Après que deux procureurs accompagnés de policiers sont venus lundi mener une perquisition dans les locaux de Mediapart, ce média, ayant rendu publics des enregistrements compromettants d’Alexandre Benalla et Vincent Crase, a déclaré que c’est l’hôtel de Matignon qui avait provoqué l’enquête.
«Quarante-huit heures après la tentative de perquisition […] le parquet de Paris continue d'entretenir le mystère sur les "éléments" reçus qui sont à l'origine de sa procédure pour atteinte à la vie privée ouverte à la suite des révélations de Mediapart de la semaine dernière. […] Selon nos informations, cette procédure attentatoire à la liberté de la presse a été ouverte à la suite de la transmission, vendredi 1er février, de rumeurs par le pouvoir exécutif, plus précisément les services du Premier ministre Édouard Philippe», indique le média.
Et d’ajouter que, la veille de ces faits, ces derniers avaient été eux-mêmes interrogés par l’édition Valeurs actuelles.
Mediapart conclut que c’est sur la base d’une simple alerte «qui repose sur du sable» que l’enquête a été ouverte.
Matignon confirme au Monde avoir contacté le parquet
Dans les heures qui ont suivi la publication, Le Monde a publié la réponse de Matignon, expliquant que c’est le directeur de cabinet d’Édouard Philippe, Benoît Ribadeau-Dumas, qui a transmis au procureur de Paris des informations émanant de journalistes.
Matignon, confirmant les informations de Mediapart, a adressé la réponse suivante au Monde: «Plusieurs journalistes nous ont contactés jeudi et vendredi pour tenter d’établir un lien entre la chef du GSPM, son conjoint, et la rupture du contrôle judiciaire de MM. Benalla et Crase».
Après la divulgation la semaine dernière de six enregistrements de discussions entre Benalla et Crase par Mediapart, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris pour «atteinte à l'intimité de la vie privée» et «détention illicite d'appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d'interception et de télécommunications ou de conversations». Mediapart souligne que s’il a accepté de remettre une copie des enregistrements à la justice, il a refusé lundi à deux procureurs et aux policiers les accompagnant de perquisitionner ses locaux, expliquant que cela risquait de «permettre de voir et récupérer des documents et informations confidentielles dans cette enquête au cœur du pouvoir mais aussi dans d'autres dossiers en cours».