«Une milice de 2 millions de personnes défendra la souveraineté» du Venezuela... et Maduro

© AP Photo / Fernando Llano / APTOPIX VENEZUELA POLITICAL CRISISJuan Guaido
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La crise politique au Venezuela a pris une nouvelle ampleur le 23 janvier lorsque Donald Trump a décidé de reconnaître l'opposant Juan Guaido comme président légitime de la République bolivarienne. Interrogé par Sputnik, l'ambassadeur du Venezuela à Paris revient sur cette crise devenue internationale.

À la crise économique qui frappe de plein fouet le Venezuela depuis des années s'ajoute une crise politique sans précédent depuis que Juan Guaido, député du parti d'opposition «Volonté populaire» et président de l'Assemblée nationale, s'est autoproclamé «Président par intérim» du pays, le 23 janvier dernier.

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Un geste qualifié «d'usurpation du pouvoir exécutif» par Hector Michel Mujica, ambassadeur de la République bolivarienne du Venezuela à Paris, qui ajoute que Nicolas Maduro, l'actuel Président, a été «légalement et légitimement élu en mai 2018».
Le diplomate dénonce également l'attitude de Washington, qui soufflerait sur les braises du mécontentement populaire au Venezuela pour renverser un gouvernement qui n'est pas favorable à ses intérêts.

«La rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis est due à une ingérence terrible du gouvernement américain. Le 22 janvier, Mike Pence, vice-Président des États-Unis, a appelé les forces de l'opposition à la mobilisation», rappelle Hector Michel Mujica.

En appelant à manifester, Washington a cherché à fragiliser Maduro, mais peut-être aussi à donner de l'élan à Juan Guaido. Une hypothèse loin d'être saugrenue, puisque le lendemain, Donald Trump était le premier chef d'État étranger à reconnaître le député d'opposition comme Président légitime.

«La reconnaissance immédiate de Guaido par le Président Donald Trump a déclenché une réaction en chaîne au groupe de Lima, qui —à l'exception du Mexique et de Sainte-Lucie- a reconnu le Président usurpateur et totalement illégitime qu'est Guaido», déclare l'ambassadeur pour justifier le ralliement de nombreux pays à la position américaine.

Si certains pays, comme le Brésil de Jair Bolsonaro ou le Canada de Justin Trudeau ont suivi Donald Trump et ont reconnu Juan Guaido comme chef d'État légitime au Venezuela, d'autres, à l'instar de la Turquie, du Mexique ou de la Russie, ont assuré Nicolas Maduro de leur soutien. Des démonstrations de solidarité que salue le diplomate:

«Il est important, en relations internationales, de ne sous-estimer personne. Le soutien de Cuba, par exemple, a été d'une importance cruciale pour nous, notamment en matière de santé. Un autre point important est que je crois que la Russie et la Chine ont tiré les leçons de la Libye. […] Elles ne permettront pas une ingérence grossière que pourrait représenter une intervention militaire au Venezuela.»

D'autant que, comme l'explique Hector Michel Mujica, monsieur Guaido ne tire pas sa légitimité d'un consensus construit autour de tous les partis d'opposition.

«Une partie de l'opposition "Action démocratique", qui a de nombreux députés à l'Assemblée nationale, n'a pas voté en faveur de la proposition de faire de Guaido le Président du Venezuela, puisqu'elle s'est abstenue.»

Une posture qui ne se reflète, selon lui, pas que dans les institutions de la République bolivarienne, mais plus largement au sein de toute la société:

«Il y a eu, le 23 janvier des manifestations d'une partie de l'opposition, mais il y en a aussi eu en faveur du chavisme», explique Hector Michel Mujica, avant d'ajouter que «ce qu'il faut souligner, c'est que tous les sympathisants de l'opposition, y compris ceux qui réclament le départ de Nicolas Maduro, ne sont pas favorables à une violation de la souveraineté vénézuélienne.»

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Par ailleurs, le diplomate estime que l'annonce de Donald Trump vise peut-être à renforcer la visibilité et la légitimité de Guaido sur la scène internationale, mais qu'elle constitue surtout une énième tentative d'ingérence contraire au Droit international, si ce n'est une menace.

«La charte des Nations unies ne prévoit pas d'interférer, de s'ingérer et encore moins d'intervenir directement dans les affaires d'un pays comme le font les États-Unis. Ils ont été jusqu'à menacer d'une intervention militaire [contre le Venezuela, ndlr], tout comme le vice-Président de Jair Bolsonaro au Brésil», affirme Hector Michel Mujica.

Une menace à laquelle l'ambassadeur semble répondre. En plus de souligner le soutien des forces armées et de l'état-major à Nicolas Maduro, il déclare:

«Nous sommes tous des soldats de la République bolivarienne du Venezuela. […] Et notre population est armée. Il y a une milice populaire de deux millions de personnes qui se défendra et qui défendra la souveraineté du Venezuela.»

Interrogé sur les déclarations d'Emmanuel Macron, qui assurait dans un tweet que «l'Europe [soutenait, ndlr] le retour à la démocratie» au Venezuela et considérait «illégitime» la réélection de Nicolas Maduro, Hector Michel Mujica met le Président français face à ses contradictions:

«Si le Président Macron fait preuve de zèle en ce qui concerne la souveraineté de la France, il devrait également être très attentif au respect de la souveraineté et du droit à l'autodétermination du peuple vénézuélien.»

Note:
En plus de son statut de député, Juan Guaido a assuré le rôle de chef de la majorité d'opposition à l'Assemblée nationale du Venezuela puis a été élu en décembre 2018 président de cette dernière, dont la légitimité avait été remise en question par la création par Maduro d'une Assemblée constituante à l'été 2017.

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