Syndicats faibles, crise de la consommation et désespoir: trois piliers de la protestation

© SputnikLes «gilets jaunes» entament l’acte 2 de la mobilisation à Paris, 24 novembre 2018
Les «gilets jaunes» entament l’acte 2 de la mobilisation à Paris, 24 novembre 2018 - Sputnik Afrique
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Alors que le mouvement des Gilets jaunes ne semble pas s’apaiser, Gilles Raveaud, maître de conférences en économie à l'Institut d'études européennes, revient sur trois raisons profondes qui auraient poussé les manifestants à sortir dans la rue. La taxe sur le carburant n’étant qu’un prétexte.

Le phénomène des Gilets jaunes semble avoir relancé le mouvement protestataire en France. En effet, les manifestations des Gilets ont été suivis par des lycéens, des agriculteurs, des policiers, des étudiants, des conducteurs de train, des routiers… Gilles Raveaud, maître de conférences en économie à l'Institut d'études européennes, explique au micro de Sputnik ce qui l'aurait provoqué. 

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«Les syndicats ont le sentiment qu'ils sont moins forts. […] Et comme les syndicats sont faibles, ils demandent encore moins de choses parce qu'ils sentent bien que le rapport de forces n'est pas en leur faveur. C'est la première explication [de la relance de l'activité protestataire, ndlr], l'affaiblissement des syndicats.»

Selon l'interlocuteur de Sputnik, la crise de cette époque de la consommation serait aussi à l'origine du mécontentement croissant au sein de la société. Pour lui, les conditions de travail ainsi que les salaires bas ne correspondent pas forcement à toutes les séductions de la société de consommation.

«Le point de départ, c'est quelque chose de social et d'économique avec toute l'insistance sur la perte de pouvoir d'achat, le fait que des gens n'acceptent pas l'information qui nous est vendue par la publicité toute la journée», a expliqué l'universitaire français.

Et d'ajouter:

«La crise des Gilets jaunes, c'est une crise de la consommation, c'est une crise du travail avec des gens qui ont des salaires très bas et qui ont aussi de très mauvaises conditions de travail.»

«C'est qu'il y a le désespoir», renchérit-il en indiquant ainsi la troisième raison de la colère de la population.

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«Il y a plein de gens des Gilets jaunes qui voulaient obtenir quelque chose immédiatement. Ce n'était pas un rite pour eux d'aller manifester, ce n'était pas parti sur de telles négociations avec le gouvernement, ils voulaient obtenir quelque chose tout de suite».

Pour l'expert, la socialisation à laquelle contribuent les manifs sont aussi d'une grande importance.

«Après ce qui a été très intéressant dans le mouvement des Gilets jaunes c'est que les gens sur leur fameux ronds-points se sont retrouvés ensemble. Eh bien, là on a retrouvé quelque chose qui est bien connu des mouvements sociaux, qui sont des mouvements ou en fait on retrouve ses amis, on se fait de nouveaux amis, on se rencontre, on partage des valeurs ou des intérêts communs avec d'autres personnes et on se sent beaucoup plus fort parce qu'on passe des journées ensemble à réfléchir, à discuter, à organiser des manifestations, à écrire des slogans, à critiquer, etc.»

Néanmoins, Gilles Raveaud souligne que malgré tout, l'activité sociale de protestation est en baisse en France depuis plusieurs années.

«Le mouvement social en France, contrairement à l'image que ça peut avoir à l'étranger, est devenu de moins en moins fort ces dernières années avec des manifestations de moins en moins nombreuses, avec des syndicats de moins en moins revendicatifs et surtout avec très peu de grèves dans les entreprises», a-t-il ajouté.

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Les acquisitions des Gilets jaunes dans le cadre de leurs manifestations semblent provoquer un effet domino où même la police s'inspirerait de ceux à qui elle doit résister.

«Pour les policiers, je pense qu'il y a un effet d'entraînement, un effet d'épuisement. […] C'est un effet direct des Gilets jaunes et c'est aussi parce qu'ils ont vu l'exemple des Gilets jaunes, qui a donné des idées à d'autres», avance Gilles Raveaud.

L'universitaire français a insisté sur le fait que les Gilets jaunes étaient des personnes «qui ne sont pas dans des partis politiques, la majorité d'entre eux n'avaient même jamais manifesté» ce qui rendait leur action plus marquante. Ce serait une tentative d'attirer l'attention.

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