Rabat et Tunis scruteraient de près l’évolution de la situation politique en Algérie

© AP Photo / Anis BelghoulManifestations en Algérie
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Le Maroc et la Tunisie suivent de près l’évolution des manifestations en Algérie contre un éventuel 5ème mandat du Président Abdelaziz Bouteflika ont affirmé des experts au journal Le Monde. Selon eux, une aggravation de la crise dans ce pays pourrait avoir des conséquences graves sur la région.

La situation politique en Algérie suscite de vives inquiétudes auprès des autorités marocaines et tunisiennes, rapporte le journal Le Monde, qui a interrogé des experts de ces deux pays maghrébins. En effet, le risque de déstabilisation de l'Algérie, qui pourrait avoir des conséquences graves sur la sécurité et la stabilité du Maghreb et du Sahel, est pris très au sérieux à Tunis et à Rabat, selon ces spécialistes.

Pour ce qui est du Maroc, les autorités suivent avec attention et inquiétude l'évolution des manifestations contre un 5ème mandat de Bouteflika, même si elles n'ont pas encore officiellement réagi.

«Il ne faut pas confondre réserve et indifférence», a déclaré Mustapha Sehimi, professeur de droit, politologue et avocat au barreau de Casablanca. «La crise algérienne est une question de premier plan qui mobilise en ce moment l'appareil militaire, les services de renseignement [au Maroc, ndlr]… Tout le monde est attentif», a-t-il encore ajouté.

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Selon le politologue, parmi toutes les raisons qui suscitent l'inquiétude de Rabat, il y a notamment celle du risque migratoire et de la question du conflit au Sahara occidental. «Si la crise s'aggrave, il pourrait y avoir une forte pression migratoire au niveau d'Oujda, à la frontière, où beaucoup d'Algériens ont encore de la famille, et il sera difficile de les refouler», a expliqué M.Sehimi. Quant à la seconde raison, bien que le conflit au Sahara occidental ne soit actuellement pas la priorité en Algérie, il a souligné que «cela freine les avancées des négociations ainsi que la normalisation des relations maroco-algériennes initiée fin 2018 [à Genève sous l'égide de l'Onu, ndlr]».

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Vendredi 1er mars, des dizaines de manifestants ont tenté de se rassembler devant le théâtre municipal et l'ambassade d'Algérie à Tunis en soutien aux revendications de la rue algérienne. Ces deux rassemblements ont été interdits par la police antiémeute.

Pour les autorités tunisiennes, «l'Algérie est une ligne rouge», a affirmé le politologue Youssef Chérif. Selon lui, pour «le président de la République et le chef du gouvernement […] les bonnes relations de voisinage avec l'Algérie et la Libye sont nécessaires». Par ailleurs, Tunis s'interroge sur la suite du mouvement populaire en Algérie et sur le risque d'un scénario à la libyenne. Une dégradation de la situation en Algérie pourrait également avoir un impact négatif sur l'économie du tourisme en Tunisie.

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Au pouvoir depuis 1999, Abdelaziz Bouteflika a été victime d'un AVC en 2013. Le 20 février, il a annoncé qu'il se présenterait pour un cinquième mandat. Suite à l'annonce de sa candidature à l'élection présidentielle du 18 avril 2019, des manifestations populaires la dénonçant ont eu lieu dans plusieurs villes d'Algérie. Le 22 février, des milliers d'opposants à la candidature de M.Bouteflika ont manifesté dans plusieurs villes d'Algérie, dont Alger. Le 1er mars, les manifestations ont fait un mort et 183 blessés, selon l'Algérie Presse Service, qui se réfère au ministère de la Santé.

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