Frappes au Tchad: «La France a toujours soutenu les dictatures», selon l’opposition

© REUTERS / Emmanuel BraunDes soldats tchadiens
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Alors que la France affirme que N'Djamena a demandé à Paris son soutien militaire, le secrétaire général du Parti tchadien pour les Libertés et le Développement estime que la Ve république a «violé le droit international» en frappant une colonne de rebelles. Selon le politicien, «la France a toujours soutenu les dictatures contre le peuple».

L'intervention militaire française au Tchad visant à neutraliser une colonne de rebelles suscite la polémique au sein de l'opposition. Dans une interview accordée à Info Alwihda, Mahamat Ahmat Alhabo, secrétaire général du Parti pour les Libertés et le Développement (PLD), a estimé que la France «violait le droit international», arguant que «depuis De Gaulle jusqu'à Macron, sa politique qui consistait à soutenir de dictateurs contre le peuple tchadien, n'avait pas changé».

«Dans cette affaire, la France viole le droit international parce qu'il s'agit d'un problème interne qui oppose une rébellion tchadienne contre un gouvernement tchadien. De quoi se mêle la France pour venir bombarder des tchadiens qui se battent entre eux? Nous avons choisi la lutte démocratique», a déclaré Mahamat Ahmat Alhabo.

Selon ce politicien issu de l'opposition, «la France a toujours soutenu les dictatures contre le peuple»:

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«Ça a commencé depuis les évènements de Magalmé en 1966 d'où est issu le Frolinat, jusqu'aujourd'hui. L'armée française était descendue à l'époque sur le terrain pour se battre physiquement contre des rebelles. On a envoyé même des contingents composés de recrues pour se battre sur le terrain, dans le but de sauver l'ancien régime du Tombalbaye. Tout le monde sait comment cela a fini. C'est le même système qui a continué et qui continue malheureusement jusqu'aujourd'hui».

«Si la France aime le Tchad et les tchadiens, elle doit l'aider à organiser un dialogue national inclusif et non venir soutenir un dictateur comme Deby», estime le secrétaire général du PLD.

Le 3 février dernier, des Mirage 2000 français ont procédé à des manœuvres d'intimidation avant d'ouvrir le feu sur des pickups rebelles en provenance de Libye. Des bombardements qui n'ont pas, semble-t-il, stoppé la progression de la colonne. De nouvelles frappes ont eu lieu entre le 5 et le 6 février derniers: on parle au total d'une vingtaine de bombes de précision larguées sur ces dissidents qui ont failli renverser, en 2008, Idriss Deby.

Selon Paris, N'Djamena a demandé à la France son soutien militaire.

«Sur le plan du droit, cette intervention répond à une demande d'assistance formelle d'un État souverain à l'égard de la France », a précisé le cabinet de la ministre française des Armées, Florence Parly.

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L'état-major de l'armée tchadienne a de son côté déclaré dans un communiqué que la colonne avait «tenté» de s'infiltrer à la suite d'opérations de l'Armée nationale libyenne (ANL) dans le sud du pays, avant d'ajouter que la situation était désormais «sous contrôle». Contactée par Reuters, UFR a affirmé «décider de mener la guerre» contre le Président tchadien Idriss Deby, tout en pointant du doigt l'intervention française dans «les affaires intérieures du Tchad».

En 2008, une colonne armée de l'UFR, en provenance de l'est, avait atteint le cœur de N'Djamena et avait failli renverser le pouvoir du président Idriss Déby Itno. La France avait alors apporté son aide aux forces locales, notamment en contrôlant l'aéroport afin de les ravitailler en munitions.

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