«Internet souverain» en Russie: une parlementaire russe explique son initiative

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Préparations à une cyberguerre, censure gouvernementale, exemple de la Chine: de nombreuses allégations circulent dans le mainstream et sur la Toile autour du projet de loi sur la «souveraineté numérique russe». Dans une interview à Sputnik, la sénatrice Ludmila Bokova explique son initiative, qui a frappé tellement d’esprits.

La Douma (chambre basse du Parlement russe) a soutenu le 12 février un projet de loi qui, de l'avis de ses initiateurs, est capable de garantir le fonctionnement ininterrompu d'Internet en Russie, même en cas de déconnexion du réseau mondial. Après son adoption, les médias étrangers et les internautes, y compris français, se sont mis à débattre vivement de ce sujet, comparant la Russie à la Chine, accusant les autorités russes de contrôler le cyberespace et de se préparer à une cyberguerre.

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C'est un membre du Conseil de la fédération (chambre haute du Parlement russe), la sénatrice Ludmila Bokova, qui a présenté ce projet de loi, aux côtés du sénateur Andreï Klichas et du député du LDPR Andreï Lougovoï. Dans une interview à Sputnik, Mme Bokova explique les dessous de cette initiative.

De prime abord, la sénatrice fait référence à la stratégie nationale de cybersécurité des États-Unis, signée par Donald Trump en septembre dernier, qui énonce le principe du «maintien de la paix par la force». La Russie est «directement et sans fondement» accusée des cyberattaques «qui ont causé des dommages à des entreprises, alliés et partenaires américains et internationaux», déclare Mme Bokova.

«Dans ces conditions, des mesures de protection sont nécessaires pour assurer le fonctionnement stable et à long terme d'Internet en Russie et pour accroître la fiabilité des ressources», annonce la sénatrice à Sputnik.

«Nous ne faisons pas "notre Internet", "notre" parce que c’est un oxymore: il ne peut pas y avoir de réseau international dans un seul et même pays. Nous créons des infrastructures de remplacement. Nous dupliquons afin de ne pas rester sans accès à Internet en cas d'urgence», explique-t-elle.

Peut-on le comparer au modèle chinois?

Non, martèle la sénatrice, ce sont des choses différentes.

«Il est impossible de les comparer. [Les comparent] ceux qui ne connaissent pas le modèle de la Chine. De plus, c'est notre loi sur la résilience d'Internet, plutôt que l'isolation de l'espace mondial», répond-elle.

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Selon elle, le projet de loi prévoit la création d'une infrastructure permettant d'assurer la fonctionnalité des ressources en cas d'impossibilité de connecter des opérateurs de télécommunication russes à des serveurs racines internet étrangers. Un système national de noms de domaines est en cours de création afin que les sites web soient accessibles dans le pays et que les internautes puissent utiliser les services, par exemple leur boîte de réception et les banques en ligne, sans interruption.

Comment cela va-t-il fonctionner?

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L'intention des députés est de rendre le réseau de communication (communications vocales, télégraphe, télévision, etc.) plus fiable. Actuellement, chaque opérateur de télécommunication ne connaît que son infrastructure, et rien du réseau des voisins, raconte la sénatrice. Le Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l'information et des médias de masse (Roskomnadzor) est en train de créer un centre de surveillance et de gestion qui contiendra des informations sur l'ensemble de l'infrastructure de communication. Le centre a pour tâche de coordonner les efforts de nombreux opérateurs de télécommunication dans des situations exceptionnelles, par exemple une situation d'urgence dans la région ou une défaillance de l'équipement réseau, note Mme Bokova.

«Nous voulons que les innocents ne soient plus bloqués et qu'il n'y ait plus de situations où certains étaient bloqués et où Google, les systèmes de paiement et des dizaines de services tiers commençaient à être bloqués. Le nouveau système bloque non pas par l'adresse IP, mais via la source du trafic. Dans le même temps, l'État crée le système à ses propres frais, libérant ainsi les opérateurs de fonctions non spécifiques. La restriction de l'accès aux ressources interdites se produira sur l'ordre du centre alors que les bases juridiques restent les mêmes, à savoir le tribunal, la restriction préalable avant le procès, etc.», conclut la sénatrice.

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