans l'espoir d'améliorer les relations avec leur partenaire de l'Otan ou se rangeront-ils du côté des Kurdes? Dans le second cas, il faudrait s'attendre à un conflit entre deux membres de l'Otan complètement imprévisible en termes d'ampleur et de conséquences, susceptible de dégénérer jusqu'à l'effondrement de l'Alliance, conclut le quotidien.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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